Voir un ami, le documentaire bouleversant de Mélanie Laurent sur la maladie de Charcot
Comment briser le tabou de la SLA, ce mal incurable mais encore mal connu ? Peut-être en filmant ses conséquences sur la vie d’un homme atteint. C’est ce que Mélanie Laurent a fait pendant deux ans avec son ami Jean-Pierre dans Voir un ami, un documentaire qui risque de vous remuer sérieusement.
C’est probablement l’une des maladies les plus effrayantes connues à ce jour. En quelques années, la SLA (Sclérose latérale amyotrophique, ou maladie de Charcot) paralyse progressivement tous les muscles des membres, avant de s’attaquer à ceux de la gorge, ce qui empêche in fine de parler, puis de manger et de respirer.
La maladie de Charcot est d’autant plus redoutée qu’elle n’est pas si rare. Mélanie Laurent en a fait l’amère expérience en apprenant que son ami Jean-Pierre était atteint. Et puisqu’il a souhaité évoquer sa maladie, Mélanie Laurent a décidé d’en faire un documentaire, en le filmant chez lui à Belle-Île sur une période de deux ans, entre 2018 et 2020.
Face à la caméra, cet ancien charpentier se livre en toute délicatesse sur l’horreur de cette maladie qui le prive rapidement et sûrement de toutes ses capacités et de tous ses plaisirs, jusqu’à ne plus pouvoir sortir voir la mer ou même son jardin, coincé qu’il est dans son fauteuil roulant puis dans son lit d’hôpital.
Mais Jean-Pierre a beaucoup d’humour, alors il rit aussi (jaune) de sa condition, sans rien cacher de ses difficultés et de ses questionnements. Le documentaire va d’ailleurs au-delà du simple témoignage. Avec beaucoup d’à-propos, Jean-Pierre fait par exemple remarquer que le cannabis thérapeutique qui apaise ses douleurs et l’aide à dormir est interdit.
Il confie aussi qu’il aimerait bien pouvoir mourir dans la dignité quand il le souhaite, et pas quand il sera totalement asphyxié par une maladie qui « emmure vivant », mais c’est aussi impossible en France.
La dernière partie du documentaire est particulièrement déchirante : de plus en plus paralysé – même si Mélanie Laurent évite habilement le pathos – et entouré par ses proches qui l’aident au quotidien, Jean-Pierre se livre intimement sur le temps perdu (il a 52 ans) et offre l’air de rien une petite leçon de vie avec beaucoup de tendresse.
Et on vous met au défi de ne pas verser au moins une larme pendant la scène finale, appuyée par Arno qui chante Voir un ami pleurer de Jacques Brel.
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