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Harcèlement : 30 ans avant The Substance, Demi Moore était LA femme fatale d’Hollywood
Présente à Cannes cette année pour présenter le body horror féministe de Coralie Fargeat – récompensé par le Prix du scénario –, l’actrice désormais sexagénaire semble vivre une seconde jeunesse. Mais personne ne peut oublier la première partie de sa carrière, où elle enchaînait les rôles de croqueuse d’hommes, comme dans Harcèlement, disponible actuellement sur myCANAL.
C’est un film qui a fait scandale. Nous sommes en France au milieu des années 1990, et la sortie de HARCÈLEMENT (Barry Levinson, 1994) donne des sueurs froides aux associations dites « familiales ». L’objet de leur courroux ? Une affiche un peu trop olé olé où l’on voit les mains de Michael Douglas sur les fesses et la jupe relevée de Demi Moore.
Un véritable « appel à la sexualité à tous les coins de rue, de nature à propager le sida » selon certains. Evidemment, le distributeur du film (Warner) sait ce qu’il fait. À l’époque, personne à Hollywood n’incarne autant l’odeur de stupre que Michael Douglas et Demi Moore.
Le premier a alors l’habitude de jouer des mâles moyens confrontés à des aventures sexuelles risquées (LIAISON FATALE, BASIC INSTINCT…), tandis que la deuxième a une aura de sexe-symbole depuis son rôle dans le très culte GHOST (Jerry Zucker, 1990) et le controversé PROPOSITION INDÉCENTE (Adrian Lyne, 1993), qui font aussi d’elle une reine du box-office et une des actrices les mieux payées du monde.
Quand ce duo tout feu tout flamme est donc réuni devant sa caméra pour HARCÈLEMENT, Barry Levinson (RAIN MAN) sait qu’il a de l’or dans les mains, d’autant que le scénario signé Paul Attanasio (futur papa de DR HOUSE) est une adaptation d’un roman du grand Michael Crichton. Michael Douglas y incarne Tom Sanders, un bon père de famille victime de harcèlement sexuel de la part de sa nouvelle supérieure hiérarchique, Meredith Johnson, jouée par Demi Moore.
Le personnage de l’actrice est tellement diabolique qu’il pousse le vice jusqu’à accuser Sanders lui-même de harcèlement, le tout sur fond de complots au sein d’une grosse boîte informatique qui expérimente... la réalité virtuelle 20 ans avant Oculus Rift. Autant dire que HARCÈLEMENT est un pur produit d’une époque où #MeToo était encore très loin, et où le thriller érotique était le genre à la mode.
La preuve : le film fera un carton au box-office, et Demi Moore continuera d’incarner la femme fatale par excellence pendant encore quelques années, notamment dans LES AMANTS DU NOUVEAU MONDE (Roland Joffé, 1995) et STRIPTEASE (Andrew Bergman, 1996).
La suite de sa carrière sera plus compliquée – Hollywood étant impitoyable avec les actrices quand elles vieillissent –, mais 2024 est l’année de sa renaissance. Demi Moore a en effet mené le casting féminin royal de la très bonne deuxième saison de FEUD (CANAL+) centrée sur les « cygnes » de Truman Capote, et son rôle dans THE SUBSTANCE aux côtés de Margaret Qualley a fait sensation à Cannes, au point qu’un prix d’interprétation n’aurait pas été volé.
Apprécions au passage la dimension méta du film de Coralie Fargeat (REVENGE), où l’héroïne jouée par Demi Moore doit infliger une folie à son corps pour rajeunir… En 30 ans, le monde du cinéma a heureusement bien changé, mais Demi Moore est toujours là, et sa deuxième carrière ne fait peut-être que débuter.
