De quel vrai tournage compliqué parle Michel Gondry dans son dernier film ?
On connaissait les univers magiques que Gondry met en scène depuis des années, mais moins l’envers du décor. Pour son dernier film, LE LIVRE DES SOLUTIONS, le réalisateur français pose ses valises dans le monde réel pour raconter les déboires d’un jeune réalisateur en pleine crise professionnelle.
Et ce jeune réalisateur, il ne s’en cache pas, c’est lui-même. “C’est basé sur une expérience personnelle” raconte Gondry. “Le film [auquel fait référence LE LIVRE DES SOLUTIONS] existait et c’est sa post-production qui a coincé un petit peu. Le personnage principal fait un peu ce que j'ai moi-même fait pendant cette période, à savoir pas mal de choses extravagantes”.
Mais alors, à quel film Michel Gondry fait-il référence ? Le réalisateur raconte en réalité son expérience sur le film L'ÉCUME DES JOURS, dont il garde un souvenir chaotique. A ce moment-là, sa santé mentale est au plus bas. “Je prenais des médicaments pour l’humeur et j’avais des obsessions intenses qui m’empêchaient carrément de vivre. Durant le tournage, ça s’est dégradé” se rappelle-t-il.
“À la fin, je suis resté dans le studio pendant un mois et demi. J’avais l’impression de laisser tomber Boris Vian, de ne pas être à son niveau… Pour l’équipe, aussi, c’était très dur : j’avais de nouvelles idées tous les jours”.
Dans LE LIVRE DES SOLUTIONS, il revient sur les tensions que cela a pu générer. “Le projet dont on parle ici a coûté beaucoup d'argent” remarque Gondry “C'est pour ça qu'il y a cette pression, avec les producteurs qui veulent venir prendre le film. Tout le monde panique”.
De cette période sombre, Michel Gondry tire un film optimiste. “Toutes les expériences que j'ai faites, les choses que j'ai fabriquées, étaient assez comiques” avoue-t-il. “J’avais fait un groupe disco avec la factrice qui avait 75 ans, et on a fait des concerts dans des soirées moules-frites. J'avais aussi fait un spectacle de marionnettes pour le village”.
Si on ne retrouve malheureusement pas ces aventures à l’écran, un moment du film, cependant, a bel et bien existé : celui du chef d’orchestre. “J’avais l’impression d’avoir fait un truc inouï, que j’avais changé la musique à jamais. Je pensais que mon assistante et ma monteuse, qui étaient là, allaient pleurer d’admiration, mais elles, elles n’en avaient rien à foutre, elles voulaient juste retourner au montage” se rappelle le réalisateur en souriant, qui, depuis, a eu l’occasion de remonter la pente.