True Detective : une saison 4 féministe et glaçante, menée par Jodie Foster
Dix ans après ses débuts fracassants avec Matthew McConaughey et Woody Harrelson, l’anthologie signée HBO fait enfin de la place aux femmes, sous l’impulsion d’une nouvelle showrunner. Un renouvellement payant, puisque cette quatrième saison de True Detective (Max) est peut-être la meilleure depuis la première.
Depuis sa création en 2014, True Detective a connu une trajectoire sinusoïdale. Sa première saison est considérée comme un classique de l’âge d’or des séries, mais la deuxième (2015) a été mécomprise et mal-aimée, avant un retour de flamme en 2019 avec une saison 3 plus traditionnellement conforme aux attentes des fans.
Face à la menace mortelle de la routine, la série de Nic Pizzolatto a donc fait ses adieux à son créateur pour être confiée à une nouvelle scénariste et réalisatrice, la Mexicaine Issa López, remarquée il y a quelques années avec son film d’horreur Ils reviennent… (2017).
Très influencée par Shining (Stanley Kubrick), The Thing (John Carpenter) et Alien (Ridley Scott) – des références décidément indémodables que l’on retrouvait déjà dans la série The Head (CANAL+) –, Issa López a décidé de prendre le contrepied parfait de la première saison de True Detective, qui mettait en scène un fameux duo masculin saturé de testostérone (Matthew McConaughey et Woody Harrelson) dans l’humidité poisseuse de la Louisiane.
Comme son sous-titre (Night Country) l’indique, cette quatrième saison de la série prend donc ses quartiers à Ennis, une ville fictive de l’Alaska où le soleil ne se lève pas pendant les mois de l’hiver polaire. C’est dans ce climat sec et glacial que l’on fait connaissance avec cette fois un duo d’enquêtrices, Liz Danvers (Jodie Foster) et Evangeline Navarro (Kali Reis), hantées toutes les deux par des démons volumineux.
Peu aimable voire carrément antipathique, la première est une anti-héroïne qui s’assume et comme on en voit encore trop peu dans la fiction, bénéficiant du charisme légendaire de Jodie Foster – dont c’est le premier vrai rôle dans une série depuis près d’un demi-siècle.
De son côté, Navarro trimballe avec peine son physique de boxeuse – l’actrice Kali Reis EST une boxeuse pro – depuis le meurtre non-élucidé d’une femme autochtone. Cette sombre affaire a longtemps brouillé les deux femmes, mais les voilà réunies pour enquêter sur la disparition soudaine des huit membres d’une station de recherche, un mystère qui est peut-être lié à l’homicide évoqué ci-dessus.
Fantômes du passé, mysticisme, paysages menaçants qui cachent de lourds secrets : Issa López maîtrise les bases de True Detective, qu’elle transforme avec une touche personnelle bienvenue.
Cette nouvelle saison plus horrifique que les autres se distingue en effet aussi par sa capacité à embrasser de nombreux sujets de société dans son intrigue, de la santé mentale aux violences faites aux femmes et aux minorités autochtones en passant par la destruction de l’environnement engendrée par l’appropriation prédatrice des ressources.
Cette richesse thématique nouvelle fait incontestablement du bien à True Detective, qui a réussi avec cette saison 4 à faire de l’ombre à une autre grande anthologie connue pour ses décors enneigés et un propos ouvertement engagé : Fargo (CANAL+), dont la saison 5 a été diffusée juste avant. Le retour de ce duel nous ramène tout droit à l’âge d’or de 2014, et c’est évidemment une bonne nouvelle pour les séries.
True Detective saisons 1 à 4 sur Max, disponible avec CANAL+.