En février, vous prendrez bien une dose de cinéma culte sur CANAL+ ?
La fermeture prolongée des salles de cinéma vous déprime ? Rassurez-vous, entre grands classiques et ratés du box-office devenus cultes auprès des cinéphiles, nous avons sélectionné assez de films incontournables pour occuper le mois le plus court de l’année.
Si l’on devait choisir le film culte par excellence, le DONNIE DARKO de Richard Kelly ne serait pas loin de décrocher la palme. Sorti dans l’anonymat le plus complet en 2001, il fait un bide au box-office, malgré des critiques enthousiastes. Mais sa sortie en DVD et l’arrivée d’une version Director’s Cut en 2004 changent la donne, et en font un film culte qui continue de fasciner aujourd’hui. Assez inclassable, au carrefour de la science-fiction, du thriller psychologique et du fantastique, DONNIE DARKO raconte l’histoire d’un adolescent surdoué mais victime de troubles psychiques, puisqu’il possède comme ami imaginaire un énorme lapin flippant. Ce dernier lui révèle que la fin du monde est programmée dans 28 jours, et le conduit à faire des choses peu recommandables. En plus de son univers foisonnant qui laisse libre cours aux interprétations, le film a révélé Jake Gyllenhaal (dont vous pouvez retrouver plusieurs films sur TCM Cinema), et sa bande-originale est tout bonnement inoubliable.
Dans le genre du thriller psychologique, le GARDE À VUE de Claude Miller sorti en 1981 n’est pas mal non plus. Avec ses dialogues signés Michel Audiard et son casting de rêve – Lino Ventura, Michel Serrault et Romy Schneider, dont c’est l’avant-dernier rôle –, ce classique du cinéma français a réussi à concilier succès critique et public, en adaptant le roman policier de l’écrivain britannique John Wainwright : À TABLE ! (1979). L’enquête du film vise à élucider une affaire des plus sordides, puisqu’un notaire est accusé du viol et du meurtre de deux fillettes, ce qui donne le coup d’envoi d’un huis clos suffocant, celui de la garde à vue du suspect, dont la vie privée est entourée d’une aura assez mystérieuse. Non moins culte, et réalisé par un cinéaste qui l’est tout autant, L'IMPASSE (Brian de Palma, 1993) est l’occasion de retrouver Al Pacino dans un rôle de mafieux qui a juré d’arrêter les bêtises après un séjour en prison, mais qui se retrouve inévitablement replongé dans les méandres de la vie de criminel. Accueilli froidement à sa sortie, L’IMPASSE a depuis été réévalué comme un classique de Brian de Palma, et il vaut au moins le coup d’œil pour deux scènes d’anthologie : celle de la salle de billard, et sa poursuite finale de toute beauté.
Puisque l’on parle de film de gangsters, quoi de mieux que de revenir aux fondamentaux avec la trilogie du PARRAIN, le chef-d’œuvre incontournable de Francis Ford Coppola ? Sortis respectivement en 1972 et 1974, LE PARRAIN et LE PARRAIN 2 comptent tout simplement parmi les meilleurs films de l’histoire du cinéma, et on ne se lasse jamais de contempler la tragédie familiale de la famille Corleone, de l’ascension de Vito incarnée par Robert de Niro, à la chute de l’héritier Michael, joué par Al Pacino, sans oublier la performance légendaire de Marlon Brandon, avec ses mouchoirs en papier dans la bouche, qui lui donnent ce visage et cette façon de parler si caractéristiques. On pourrait ajouter la célèbre musique de Nino Rota ou les scènes mythiques qui se comptent à la pelle, comme la conclusion du premier volet qui mêle baptême religieux et élimination des chefs des autres familles mafieuses, mais on a aussi envie de dire du bien du PARRAIN 3, une conclusion assez critiquée qui est pourtant un très bon film, simplement assigné à une tâche impossible – succéder à la meilleure duologie jamais réalisée. Notez que Francis Ford Coppola est d’ailleurs en train de travailler sur une nouvelle version du PARRAIN 3, qui promet beaucoup d’après les premiers retours.
