Made For Love, la série à laquelle vous n’échapperez pas
En racontant comment une femme échappe à la puce neuronale que lui a implantée son mari, la série qui entame sa saison 2 s’attaque au patriarcat, à la surveillance technologique et à l’emprise sous toutes ses formes.
C’est l'une des séries les plus malines et les plus réussies du paysage audiovisuel qui reprend. Pour ceux qui auraient raté la première saison, l’intrigue est, en apparence, relativement simple : une jeune femme mariée à Byron Gogol, patron d’une puissante société high-tech, mène une vie de rêve jusqu’au jour où elle découvre qu’il lui a implanté une puce électronique dans le cerveau pour la localiser. Pire, cet implant lui permet également de la regarder en direct et de connaître ses «données émotionnelles» alors qu'elle tente de retrouver son indépendance. Dans la première saison, Hazel quitte donc le confort de son incroyable maison après dix ans de vie commune pour découvrir qu’il ne s’agissait que d’un univers virtuel à l’opposé de celui où elle se trouve maintenant. Celui d’où elle vient, un trailer park décati situé en plein désert où vit son père (Ray Romano) après la mort de son épouse.
Pour la saison 2, nous retrouvons Hazel Green (Cristin Milioti) qui a réussi son évasion et son divorce mais qui est confrontée à un épineux problème. Elle doit revenir dans le Hub de son ex-mari si elle veut sauver son père Herbert - un vieil homme un peu dingue, surnommé « Herb the perv » car il vit avec Diane une poupée gonflable grandeur nature - atteint d’un cancer. C’est toute l’intelligence de la série : inverser les efforts prodigieux réalisés par l’héroïne pour échapper à l’homme qui la domine dans la première saison. Or Gogol - Billy Magnussen, parfait en gourou high-tech ultra possessif au sourire commercial toujours aussi effrayant - est d’autant plus puissant qu’il a également créé une puce Made For Love dont il a été avec Hazel le beta testeur. Avec cet implant, leurs cerveaux ne font plus qu’un, chacun pouvant être à l’écoute des pensées et des émotions de l’autre. Surtout le temps du traitement de son père, la jeune femme qui a eu toutes les peines du monde à se libérer de l’emprise de son mari doit désormais vivre 12 semaines avec lui dans le Hub. Dès lors commence une périlleuse cohabitation entre les deux ex, l’un tentant de reconquérir ou de dominer à nouveau l’autre pendant qu’elle prend son mal en patience en lui rendant la vie infernale. Byron Gogol lui-même est sous pression car ses concurrents cherchent à faire chuter son empire technologique. Ils sont d’autant plus proches d’y parvenir qu’ils parviennent à infiltrer un individu sous couverture dans le Hub. Satire sociale, brûlot antitechnologique, critique du mariage et du patriarcat, comédie de mœurs, tout y passe dans cette série sans jamais sortir de route.
À ceux qui se demandent d’où vient un scénario aussi drôle qu’élaboré, il faut préciser que la série est inspirée par le roman du même nom d’Alisa Nutting dans lequel l’expression « Made for Love » prend tout son (double) sens : d’un côté, « fabriqué pour l’amour » comme le serait un objet ou une personne programmée et de l’autre, faits pour s’aimer comme deux êtres qui s’aiment vraiment. Cette profondeur est ici renforcée par le travail de la showrunneuse Christina Lee qui a dévoilé son programme : « Nous voulions raconter une histoire de science-fiction à travers une lentille féminine ». Autrement dit, nous sommes également face à la percée d’un regard féministe dans le monde ultra-masculin de la SF. Comme son héroïne, cette série sait vraiment tout faire…
Made for Love saison 2 disponible dès le 13 juin, seulement sur CANAL+.
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