Without Sin, un thriller british bien sombre pour l’hiver
Derrière ses allures de drame familial sur le deuil impossible d’une mère engagée dans un processus de justice restaurative, cette nouvelle mini-série britannique cache en réalité un redoutable suspense autour d’une affaire mystérieuse. Et Without Sin rappelle une nouvelle fois que Vicky McClure mériterait d’être mieux connue de ce côté de la Manche.
Le point de départ de Without Sin n’est pas commun. Endeuillée par le meurtre de sa fille, Stella (Vicky McClure) accepte à contrecœur de rencontrer en prison l’homme qui a été jugé coupable du crime, afin d’avancer dans son deuil et d’obtenir des réponses sur les circonstances du drame.
En France, on dirait qu’il s’agit de justice restaurative, un concept qui commence tout juste à se développer et qui était notamment au cœur du film de Jeanne Herry sorti l’année dernière, Je verrai toujours vos visages. On pense alors que la série va prendre le chemin d’un drame psychologique, mais c’est une fausse piste, ou plutôt la moitié de la vérité seulement.
Car lors de son premier entretien avec Charles (Johnny Harris), le meurtrier présumé de sa fille, Stella a un choc. Au lieu d’avouer, il affirme que la victime était déjà morte lorsqu’il s’est penché sur elle et qu’il a été arrêté. Pour étayer sa théorie, Charles déclare même que le meurtre est lié à la disparition d’une autre jeune fille.
Ses propos sont suffisamment troublants pour que Stella se lance elle-même dans une enquête afin de connaître la vérité. Elle n’attendait que ça, car depuis la nuit du meurtre, sa vie est en lambeaux : elle est séparée du père de sa fille – qui s’est recasé et s’apprête à avoir un autre enfant de son côté –, et elle a dû quitter un job visiblement confortable et lucratif pour devenir chauffeuse de taxi.
Ce nouveau métier a au moins un avantage : il lui permet d’arpenter les rues de Nottingham à la recherche de réponses, et ce à toute heure du jour et de la nuit. Et sans trop en dire sur l’intrigue, on peut se demander si le meurtre n’est pas lié au trafic de drogue…
Une chose est sûre : Without Sin maintient le suspense jusqu’au bout, avec un cliffhanger à la fin de chacun des quatre épisodes et surtout une révélation finale qui mérite largement le détour. Mais on l’a dit, cette série est aussi un drame familial qui prend le temps de s’intéresser au douloureux processus de deuil de ses personnages, le tout avec une délicatesse qui doit beaucoup à la qualité de l’écriture de la créatrice et scénariste Frances Poletti.
Mais cette dernière a aussi une chance : son actrice principale brille dans la peau de cette mère courage qui fume un peu trop d’herbe le soir avant de dormir pour oublier. Grande habituée de ces rôles dramatiques, Vicky McClure rappelle avec Without Sin pourquoi elle est une des actrices les plus inévitables du moment à la télévision britannique (Broadchurch et Line of Duty sur CANAL+, Alex Rider sur OCS).
On avait déjà vanté ses mérites il y a un an pour sa prestation musclée en démineuse dans Trigger Point (CANAL+), et voilà qu’elle a de nouveau été nommée pour le BAFTA de la meilleure actrice grâce à Without Sin, douze ans après sa victoire pour This Is England '86. Quelque chose nous dit d’ailleurs qu’elle n’en a sûrement pas fini avec les récompenses. Eh oui, Vicky McClure n’a que 40 ans, et elle devrait faire notre bonheur sur le petit écran pendant encore longtemps.
Without Sin épisodes 1 à 4, à partir du 8 janvier sur CANAL+.