Pour continuer dans les classiques du cinéma qui donnent des sueurs froides, NOSFERATU, FANTÔME DE LA NUIT (1979) est aussi très efficace. Ce remake signé Warner Herzog du fameux film muet de 1922 de Friedrich Wilhelm Murnau est plutôt du genre effrayant, et le mérite en revient beaucoup à l’acteur Klaus Kinski, qui livre une version convaincante du comte Dracula, quelques années avant un certain Francis Ford Coppola justement. On retrouve aussi Isabelle Adjani dans le film de Herzog, et sa présence a contribué au succès et à la réputation du film en France. Tout aussi angoissant, le HANNIBAL (2001) de Ridley Scott a cartonné au box-office en faisant revenir Anthony Hopkins dans le rôle du docteur cannibale Hannibal Lecter, dix ans tout juste après LE SILENCE DES AGNEAUX (Jonathan Demme, 1991). Cette suite gore à souhait a en revanche dû remplacer Jodie Foster par Julianne Moore pour le rôle de l’agent spécial du FBI Clarice Starling, rôle culte s’il en est, mais qui a eu pour conséquence d’envoyer l’actrice américaine traumatisée par le tournage chez un psychologue.
Enfin, si le sang ne vous effraie pas et que vous vous voulez découvrir l’un des westerns les plus sous-estimés de Sergio Leone, on ne saurait trop vous conseiller IL ETAIT UNE FOIS LA RÉVOLUTION (1971), peut-être le film le plus violent du réalisateur italien. Situé entre IL ÉTAIT UNE FOIS DANS L’OUEST (1968) et IL ETAIT UNE FOIS EN AMÉRIQUE (1984), ce dernier western de Leone prend place pendant la révolution mexicaine des années 1910, et met en scène un duo mémorable constitué d’un braqueur de diligences (Rod Steiger) et d’un Irlandais en fuite, ancien membre de l’IRA (James Coburn). Un film incidemment très politique, accompagné bien sûr par une bande originale du grand Ennio Morricone, récemment décédé.
Pour terminer et vous remettre – un peu seulement – de vos émotions, on vous conseille de (re)voir un autre film qui se déroule au Mexique : LE MAGNIFIQUE (Philippe de Broca, 1973), une parodie jouissive des films d’espionnage de l’époque et de leurs héros. Jean-Paul Belmondo y est au sommet de son art et enchaîne les séquences d’action complètement barrées, dans un style qui a beaucoup influencé Michel Hazanavicius et Jean Dujardin sur les deux premiers OSS 117 (2006 et 2009). L’actrice britannique Jacqueline Bisset s’est aussi fait connaître chez nous pour ses deux rôles dans ce film culte. On reste d'ailleurs en France avec PRÉPAREZ VOS MOUCHOIRS (1978), où quatre ans après LES VALSEUSES (1974), Bertrand Blier reconstitue le duo Gérard Depardieu et Patrick Dewaere.
Ils sont cette fois accompagnés de l’actrice Carole Laure, avec qui ils forment un ménage à trois pour la guérir d’une sorte de dépression, mais ce scénario déjà assez limite devient carrément scandaleux si on ajoute qu’elle tombe amoureuse d’un garçon de 13 ans ! Un film pourtant apprécié des critiques, et Oscar du meilleur film étranger en 1979. Au moins aussi controversé, PRISCILLA, FOLLE DU DÉSERT (Stephan Elliott, 1994) a pourtant beaucoup fait pour la représentation des LGBTQ+ dans le cinéma populaire. On y suit deux travestis et une femme transgenre qui embarquent à bord d’un bus (renommé "Priscilla, folle du désert") pour un road trip endiablé à travers l’outback australien, où ils affrontent forcément l’homophobie des zones les moins progressistes du pays. Une œuvre culte, et pas seulement pour les communautés homosexuelles du monde entier, porté par une bande son irrésistible pleine de classiques du style camp. Si vous avez besoin d’un bon film feel-good en ce moment, ne cherchez pas plus loin.
Notre sélection très personnelle :
Trilogie du PARRAIN (Paramount Channel)
PREPAREZ VOS MOUCHOIRS (CINE+)
DONNIE DARKO (Cycle Jake Gyllenhaal sur TCM Cinéma)
L'IMPASSE (CINE+) HANNIBAL (Paramount Channel)
LE ROI ET L'OISEAU (CINE+)
ADIEU MA CONCUBINE (CINE+)
HOOK (CINE+)
GARDE A VUE (CINE+)
LE MAGNIFIQUE (CINE+)
NOSFERATU (CINE+)
IL ETAIT UNE FOIS LA REVOLUTION (CINE+)
HAPPY TOGETHER (CINE+)
NOS ANNEES SAUVAGES (CINE+)
PRISCILLA, FOLLE DU DESERT (HELLO)