Wonka, un préquel fort en chocolat
Soixante ans après sa création, le célèbre chocolatier de Roald Dahl continue d’inspirer la fiction. Auréolé de son statut flatteur de scénariste et réalisateur des films Paddington, le Britannique Paul King a imaginé un préquel sur la jeunesse de Willy Wonka. Et comme les sucreries de ce dernier, il est impossible d’y résister.
Il est toujours difficile de passer après Tim Burton, mais c’est encore plus vrai ici. Pour toute une génération, le CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE sorti en 2005 est une vraie madeleine de Proust, un bonbon acidulé qui fait partie des sommets de sa filmographie.
Heureusement, WONKA ne cherche pas à imiter sa recette psychédélique barrée. D’abord, il ne s’agit pas d’une adaptation de l’œuvre de Roald Dahl mais d’un scénario original, qui imagine à quoi pourrait ressembler la jeunesse de Willy Wonka.
Paul King a donc décidé de le placer dans un univers à la Dickens – mais avec une jolie ville qui peut évoquer Paris –, où il part de zéro et affronte une violence sociale illustrée par Olivia Colman (THE CROWN), géniale en méchante aubergiste qui n’aurait rien à envier aux Thénardier.
Incarné par un Timothée Chalamet parfait pour ce rôle de grand ado rêveur, ce jeune Willy Wonka s’adjoint l’aide de quelques compagnons d’infortune pour lutter contre un impitoyable « cartel du chocolat » qui tente de mettre hors d’état de nuire notre nouveau concurrent surdoué, avec l’aide d’une police corrompue.
Beaucoup plus sage que l’adaptation de Tim Burton – ce n’est pas une gageure –, le film de Paul King se rapproche davantage de la première version de CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE (Mel Stuart, 1971) avec Gene Wilder.
Il brille par sa direction artistique inspirée, son humour bon enfant – Hugh Grant est excellent en Oompa-Loompa, comme Rowan Atkinson en prêtre drogué au chocolat – et surtout ses morceaux.
Eh oui, WONKA est une comédie musicale qui a la chance de pouvoir compter sur des chansons composées par Neil Hannon, la tête pensante brillante du groupe The Divine Comedy.
Certaines scènes sont mémorables – comme celle de la blanchisserie –, et sans avoir l’air d’y toucher, WONKA se fait plus politique dans sa deuxième partie en s’attaquant aux inégalités entretenues par quelques privilégiés du système capitaliste.
Ce n’est certes pas la révolution, mais c’est déjà beaucoup pour un film de Noël familial qui célèbre aussi le pouvoir persistant des rêves d’enfance face à la cruauté d’un monde adulte toujours prêt à les briser. Le public ne s’y est d’ailleurs pas trompé : il a porté WONKA parmi les plus gros succès de l’année 2023.
WONKA, disponible le 13 septembre sur CANAL+.