La conspiration du silence

A la fin de l'année 1996, Emile Louis vit discrètement à Draguignan après avoir purgé sa peine pour attouchements. Mais l'émission Perdu de vue le place une nouvelle fois dans une situation délicate en raison de révélations troublantes. Sous la pression médiatique, le juge d'instruction se saisit de l'affaire...

Interpellé en décembre 2000 et placé en garde à vue, Emile Louis avoue avoir violé et fait disparaître sept victimes dans l'Yonne. Convaincu qu'il ne risque rien en raison de l'ancienneté des affaires, il conduit les enquêteurs jusqu'à son cimetière personnel de Rouvray, une bourgade située non loin d'Auxerre...

La rumeur n'en était finalement pas une : les disparues de l'Yonne ont toutes été assassinées. Malgré cette confirmation et la stupeur générale, les langues ne se délient toujours pas dans l'Yonne. Des rapports réclamés par les ministres de la Justice et de la Famille accablent l'APAJH et le tribunal d'Auxerre...

En 2001, Claude Dunand se voit discrètement octroyer un régime de semi-liberté malgré la cruauté des actes dont il fut accusé et pour lesquels il fut condamné à la réclusion à perpétuité. Les similitudes avec l'affaire Emile Louis intriguent nombre de journalistes, visiblement plus curieux que la justice...

Les aveux partiels d'Emile Louis placent la justice dans une position délicate. Doit-elle enquêter sur des crimes prescrits ? Après le refus de la cour d'appel de Paris, les familles des disparues sont désemparées. Le 20 février 2002, un acte de procédure sauve le dossier et la Cour de cassation rend une décision qui fera date.

Christian Jambert est découvert mort par balle dans le garage de son pavillon. L'enquête conclut vite au suicide. La nouvelle ne surprend pas grand monde à Auxerre. L'ancien gendarme était dépressif et isolé depuis longtemps. Obsédé par les disparues de l'Yonne et Emile Louis, il n'est jamais parvenu à prouver le lien. Ses enfants réclament de nouvelles investigations.

Avril 2004. Les résultats de l'autopsie du corps de Christian Jambert, retrouvé mort par balle sept ans plus tôt dans son garage, mettent à mal la thèse du suicide vite privilégiée à l'époque. Pour les légistes parisiens, l'ancien gendarme n'a pas pu s'infliger deux blessures mortelles. La révélation, largement relayée par les médias, fait l'effet d'une bombe à quelques mois du procès des disparues de l'Yonne.

En 2018, à Rouvray, près du lieu où avaient été exhumés les corps de deux victimes d'Emile Louis en 2000, un crâne est découvert par des chasseurs. Cinq ans plus tard, l'ADN de parentèle permet de lui donner un nom : Marie-Jeanne Ambroisine C., une mère de famille fragile qui s'était volatilisée en 1975. S'agit-il de la neuvième victime de l'ancien chauffeur de bus ?