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Omar la fraise : Benoît Magimel fait le show à Alger

Posté par Alexis Lebrun le 22 mai 2024

Présenté à Cannes il y a un an, le premier long-métrage d’Élias Belkeddar est déjà en voie de devenir culte, grâce à la performance XXL de l’acteur aux trois César. Mais Omar la fraise possède d’autres atouts dans sa manche.

Une bromance de gangsters

Alors qu’il vient tout juste de passer le cap de la cinquantaine, on peut aisément arguer que Benoît Magimel traverse la période la plus faste de sa carrière.

Après avoir réalisé une grande première en raflant deux années de suite le César du meilleur acteur pour DE SON VIVANT (Emmanuelle Bercot, 2021) puis PACIFICTION (Albert Serra, 2022), il présentait pas moins de trois films au Festival de Cannes l’an dernier : le très appétissant LA PASSION DE DODIN BOUFFANT (Trần Anh Hùng, 2023), le joliment queer ROSALIE (Stéphanie Di Giusto, 2024), et donc le brûlant OMAR LA FRAISE, où il partage l’affiche avec l’excellent Reda Kateb (la série POSSESSIONS sur CANAL+).

Dans ce premier long-métrage difficilement classable d’Élias Belkeddar, ils incarnent deux voyous tellement inséparables que lorsqu’Omar (Reda Kateb) est obligé de s’exiler à vie en Algérie suite à sa lourde condamnation par contumace en France, son fidèle bras droit Roger (Benoît Magimel) n’hésite pas à le suivre.

De la cocaïne à la farine

Installés dans une luxueuse villa sur les hauteurs d’Alger, les deux compères veulent continuer de mener grand train, mais il y a un hic : celui qui se fait appeler Omar la Fraise – pour une raison qu’on ne dévoilera pas ici – ne peut pas se permettre de faire régner la terreur parmi les caïds du coin comme il le faisait en France, car il est surveillé par les autorités algériennes.

Le voilà donc obligé de se lancer dans le commerce légal en prenant le contrôle – avec certes une bonne dose de violence – d’une entreprise de biscuiterie, lui qui est nettement plus habitué à manier la cocaïne que la farine.

OMAR LA FRAISE raconte donc à la fois une amitié masculine à l’épreuve de tout, et le déracinement d’un homme nostalgique de la France. Et il y a quelque chose d’à la fois flamboyant et pathétique chez ces deux personnages paumés qui arpentent Alger avec leurs costards tapageurs de gangsters, leurs cheveux gominés et leurs lunettes de soleil fumées.

Un hommage à une Algérie méconnue

Mais les moments de franche comédie – comme cette piscine désespérément vide – ne durent jamais et laissent régulièrement la place à des flambées gratinées de violence, à l’image de cette scène d’ouverture assez dingue dans les rues d’une cité d’Alger.

Élias Belkeddar filme la capitale algérienne avec beaucoup d’amour, et exploite bien la topographie de lieux qu’on ne voit absolument jamais au cinéma. Et s’il met aussi en scène la dure réalité des enfants des rues livrés au dénuement et à la violence, Benoît Magimel vole la vedette à tout le monde.

Complètement libéré de ses démons, il livre une performance déjà inoubliable. On se souviendra longtemps d’au moins trois scènes où il fait le show : un rap improvisé, une embrouille en boîte de nuit, et une scène de danse torse nu qui mérite à elle seule de voir le film. Sacré Roger.

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