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L’opus 5 de Fargo est l’un des meilleurs de la série

Posté par Alexis Lebrun le 12 janvier 2024

Dix ans après sa création, la série inspirée du film des frères Coen n’a rien perdu de sa superbe. Porté par un casting réjouissant et nommé aux Golden Globes, ce cinquième opus de Fargo est un bijou d’humour noir qui a aussi des choses sérieuses à dire sur la condition des femmes aujourd’hui. Et on peut déjà l’écrire : il sera difficile de faire mieux cette année.

Un kidnapping qui rappelle des souvenirs

Même s’il ne fait pas tâche au milieu des autres, le quatrième opus de Fargo avait un peu désorienté les fans en s’éloignant des fondamentaux de l’univers créé par les frères Coen au cinéma. Le créateur de la série (Noah Hawley) a donc retenu la leçon, et ce cinquième opus de Fargo revient pour de bon à l’esprit absurde du film culte sorti en 1996.

L’hommage est d’ailleurs bien visible dès le début de l’intrigue, puisqu’une femme nommée Dorothy (Juno Temple) est kidnappée chez elle par deux malfrats qui ne s’entendent pas très bien et qui ont tendance à commettre des boulettes. Mais cette fois, la victime est au centre de l’histoire. Car malgré sa frêle silhouette et son teint pâlot, celle qui se fait appeler « Dot » est une vraie dure à cuire qui a dû apprendre à survivre face à la violence des hommes.

Désormais mariée et mère d’une fille, elle tente de refaire sa vie dans le Minnesota avec un mari doux comme un agneau (David Rysdahl), mais son passé la rattrape. Dans une autre vie, Dot a en effet été liée à Roy Tillman (Jon Hamm), un horrible shérif qui se croit au-dessus des lois fédérales et qui applique sa propre justice en refusant de rendre des comptes à quelqu’un d’autre que Dieu.

Des dettes à effacer

La pauvre Dot doit aussi faire face à Lorraine Lyon (Jennifer Jason Leigh), une belle-mère détestable, qui la méprise et est persuadée qu’elle a organisé elle-même son propre kidnapping pour lui demander une rançon – ça vous rappelle un certain film ? –, car Lorraine est aussi riche que paranoïaque.

Menacée par ces deux adversaires qui considèrent chacun qu’elle a une dette envers eux – un thème central de cet opus –, Dot doit se battre pour sa liberté. Et voilà qu’après le racisme dans son quatrième opus, la série s’attaque avec brio aux ravages du patriarcat. Mais en même temps, elle n’a peut-être jamais été aussi drôle.

C’est tout le paradoxe et le génie de Fargo : réussir à rendre désopilants des personnages parfois effrayants, et l’écriture déjà blindée d’humour noir de Noah Hawley bénéficie encore une fois de la présence d’un casting royal qui semble beaucoup s’amuser.

C’est le cas de Juno Temple (Ted LassoVinyl, The Offer), nommée aux Golden Globes pour le rôle et incroyable à la fois par la qualité de son accent à couper au couteau, et par la variété des émotions qu’elle parvient à transmettre avec son personnage allumé.

Une violence sèche toujours aussi glaçante

À l’inverse, Jon Hamm (Mad Men, The Morning Show et lui aussi nommé aux Golden Globes) est lui intégralement flippant en avatar cauchemardesque de tout ce qu’il y a de pire dans l’Amérique illuminée, et sa masculinité à l’ancienne va à merveille avec ce rôle de vieux mâle menaçant – malgré les inénarrables piercings qu’il porte sur ses tétons, car Fargo reste Fargo. Quant à Jennifer Jason Leigh (Weeds, Atypical, The Hateful Eight), elle incarne aussi avec beaucoup de gourmandise toute l’amoralité du capitalisme américain le plus débridé.

Ajoutez un fils de shérif pas très doué mais prêt à tout pour faire ses preuves (Joe Keery) et un tueur fou en liberté (Sam Spruell) qui rappelle le personnage de Javier Bardem dans No Country For Old Men (2007), et vous comprenez que Fargo reste aussi fidèle à sa noirceur originelle, d’autant que cet opus se démarque encore par des accès de violence toujours savamment réalisés qui glacent littéralement le sang – la tuerie de la station-service au premier épisode est un modèle du genre.

Heureusement, une policière locale toute gentille (Richa Moorjani de la série Mes Premières Fois) dans la tradition des personnages joués précédemment par Frances McDormand, Allison Tolman et Carrie Coon vient apporter un peu de réconfort et de légèreté, notamment avec sa perspicacité et son mari glandeur qui pense pouvoir devenir golfeur professionnel (Lukas Gage). Autrement dit, ce cinquième opus inespéré de Fargo a vraiment des allures de cadeau de Noël en retard.

Fargo opus 5 arrive dès le 18 janvier sur CANAL+.

Les opus 1 à 4 sont disponibles en intégralité via myCANAL.