Daaaaaali ! : ce détail qui fait polémique chez les historiens
Avec "Daaaaaali !", Quentin Dupieux explore l’univers fantasque de Salvador Dali, un terrain idéal pour son approche de l’absurde. Si ce film audacieux capte l’essence excentrique de l’artiste, certains choix suscitent des réserves chez les historiens, comme la présence d'une bande-originale très marquée.
Qui de mieux que Quentin Dupieux pour s'attaquer à un biopic de Salvador Dali ? Avec "Daaaaaali !", le réalisateur propose une version complètement décalée du peintre en suivant les mésaventures de Judith (Anaïs Demoustier), une journaliste novice qui tente d’obtenir une interview de l’artiste insaisissable.
À chaque scène ou presque, Dali change de visage et de caractère, incarné successivement par Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Didier Flamand et Pio Marmaï. Cette multiplicité de Dali permet de capturer les différentes facettes de son personnage : charismatique, excentrique, introspectif ou totalement imprévisible.
À travers cette fresque déjantée, Dupieux dépeint aussi les rouages de l’industrie du cinéma, tournant en dérision les producteurs cyniques et manipulateurs, comme Jérôme (incarné par Romain Duris), qui pousse Judith à dépasser toutes les limites pour capter l’attention de Dali.
Ce personnage incarne la pression et les sacrifices souvent exigés dans le milieu artistique, rappelant de manière subtile certaines critiques modernes sur les abus de pouvoir, tout en conservant le ton burlesque et décalé propre à Dupieux.
Visuellement, "Daaaaaali !" s’inspire de l’esthétique surréaliste de Dali avec des décors surprenants et des mises en scène absurdes qui jouent sans cesse avec les perceptions. Dupieux utilise l’architecture décalée et des scènes en poupées russes pour illustrer le monde étrange de l’artiste, où le réel et l’illusion se mêlent en permanence.
En s’éloignant du biopic traditionnel, le réalisateur dresse un portrait unique du peintre, jouant avec la mémoire collective et la perception populaire de cette figure marquante.
Si "Daaaaaali !" séduit par son audace, l’usage de la musique a suscité des réserves chez certains historiens, notamment en raison de la relation conflictuelle entre Dali et cet art. En effet, Dali méprisait la musique, qu’il considérait comme inférieure à la peinture, au point de briser un violon durant ses études pour affirmer sa supériorité artistique, un acte qui entraîna son renvoi de l’Académie des Beaux-Arts.
En plus de ce rejet, l’ajout d’une musique d’inspiration catalane – ici composée par Thomas Bangalter – soulève des questions par rapport à l’identité complexe de Dali. Bien que Dali ait grandi en Catalogne et ait parfois intégré des éléments culturels catalans dans son apparence, comme ses espadrilles, il n’utilisait ce folklore qu’avec une certaine ironie.
Par ailleurs, Dali entretenait une relation ambivalente avec son héritage catalan : les Catalans se l’appropriaient comme figure iconique tout en lui reprochant son soutien politique au dictateur Franco, une position qui l’a coupé de nombreux admirateurs catalans.
DAAAAAALI ! est à voir sur CANAL+.