La meilleure adaptation d’un jeu vidéo à l’écran ?
Renouvelée pour une deuxième saison, la série basée sur le chef-d’œuvre de Naughty Dog a été l’une des sensations de l’année dernière. À raison : The Last of Us version HBO n’est pas qu’une adaptation formidablement réussie, c’est une nouvelle référence du genre post-apocalyptique.
Depuis une quinzaine d’années, les séries pleines de zombies ont envahi le petit écran, avec plus ou moins de succès, à l’image des onze saisons forcément inégales de The Walking Dead (Netflix).
Survivre dans ce genre essoré constitue donc une gageure, mais The Last of Us n’est pas un « zombie show » comme les autres. Certes, il y est bien question d’un champignon (le cordyceps) qui a transformé la majorité de l’humanité en horribles créatures mutantes mangeuses de chair humaine.
Mais dans The Last of Us, la survie n’est pas un spectacle vain : c’est une manière de transformer subtilement deux personnages abîmés par l’apocalypse qui apprennent à recréer un lien humain et sont confrontés à des dilemmes moraux impossibles.
Joel (Pedro Pascal) et Ellie (Bella Ramsey) étaient évidemment déjà le cœur battant du jeu vidéo The Last of Us. La série l’a bien sûr compris, peut-être aidée par la présence au scénario de Neil Druckmann, le créateur du jeu du studio Naughty Dog, accompagné ici par Craig Mazin, l’homme derrière la grandiose Chernobyl (Max).
Dans The Last of Us version série, les zombies infectés – et toutes leurs variantes de plus en plus terrifiantes – sont donc évidemment présents, mais ils se font rares, car l’intrigue raconte d’abord le lent tissage d’une relation quasi filiale entre un pro de la survie très désenchanté et une ado maline et blagueuse forcée de grandir trop vite.
Une pression encore accrue par le fait qu’Ellie possède peut-être en elle la clé pour sauver l’humanité, prétexte au périple qui l’oblige à traverser avec Joel les Etats-Unis détruits et ses dangers souvent très humains (régime totalitaire, pillards, secte…).
En chemin, ce duo improbable fait parfois aussi de belles rencontres, comme dans le troisième épisode d’anthologie de la série – l’un des meilleurs de la décennie –, où Nick Offerman (The Resort) et Murray Bartlett (The White Lotus) donnent vie de façon bouleversante à un couple qui n’était que survolé dans le jeu vidéo.
L’excellente Melanie Lynskey (Yellowjackets, Candy) vient elle jouer un rôle terrifiant d’ambiguïté, mais les meilleurs arguments restent évidemment Pedro Pascal (The Mandalorian) et Bella Ramsey (Game of Thrones), dont la complicité inégalée permet quasiment à la série de rivaliser avec le jeu dont elle est adaptée.
S’ils n’avaient pas eu le malheur d’être nommés la même année que la dernière saison de Succession (Max), ils ne seraient d’ailleurs peut-être pas repartis bredouilles des Golden Globes et des Emmy Awards, où The Last of Us était abondamment nommée. Le maquillage prosthétique et les effets spéciaux de la série ont tout de même été récompensés, et ce n’est pas volé tant la série met une claque visuelle à la concurrence, même dans le genre post-apo à très gros budget.
En toute logique, le public a largement adhéré à cette adaptation aussi respectueuse qu’inspirée – aucun jeu vidéo n’a jamais eu droit à un traitement de ce niveau, en film comme en série –, et la deuxième saison – actuellement en tournage – basée sur le jeu The Last of Us Part II sera légitimement attendue comme l’un des événements de l’année prochaine. On prépare déjà le stock de mouchoirs.
The Last of Us épisodes 1 à 9 sur Max, disponible avec CANAL+.