L'Amour Sans : peut-on s'aimer sans se rencontrer ?
S’aimer uniquement par téléphone, ça vous paraît inenvisageable ? Pourtant, les relations numériques ont le vent en poupe : 33% des Français auraient ainsi déjà eu un rapport sexuel virtuel… Et ce chiffre ne fait qu’augmenter.
L’Amour Sans pousse encore plus loin cette forme de romance contemporaine, puisque ses personnages font le pari d’entretenir une liaison sans jamais se voir ni se toucher. SMS, mails, notes vocales : pour Viviane et Libero, tous les moyens sont bons pour rester connectés et se séduire -mais pourquoi ce choix ?
Imaginer une série où les personnages ne se rencontrent pas et ne rencontrent pas non plus les spectateurs, c’était d’abord un pari d’écriture : peut-on caster des acteurs et leur faire jouer une romance sans les montrer à l’écran ?
“J’ai trouvé cette idée très excitante d’emblée” explique Maria Pourchet, scénariste de la série. “J’ai écrit sept livres, des scénarios pour la télévision et le cinéma, mais on ne m’avait jamais proposé quelque chose d’aussi neuf, avec cet enjeu de traduire une histoire entière par le son”.
Côté acting, Céline Sallette et Arthur Teboul, qui prêtent leurs voix aux personnages, n’ont pas hésité à sortir de leurs zones de confort. “Les dialogues ont été enregistrés grâce à des méthodes variées, allant de l’enregistrement en studio à des séquences jouées en plan-séquence, dans des décors et en conditions réelles” confie Benoit Dunaigre, le réalisateur.
Mais en empêchant ses personnages de se voir -et nous de les regarder, L’Amour Sans entend aussi réinventer le désir, en rappelant qu’il peut exister par delà les corps, et que l’intimité peut être numérique. Et puis, ne pas se voir, c’est aussi faire monter la frustration, et l’obsession.
“On va découvrir comment ils supportent puis désinvestissent cette limite aberrante, et jusqu’où ils explorent le potentiel érotique des mots et de la distance” analyse Maria Pourchet. “C’est l’amour sans le faire, sans se voir, mais c’est aussi l’amour sans vérité, sans certitude, sans habitude, à l’aveugle en tout... Une fois qu’on a retiré les éléments de contextes habituels (les autres, les conditions sociales, le toucher et la vue) atteint-on un point où l’on s’aime vraiment ? Ou alors, est-ce autre chose ?”