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Festival de Cannes : Jacques Audiard, le chouchou de la Croisette

Posté par Alexis Lebrun le 29 mai 2024

Encore récompensé par deux prix pour Emilia Perez, sa première comédie musicale, le cinéaste français continue de prouver année après année qu’il repart rarement bredouille du Palais des festivals. Alors que plusieurs de ses films sont visibles actuellement sur myCANAL, retour sur l’histoire d’amour entre Jacques Audiard et le Festival de Cannes.

Des débuts fulgurants

Jacques Audiard ayant commencé à travailler très tôt dans le milieu du cinéma – comme monteur et scénariste – avec un nom qui ne laisse pas indifférent, son premier long-métrage en tant que réalisateur était forcément scruté par le festival.

Ce fut le road movie vengeur REGARDE LES HOMMES TOMBER – qui réunit Jean-Louis Trintignant, Jean Yanne et Mathieu Kassovitz –, présenté à la Semaine de la critique en 1994, avant qu’Audiard ne remporte son premier prix à Cannes pour le scénario d’UN HÉROS TRÈS DISCRET (1996). Il faudra ensuite attendre un petit moment pour que le réalisateur fasse son retour sur la Croisette, mais quel retour !

Nous sommes en mai 2009, et à Cannes, on ne parle que d’UN PROPHÈTE, son film carcéral complètement dément où se révèle Tahar Rahim. Favori des pronostics, Audiard devra « se contenter » cette année-là du Grand prix du jury face à Michael Haneke, mais il se consolera aisément avec le succès public du film et son triomphe aux César.

Une Palme d’or surprise

Trois ans plus tard, c’est de nouveau le réalisateur autrichien qui lui dame le pion avec AMOUR (2012), alors qu’Audiard est encore favori avec DE ROUILLE ET D’OS (2012), qui fait l’unanimité auprès de la critique et du public.

Le mélo noir avec Matthias Schoenaerts – qui distribue des pains – et Marion Cotillard – qui reprend goût à la vie sans ses jambes – reste d’ailleurs toujours son plus gros succès aujourd’hui, et ce n’est pas volé : personne n’a oublié cette histoire d’amour cabossée sous le soleil d’Antibes, les combats clandestins des gitans et la violence sociale du management contemporain.

Paradoxalement, c’est avec son film le plus controversé – DHEEPAN (2015) – et donc à la surprise générale qu’Audiard obtiendra finalement la récompense suprême à Cannes…

Une nouvelle sensation

De notre côté, on aurait préféré que LES OLYMPIADES (2021), son marivaudage à la beauté renversante – la photo en noir et blanc est un délice – sur la jeunesse parisienne passe un peu moins inaperçu lors de l’édition « Covid » de Cannes, mais même Jacques Audiard ne peut pas gagner à tous les coups.

Il s’est d’ailleurs largement rattrapé cette année, puisque même si EMILIA PEREZ n’a pas obtenu les plus hautes distinctions promises par les pronostics, la première comédie musicale du réalisateur a récolté le Prix du jury et le Prix d’interprétation féminine pour toutes ses actrices – Zoe Saldaña, Selena Gomez et surtout Karla Sofía Gascón, première femme transgenre ainsi sacrée au Festival de Cannes, dont le discours enflammé a marqué l’événement comme il se doit.

En s’essayant une nouvelle fois à un genre tout nouveau pour lui – en espagnol de surcroît – et en mêlant cartels mexicains et transition de genre, Jacques Audiard a encore fait sensation sur la Croisette, et son film est d’ores et déjà l’un des plus attendus de l’été. La routine.

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