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Ce soir à la TV : Une amie dévouée, la série avec Laure Calamy sur une fausse victime du Bataclan

Posté par Victor Dupuy le 18 octobre 2024

Première production française de la nouvelle plateforme américaine Max, ce thriller psychologique est basé sur une histoire vraie particulièrement choquante, celle que l’on a appelé « la mythomane du Bataclan », et qui a voulu se faire passer pour « une amie dévouée » auprès des vraies victimes des attentats du 13 novembre 2015.

Une opportunité d’exister aux yeux de la société

Lors de son procès, un avocat de parties civiles a dit d’elle qu’elle avait « volé la vie des morts, comme un charognard, un détrousseur de cadavres ». Florence M. est la fausse victime la plus tristement célèbre des attentats de Paris. Et pour cause : afin de toucher une indemnisation de plusieurs dizaines de milliers d’euros, elle a utilisé des témoignages de vraies victimes, récoltés au sein d’une association où elle a réussi à se faire embaucher.

Sauf que Florence M. n’a jamais mis les pieds au Bataclan le 13 novembre 2015. L’énormité de ses mensonges – elle a été jusqu’à créer un faux profil Facebook pour une autre victime imaginaire – en fait un cas forcément fascinant, déjà raconté dans un livre, La mythomane du Bataclan (Alexandre Kauffmann, 2021).

Et c’est cette histoire sordide qui sert de base à Une amie dévouée, où Florence devient Chris (Laure Calamy), cette vieille fille qui vit toujours chez sa mère (terrible personnage joué par Anne Benoît) à l’approche de la cinquantaine, et qui voit dans les attentats de Paris une opportunité d’exister enfin aux yeux de la société.

Un rôle proprement monstrueux

Déjà condamnée pour plusieurs escroqueries – elle est en liberté conditionnelle sous bracelet électronique –, elle se rapproche d’une association de victimes dès sa création début 2016, pour en devenir même un des piliers.

Elle se rend indispensable dans le soutien aux victimes et même dans son administration, ce qui lui permet d’accéder à de précieuses pièces justificatives afin de monter son mensonge et son escroquerie. Ce rôle proprement monstrueux est incarné à merveille par une Laure Calamy (Iris et les hommes) qui donne comme à son habitude beaucoup d’intensité à un personnage aussi détestable qu’insondable.

Le reste du casting est à l’avenant : césarisé en février dernier pour sa performance exceptionnelle dans Le Procès Goldman (Cédric Kahn, 2023), Arieh Worthalter se métamorphose cette fois en président d’association confronté à une mythomane professionnelle, tandis qu’Annabelle Lengronne (Un petit frère) se glisse dans la peau d’une vraie victime qui sera fracassée plus que les autres par les manipulations dévastatrices de Chris.

Un réalisateur en vogue

Pour sa toute première série française, la plateforme américaine Max (ex HBO Max) a donc mis les petits plats dans les grands, comme l’atteste aussi la réalisation d’Une amie dévouée, confiée à un jeune réalisateur en vogue : Just Philippot, spécialiste du cinéma de genre (La Nuée, Acide).

Son incursion dans ce true crime aux allures de thriller psychologique est une réussite, car au-delà du cas particulier de son anti-héroïne, Une amie dévouée interroge aussi plus largement sur la volonté de tout un chacun de se raccrocher personnellement à un événement historique traumatisant – le fameux « j’aurais pu y être » –, quitte à commettre l’irréparable pour être considéré à son tour comme une victime.

Un statut à la fois peu enviable mais valorisé par la société, avec lequel la justice ne rigole pas : Florence M. a été condamnée à quatre ans et demi de prison ferme.

Une amie dévouée, épisodes 1 à 4 sur Max, disponible avec CANAL+.