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Éric Bayle : « L’ambition était de traiter le rugby comme le football » - 40 ans de sports chez CANAL+

Posté par Clément Doucet le 11 novembre 2024

Rédacteur en chef et commentateur du rugby chez CANAL+, Éric Bayle retrace l’idylle entre le TOP 14 et la chaîne quarantenaire. Cet article est le deuxième de la série « 40 ans de sports chez CANAL+ ».

Voix de l’ovalie et premier visage de « Jour de Rugby », Éric Bayle n’a rien manqué des 30 dernières années du championnat de France. Et pour cause, le natif de Bayonne commente le TOP 14 (ou son ancêtre le TOP 16) sans interruption depuis 1995.  

Le rédacteur en chef du rugby chez CANAL+ revient sur la deuxième décennie de la chaîne, de 1994 à 2004, théâtre de la professionnalisation du championnat de France et de ses premiers pas à la télévision.

Quel était le quotidien d’un passionné de rugby comme vous, avant que CANAL+ ne diffuse le championnat de France au milieu des années 80’ ?

« Les jeunes ne le savent peut-être pas, mais avant que le championnat soit diffusé sur CANAL+, il y avait très peu de rugby à la télévision. Les matches diffusés concernaient essentiellement l’équipe de France avec le tournoi des Cinq Nations, quelques tests internationaux et de manière très ponctuelle, un match de championnat. Quand j’étais jeune, je me disais : "Quelle chance ont les amateurs de football ! ". Ils avaient des matches et des émissions, alors que l’amateur de rugby était totalement sevré ! »

Puis le championnat de France arrive sur CANAL+ en 1995, une première alors que le rugby se professionnalise tout juste. Comment s’est orchestrée cette arrivée ?

« La chaîne s’est rapidement intéressée au développement du rugby en diffusant quelques matches de championnat et de phase finale dès 1985… Mais cela restait limité jusqu’en 1995. »

« Cette année-là, la Fédération internationale de rugby décrète que le rugby n’est plus amateur et dans un même temps, Charles Biétry, directeur des sports de l’époque, négocie avec la FFR pour diffuser le championnat de manière régulière.

Le rugby est alors arrivé le samedi après-midi sur CANAL+, d’abord en alternance avec le basket. On est passé d’un match tous les 15 jours à un match par semaine… Puis on est maintenant à 15 matches par semaine en comptant la PRO D2 ! »

En redécouvrant les images aujourd’hui, ce rugby tout juste professionnel paraît lointain…

« La grande différence concerne les stades, qui étaient vraiment vétustes. Nous devions installer notre caméra dans les gradins les moins confortables afin d'avoir la plus belle tribune à l’image. Parfois il n’y avait qu’une seule tribune et il fallait donner l’impression que le public était venu en nombre… On voulait que ça soit joli à regarder ».

Et en plus des tribunes, vos caméras se sont rapidement installées dans les vestiaires.

« Les clubs ont compris l’intérêt de recevoir CANAL+ et nous ont tout de suite ouvert leurs portes. Cela nous a permis de passer un cap dans la captation de ces vestiaires beaucoup moins feutrés que dans le football ! Ça a donné la tonalité d’un sport très télégénique grâce aux bruits des crampons, aux causeries musclées et aux ralentis de placages très spectaculaires. »

« Il fallait avoir fait Polytechnique pour comprendre le championnat »

Pousser les portes des vestiaires, instaurer une proximité avec les joueurs…  Aviez-vous la volonté d’appliquer le savoir-faire du football au rugby ?

« L’ambition était de traiter le rugby comme le football. À la fois dans les moyens techniques, mais aussi dans l’exposition des matches grâce au lancement de « Jour de Rugby » en 1998. Pour la première fois, les amateurs de rugby pouvaient suivre une émission intégralement consacrée aux résumés, c’était une révolution ! »

En étant le principal partenaire du championnat, comment CANAL+ a pu contribuer à la professionnalisation du rugby à cette époque ?

