Comment « Hippocrate » a révolutionné la série hospitalière française
Réaliste, tendue, pas fleur bleue pour un sou… Il y aura un avant et un après « Hippocrate ». Voici pourquoi.
Quand on dit « série médicale », on pense tout de suite à la truculente H (1998-2002) ou à des séries américaines… Mais pas françaises. Hippocrate va définitivement changer la donne. Tout ce que l’on y voit pourrait se dérouler dans n’importe quel hôpital français.
Son réalisateur Thomas Lilti, déjà auteur d’un « triptyque médical » (Hippocrate le film, Médecin de campagne, Première année), est lui-même médecin. Il connaît parfaitement les rouages de l’hôpital et a souhaité simplement en montrer la réalité, de la manière la plus fidèle possible.
Bien sûr, bien qu’ultra réaliste, Hippocrate n’est pas un documentaire : la série, nerveuse, tendue, est dramatisée juste ce qu’il faut.
Ici, pas question de détailler la vie amoureuse de tout le monde comme dans certaines autres séries, ou de faire dans le sensationnalisme (il n’y a pas de Dr Romano qui se fait couper le bras par un hélicoptère !).
On suit les soignants au quotidien, les drames et les petits riens, et la relation si particulière qu’ils nouent avec leurs patients. Des moments d’intimité émouvants, qui font aussi la force de la série.
Les personnages sont tous crédibles : internes bons élèves, issus de la classe moyenne, qui représentent la méritocratie, FFI (faisant fonction d’interne) ou fils de médecin, à l’image d’Hugo, « comme près d’un étudiant sur deux en deuxième année », dit Thomas Lilti.
Les difficultés que rencontre l’hôpital public sont montrées sans fard (avec un sous-effectif et un manque de lits constants), tout comme le quotidien difficile des soignants. Hippocrate parle donc de la société française, avec subtilité.
Pour ne rien gâcher, la série est parfaitement interprétée par des acteurs de haut niveau, tous crédibles en blouse blanche, avec des comédiennes confirmées (Louise Bourgoin, Alice Belaïdi, Géraldine Nakache…), l’étoile montante du cinéma français Karim Leklou ou de jeunes talents comme Zacharie Chasseriaud. Bref, la série hospitalière française qu’on attendait!
Hippocrate, création originale, 8 épisodes de 52 minutes, sur CANAL+.