Nina Meurisse, la révélation de Camille
Il y a des rôles forts qui marquent une carrière. Celle de Nina Meurisse a été particulièrement marquée par son incarnation de Camille Lepage, la jeune photographe de guerre française au destin tragique. Impressionnante dans ce film de Boris Lojkine (2019), elle n’aura pas manqué de se faire remarquer et récompenser durant l'année qui vient de s'écouler. Et ce qui est sûr, c’est que ce coup de projecteur lui promet une belle carrière.
Une carrière jeune, mais déjà riche
Il y a 20 ans que sortait le premier film avec Nina Meurisse. Originaire de Caen, elle a eu son coup de cœur pour le cinéma pendant le tournage de SAINT-CYR (Patricia Mazuy, 1999). Elle a alors 11 ans lorsque, à la suite d’un casting sauvage, elle joue son tout premier rôle aux côtés d’Isabelle Huppert, et qu’elle monte les marches du Festival de Cannes pour ce film. Plutôt pas mal pour une première expérience !
Après son Baccalauréat, elle se fait remarquer par le cinéaste Frédéric Mermoud et devient son actrice fétiche. Ce dernier lui a d’abord donné le rôle principal de son court-métrage L’ESCALIER (2002) et de sa suite, avant de la mettre en tête d’affiche dans son tout premier long-métrage, COMPLICES (2009), son second rôle sur grand écran, presque 10 ans après son premier.
Cette relation professionnelle importante et longue lui a ouvert des portes puisqu’elle enchaîne les rôles à la télévision, au théâtre, au cinéma. Elle marque les cinéastes avec qui elle travaille puisque certains lui repropose de nouveaux projets. Ainsi, par deux fois elle joue sous la direction de Sólveig Anspach, mais aussi d’Agnès Jaoui, qui l’inclue également à ses pièces de théâtre.
Et parce qu’elle va jusqu’au bout de sa passion pour le cinéma, elle s’est essayée à la réalisation en 2002, avec PETIT TRAITE DE MARKETING, un court-métrage récompensé du Prix de l’Humour au festival de Houlgate.
Bref, à 31 ans, elle a déjà une belle filmographie variée et non-genrée.
Camille, une responsabilité importante
Dans cette histoire vraie, on suit le reportage de la photographe de 26 ans en République centrafricaine, d’octobre 2013 jusqu’à sa mort, en mai 2014. Attachée au pays et aux habitants, elle témoignait de leur troisième guerre civile qui a opposé les forces de la Seleka, une rébellion venue du Nord musulman, contre les anti-Balaka, des groupes d’autodéfense chrétiens. Peu représenté au cinéma, ce conflit est ici porté à l’écran de manière réaliste puisque le film n’a pas peur d’être brutal malgré le sujet délicat.
Boris Lojkine a mis du temps avant de trouver la bonne comédienne pour son film, le rôle étant difficile à endosser. Outre sa ressemblance physique avec Camille qui a même troublé la famille Lepage, Nina Meurisse a été choisie pour son mélange d’innocence et de force intérieure qui définit le personnage. L’actrice portait en elle une responsabilité par rapport aux proches de la photographe, et elle s’est d’autant plus investie dans la préparation du rôle pour cette raison. Elle s’est intéressée au travail de Camille Lepage, a rencontré son entourage, et elle a beaucoup lu sur la Centrafrique ou encore le métier de photojournaliste. Au rendu, elle est crédible, ses gestes sont justes, et pour cause ! Elle a aussi pris des cours de photographie et a suivi des photographes de l’AFP pendant trois mois.
Une consécration méritée
Qu’on se le dise, les récompenses sont importantes pour une carrière. Très vite déjà, pour son premier rôle principal dans le court-métrage L’ESCALIER, elle a reçu le prix d’interprétation de divers festivals. Et en 2020, c’est la consécration. La justesse de sa performance dans CAMILLE lui a valu le Valois de la meilleure actrice au Festival du film francophone d’Angoulême 2019, et elle a été sacrée révélation féminine au Prix Lumières de la presse internationale 2020. La cerise sur le gâteau est bien sa nomination aux César 2020 comme Meilleur espoir féminin. Elle ne l'a pas remporté, mais on lui prédit d'autres nominations et d'autres victoires.
On peut dire que c’est un beau parcours pour quelqu’un qui ne se destinait pas au cinéma mais à la musique ! Ce qui est sûr, c'est qu’elle a bien fait de changer de voie.
Camille, disponible sur CANAL+