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Ce soir à la TV : The Franchise, la série parodique qui assassine les films Marvel

Posté par Alexis Lebrun le 8 octobre 2024

Développée par un trio de choc, cette nouvelle production HBO s’intéresse aux coulisses des blockbusters de super-héros, un univers aussi impitoyable que fantasmé. Avec une tonalité satirique très prononcée, The Franchise écorne ce mythe hollywoodien contemporain, mais c’est pour son bien (et le nôtre).

Un joyeux bordel

Comment réussir une scène d’ouverture qui en jette ? Facile, il suffit de demander à Sam Mendes de la réaliser, de préférence avec son petit péché mignon, le plan-séquence. Trop ambitieux ?

C’est pourtant le petit plaisir que nous offre The Franchise dans ses premières secondes, en confiant au réalisateur de 1917 et Skyfall le soin d’introduire Daniel (le remarquable Himesh Patel de Station Eleven), premier assistant réalisateur qui se débat au quotidien avec les innombrables problèmes de production rencontrés par le film de super-héros sur lequel il travaille.

Le décor de la série est celui de ce projet médiocre tourné dans de gigantesques studios, où des figurants vêtus de costumes ridicules s’agitent devant un fond vert pendant que les autres s’embrouillent derrière la caméra dans un joyeux bordel. Accompagné de Dag (Lolly Adefope de Shrill), troisième assistante réalisatrice qui débute et qui hallucine quelque peu, Daniel fait face à une galerie de personnages complètement névrosés et plus ou moins motivés à l’idée de boucler ce projet.

Une série très référencée

Il y a cet acteur expérimenté et arrogant (Richard E. Grant), venu cachetonner en jouant un méchant grotesque, et qui méprise tout ce cirque. Il donne la réplique à un jeune premier angoissé par ce rôle principal (Billy Magnussen de Made for Love), sous l’œil impatient du patron du studio – sosie à peine déguisé de Kevin Feige, le boss du MCU –, venu surveiller la production chaotique de ce film mineur dans sa grande franchise super-héroïque.

Toute ressemblance avec la réalité n’est pas fortuite du tout, comme le prouve aussi l’arme principale de The Franchise : Daniel Brühl. L’acteur allemand (Becoming Karl Lagerfeld sur Disney+) incarne ici un réalisateur indépendant dont la créativité est piétinée par le studio du film, et il est d’autant plus difficile de ne pas rire de ses mésaventures et de ses lubies absurdes que Daniel Brühl est bien connu pour son rôle d’Helmut Zemo dans le MCU… Et le trouble est encore renforcé par le fait que HBO appartient à Warner, le studio qui produit les films et séries DC

Un rythme frénétique

Vous l’avez compris, The Franchise est une série ultra-référencée qui évoque à peu près toutes les tares commerciales et compromissions artistiques des films de super-héros actuels, du sexisme envers les actrices au placement de produit pas discret du tout, en passant par les incels qui mettent la pression parce qu’ils ne supportent pas la place prise par une héroïne.

Le ton est acide et les répliques malaisantes très cringe comedy fusent dans tous les sens avec un côté walk and talk qui épouse la frénésie de ces métiers. Et ce n’est pas un hasard, puisque le créateur de The Franchise (Jon Brown) est un ancien de Succession et Veep (Max), série dont le showrunner (Armando Iannucci) est ici producteur. Si vous ajoutez Sam Mendes à la réalisation, voilà un trio dont les films de super-héros ne peuvent que rêver aujourd’hui.

The Franchise épisodes 1 à 8 sur Max, disponible avec CANAL+.