Aller au contenu principalAller à la recherche

The Beast Must Die : la vengeance est meilleure quand elle est servie par Cush Jumbo

Posté par Alexis Lebrun le 18 juin 2021

Déjà renouvelé pour une deuxième saison, ce revenge thriller britannique aux accents de nordic noir s’appuie sur une distribution étincelante et une intrigue prenante déjà adaptée au cinéma par Claude Chabrol.

Délit de fuite

Frances (Cush Jumbo) est une mère en deuil. Son jeune fils est mort brutalement après avoir été heurté sur l’île de Wight par un fou du volant qui a disparu dans la nature. La police locale n’a jamais retrouvé le coupable, et Frances ne supporte pas d’entendre que l’affaire est classée sans suite alors que les efforts déployés pour la résoudre ont été visiblement très insuffisants. Ni une ni deux, elle décide donc de plaquer son job d’enseignante et de retirer toutes ses économies pour se rendre sur place et mener sa propre enquête. De mère célibataire qui pleure la disparition de son fils unique, elle devient une sorte d’héroïne manipulatrice et surtout vengeresse, car elle n’a pas l’intention de livrer le coupable à la justice.

Non, Frances veut le tuer elle-même, et elle est prête pour cela à tous les mensonges, afin de s’immiscer dans la vie de famille de George (Jared Harris), un richissime homme d’affaires qui fait régner la terreur dans sa famille dysfonctionnelle, avec qui il vit dans un immense manoir. Cet amateur de bolides – dont la culpabilité semble acquise – est une personnalité tout à fait détestable, ce qui donne un face-à-face pour le moins stressant avec la femme qui veut sa peau. L’équation ne serait pas complète sans la présence du détective Nigel Strangeways (Billy Howle) tout juste arrivé sur l’île de Wight après le décès de la personne en charge de l’enquête. Très fragilisé psychologiquement par la mort récente d’une ancienne collègue, il souffre d’un syndrome de stress post-traumatique aigu, mais cela ne l'empêche pas de réaliser rapidement que les flics du coin ne sont pas des flèches. À moins qu’un complot explique leur passivité…

Que la bête meure

Les fans de l’œuvre de l’auteur britannique Cecil Day-Lewis connaissent bien sûr déjà cette histoire, puisque The Beast Must Die n’est autre qu’une adaptation du roman policier éponyme qu’il a publié en 1938 sous le célèbre pseudo Nicholas Blake, et qui a été traduit en français sous le titre Que la bête meure ! C’est aussi le nom choisi par Claude Chabrol en 1969 pour son adaptation du roman au cinéma, dans un thriller psychologique où Jean Yanne joue l’antagoniste et Michel Duchaussoy le père en deuil et en quête de vengeance. La scénariste Gaby Chiappe (Miss Révolution) a évidemment apporté quelques modifications à l’intrigue de la série, mais globalement, The Beast Must Die version télé britannique reste fidèle à l’esprit du roman du père de l’acteur Daniel Day-Lewis. Tournés à l’île de Wight dans un joli style très nordic noir par le Finlandais Dome Karukoski (Tolkien), les six épisodes de la série peuvent surtout compter sur la présence d’un duo de choix que tout sériephile qui se respecte connaît et vénère : Cush Jumbo et Jared Harris.

La première a conquis le cœur du public en incarnant la géniale avocate Lucca Quinn à la fin de The Good Wife puis dans le très acclamé spin-off The Good Fight. Quant au deuxième, il a réalisé un sans-faute dans ses rôles sur le petit écran depuis sa révélation dans la peau du pauvre Lane Pryce de Mad Men, en enchaînant Fringe, The Expanse, The Crown (Netflix), The Terror et Chernobyl (OCS). Difficile de faire mieux, et sa prestation en abominable grand méchant dans The Beast Must Die est encore une fois un régal. Il trouve à qui parler avec Cush Jumbo, pas effrayée du tout par ce rôle complexe de femme duplice qui a plus ou moins de mal à dissimuler ses émotions. On peut en dire autant du troisième larron Billy Howle, vu récemment aux côtés de Tahar Rahim dans Le Serpent (Netflix), et qui ne se contente pas de trimbaler sa dégaine de beau gosse. Capable de passer d’un registre à l’autre en un éclair, il joue le PTSD avec un talent indéniable. La chaîne à l’origine de la série (BritBox) semble partager cet avis, puisque le détective Nigel Strangeways fera son retour pour une deuxième saison avec une enquête inédite écrite spécialement pour l’occasion.

The Beast Must Die épisodes 1 à 6, disponibles à partir du 21 juin sur CANAL+.