La Maison, une série sur la mode entre succession et trahisons
Produite avec les gros moyens d’Apple TV+, cette série française réunit un casting luxueux pour mieux le faire s’étriper dans les coulisses des défilés. Mais si La Maison se distingue des nombreuses séries sur la haute couture, ce n’est pas pour cette raison…
Difficile d’y échapper : en cette année 2024, les séries sur le milieu de la mode se bousculent au portillon. Mais de Cristóbal Balenciaga (Disney+) à The New Look (Apple TV+) en passant par Becoming Karl Lagerfeld (Disney+), toutes préféraient jusqu’à présent évoquer des figures passées.
Un choix moins risqué que de se frotter au monde actuel de la haute couture, avec les travers qui vont avec. C’est pourtant le pari que tente La Maison, en imaginant une intrigue entre deux maisons fictives mais fortement inspirées par la réalité.
La principale s’appelle Ledu, et à l’entame de la série, elle est en grande difficulté : son grand couturier Vincent Ledu (Lambert Wilson) a été pris en flagrant délit de racisme dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, et voilà sa vénérable maison centenaire menacée de disparition, ou pire, d’absorption par la rivale Diane Rovel (Carole Bouquet), sorte de superprédatrice du capitalisme qui collectionne les marques sous sa bannière.
Entre les deux, c’est d’abord une opposition de styles entre artisanat racé à l’ancienne (Ledu) et bling-bling moderne (Rovel), mais c’est aussi une guerre de personnes et surtout une intense lutte familiale, puisque le frère de Vincent Ledu (Victor, joué par Pierre Deladonchamps) est passé du côté de l’ennemi, tandis que le neveu Robinson (Antoine Reinartz d’Anatomie d’une chute) rêve de se faire enfin une place dans la dynastie familiale.
Poussé vers la sortie pour sauver la maison Ledu, Vincent doit laisser les commandes à son ancienne mannequin star Perle (Amira Casar) et surtout accepter l’arrivée de Paloma (Zita Hanrot), nouvelle directrice artistique un peu punk qui dynamite le manque de diversité et les pratiques polluantes désastreuses de la mode en utilisant notamment l’upcycling. Pour compliquer encore les choses, Vincent a aussi un lien familial avec cette dernière.
Bref, La Maison est un vrai panier de crabes, une série ouvertement inspirée de Succession (Max) où il est question de se battre pour son héritage, de comploter et de collectionner les trahisons.
Au-delà du milieu de la haute couture – fort bien reconstitué au demeurant, avec en bonus des apparitions de personnalités réelles bien connues –, La Maison met d’ailleurs surtout en scène la vie bien particulière des plus riches, ce qui n’est pas si fréquent dans les séries françaises.
Alors on ne boude pas son plaisir et on profite de ce jeu de massacre à coup d’OPA et de petites humiliations dignes d’un soap opera.
La Maison épisodes 1 à 10 sur Apple TV+, disponible avec CANAL+.