Iris, la série de Doria Tillier qui se mesure sans trembler à Larry David
Pour la première fois, l’ancienne miss Météo du Grand Journal CANAL+ passe derrière la caméra, et elle le fait avec une Création Décalée qui détonne dans le paysage des comédies françaises. Iris est en effet très influencée par des références anglo-saxonnes, et ce n’est surtout pas pour nous déplaire.
Si vous êtes « comme tout le monde », il vous est sûrement déjà arrivé de goûter un plat franchement quelconque chez des amis et de faire semblant de vous extasier par politesse. C’est un comportement social courant, mais Iris n’est pas comme tout le monde. L’héroïne de la série écrite, réalisée et incarnée par Doria Tillier (Les enfants sont rois, Une affaire d'honneur) est une sorte de grande enfant qui dit à peu près tout ce qu’elle pense sans se soucier des conséquences.
Ainsi lorsqu’elle est invitée à un dîner, elle n’hésite pas à dézinguer les lasagnes avec un commentaire assassin (« elles ne sont pas éligibles au commentaire »), avant d’en faire de même avec le tableau contemporain hors de prix accroché au mur. Son copain Claude (Maël Besnard) a beau l’implorer d’être « normale », c’est plus fort qu’elle : Iris ne peut pas s’empêcher de dire sa vérité à tout le monde, quitte à créer d’énormes malaises et à désarçonner tous ses interlocuteurs par sa franchise absolue.
Voilà une héroïne à la fois agaçante et exaltante, car qui ne rêverait pas de jouir d’une telle liberté et d’envoyer valdinguer les conventions sociales ? Iris est un peu le double rêvé de Doria Tillier, chez qui on perçoit des influences très anglo-saxonnes pour cette première série en tant que scénariste et réalisatrice.
On pense évidemment à Larry et son nombril (Max), Ally McBeal (Disney+) voire à Fleabag ou à Seinfeld. Autant dire que dans le genre humour malaisant d’autofiction, Iris est plutôt très drôle.
Mais derrière ce vernis comique, la série de Doria Tillier réserve en réalité une introspection plus sombre et mélancolique, en mettant en scène un personnage inadapté au monde réel et quelque peu rejeté en raison de sa différence.
Iris célèbre ainsi le pouvoir un peu disparu de la fantaisie, et se distingue par sa sensibilité en finissant aussi par nous toucher avec son intrigue de comédie romantique à la Woody Allen.
Notre héroïne professeure des écoles et apprentie écrivaine pour enfants crée en effet une connexion particulièrement attachante avec un peintre tout doux (joué par François Morel), qui n’est autre que le mari de l’éditrice d’Iris, incarnée par Jeanne Balibar, tandis que Denis Podalydès vient jouer le patron de maison d’édition obsédé par le business.
Progressivement, la série dévoile alors sa véritable identité : il ne s’agit pas de rire aux dépens d’une protagoniste « attachiante » en apparence, mais de souhaiter en voir davantage comme elle dans le monde réel. Merci Iris.
Iris épisodes 1 à 6, disponible sur CANAL+.