« La vraie révolution arrive en 2004/2005 avec la création d’une poule unique. C’est une évolution pour laquelle CANAL+ a beaucoup poussé, pour une raison de compréhension. Avant cela, il fallait avoir fait Polytechnique pour comprendre le championnat. Là, comme au foot, on a un 1er, un 2e, un 3e…

Par la suite, l’instauration des points bonus et des barrages ont également relancé l’intérêt de la compétition. »

Les abonnés découvrent Serge Blanco dans un rôle de consultant, seulement 3 petites années après son dernier match professionnel. Ça a toujours été une volonté de s’entourer de grands joueurs ?

« Ça nous paraissait comme une évidence. On avait Michel Platini en football donc ça nous semblait logique d’engager Serge Blanco à un moment où on diffusait les Coupes du monde 1995 et 1999. Il a été le premier, puis Philippe Sella a suivi, comme Thomas Lombard, Marc Lièvremont… On a beaucoup de chances car le XV de France a vu passer de grands joueurs. »

La rivalité entre le Stade Français et Toulouse a-t-elle également contribué à faire connaître le rugby à la télévision ?

« Cette grosse rivalité faisait écho avec le Classique Paris/Marseille en football. Cela a poussé la médiatisation du championnat, tout comme Max Guazzini (président du Stade Français à l’époque, ndlr.) qui a décidé de faire jouer son équipe ponctuellement au Parc des Princes et au Stade de France. Ensuite est arrivé Biarritz, dans un championnat plus ouvert avec plusieurs équipes visant le titre, cela prouve que le championnat s’est développé ! »

« Je n’échangerais pas une finale de TOP 14 contre trois finales de Coupes du monde »

Vous étiez notamment aux commentaires pour le sacre de Biarritz en 2002. Commenter une finale a-t-il une saveur particulière ?

« J’ai eu la chance de commenter 25 finales et chacune d’entre elles est un événement considérable. C’est un parfum unique… Je n’échangerais pas une finale de TOP 14 contre trois finales de Coupes du monde !

Après quelques années de frustration, on a pu couvrir le championnat de A à Z à partir de 2000. C’était une petite révolution pour CANAL+ ! On a connu des moments homériques, de joies et de larmes. Je me souviens d’Aurélien Rougerie en pleurs après une demi-finale perdue. Une tristesse compensée quelques années plus tard par la fantastique liesse des Clermontois, qui avaient attendu un siècle pour pouvoir soulever leur premier bouclier de Brennus. »

En parallèle du championnat de France, pourquoi avoir misé sur la diffusion du Super Rugby ?

« Le Super Rugby a eu le même effet que la NBA sur le basket : Un même sport mais joué de manière différente et spectaculaire, c’était énorme ! On diffusait beaucoup de highlights à la mi-temps, ça a éveillé une prise de conscience en France.

Avec le championnat de septembre à juin, puis le Super Rugby et le Tri-Nations l’été, le soleil ne se couchait jamais sur la planète ovale chez CANAL+ ! »

Et cette situation fait écho au présent, puisque CANAL+ vient de diffuser son premier match d’Élite 1 féminine. Encore une fois, la chaîne est un réel pionnier.

« L’Élite 1 féminine me fait beaucoup penser au championnat masculin des années 90’. Quelques matches étaient déjà diffusés mais le moment est venu de suivre le championnat féminin avec les mêmes efforts dans la qualité des images, la mise en valeur des stades et du spectacle. »

Si CANAL+ célèbre ses 40 ans, l’ovalie sur CANAL+ fêtera ses 30 ans en 2025. C’est un grand temps fort qui arrive ?

« Le rugby sur CANAL+ a presque l’âge de la chaîne, mais cela était assez ponctuel au début. Le vrai décollage est arrivé en 1995 avec la couverture exhaustive du championnat. En juin 2025, au lendemain de la finale, nous célébrerons les 30 ans avec un documentaire nommé « L’Odyssée du TOP 14 ». Il reviendra sur la formidable évolution d’un championnat assez complexe et confidentiel, devenu l’un des feuilletons sportifs les plus suivis en France ! »

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