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ILLUSIONS PERDUES, le grand film français de l’année 2021

Posté par Alexis Lebrun le 20 septembre 2022

Premier réalisateur à oser adapter sur grand écran ce classique de l’œuvre de Balzac, Xavier Giannoli a été récompensé pour sa prise de risque. Reparti de la dernière cérémonie des César avec sept prix, ILLUSIONS PERDUES est un film d’époque ambitieux comme on n’en voit presque plus en France.

Paris, capitale des rêves brisés

Compte tenu de la longueur du roman éponyme publié par Honoré de Balzac de 1837 à 1843, Xavier Giannoli a logiquement fait le choix de n’adapter que la deuxième partie, UN GRAND HOMME DE PROVINCE À PARIS (1839). Il s’est tout de même fendu d’une courte introduction permettant de présenter les deux personnages principaux de l’histoire à Angoulême : le poète Lucien de Rubempré (Benjamin Voisin) et sa maîtresse Louise de Bargeton (Cécile de France), une femme mariée qui a quinze ans de plus que lui. À l’époque d’ILLUSIONS PERDUES, une telle audace fait évidemment scandale : nous sommes dans la France de la Restauration sous le règne de Louis XVIII (1815-1824).

Mais après les épreuves de la Révolution et de l’Empire, la haute société a soif de réjouissances. Lucien et Louise mettent donc les voiles pour la capitale, où ils espèrent pouvoir assouvir leurs ambitions. Mais ils tombent de haut et découvrent une haute société parisienne répugnante, guidée uniquement par la recherche du profit. Lucien a beau être un jeune idéaliste avec des aspirations littéraires plein les yeux, il se compromet en faisant la connaissance d’Étienne Lousteau, journaliste sans foi ni loi qui donne l’occasion à Vincent Lacoste de briller dans un rôle si amoral et éloigné de ses standards habituels qu’il en devient jouissif.

L’acteur a d’ailleurs remporté son premier César pour l’occasion, tout comme Benjamin Voisin, révélé dans UN VRAI BONHOMME (Benjamin Parent, 2020), et lauréat du César du meilleur espoir masculin. Des récompenses qui illustrent la qualité d’un casting de grande classe : également nommés, Jeanne Balibar, Xavier Dolan, Cécile de France et la révélation belge Salomé Dewaels sont remarquables, et accompagnés d’un certain Gérard Depardieu et de Jean-François Stévenin, malheureusement décédé quelques mois avant la sortie du film.

Une critique piquante de notre temps

Grosse production dotée d’un budget sérieux, ILLUSIONS PERDUES n’en fait pas n’importe quoi, puisque les décors essentiellement réels et les costumes d’époque – splendides tous les deux – ont aussi été récompensés aux César, où le film a d'ailleurs  battu le record de nominations de l’histoire de la cérémonie avec le total spectaculaire de quinze mentions, avant de s’imposer également dans les catégories meilleure adaptation, meilleure photographie et meilleur film, excusez du peu.

Véritable fresque tourbillonnante, ILLUSIONS PERDUES nous emporte par ailleurs complètement par la qualité de la mise en scène de Xavier Giannoli, qui nous fait traverser ce Paris pourri jusqu’à la moelle avec une virtuosité qui le rapproche de son idole, Martin Scorsese. Il réalise là son grand film sur l’ascension et la chute d’un homme, schéma scorsesien par excellence, dont le meilleur exemple récent, le chef-d’œuvre LE LOUP DE WALL STREET (2013) a visiblement beaucoup inspiré Giannoli pour ILLUSIONS PERDUES.

Et si le cinéaste français est connu pour être également un grand admirateur de RAGING BULL (1980), on peut aussi voir dans son film l’influence d’un film d’époque souvent négligé de Marty, LE TEMPS DE L’INNOCENCE (1993), et surtout d’un autre grand classique costumé signé Stanley Kubrick cette fois, BARRY LYNDON (1975). Quelques mois après la dernière adaptation en date de Balzac au cinéma, EUGÉNIE GRANDET (Marc Dugain, 2021), ILLUSIONS PERDUES vient enfin rappeler l’incroyable actualité du texte de l'auteur, puisque le film parvient à cibler très directement les travers actuels des médias et de la société du spectacle, tout en restant plutôt fidèle à l’œuvre originale de Balzac. C’est ce qu’on appelle une adaptation réussie, non ?

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La 48ème Cérémonie des César sera diffusée le vendredi 24 février 2023 à partir de 21h sur CANAL+ en clair, en direct et en exclusivité depuis L'Olympia