Isabelle Huppert, la reine de Cannes
Considérée comme l’une des meilleures actrices du monde, elle est aussi détentrice du record absolu de films présentés sur la Croisette. Alors que l’une de ses plus grandes performances (Elle) est à nouveau disponible sur myCANAL, retour sur les temps forts de la carrière cannoise exceptionnelle d’Isabelle Huppert.
Le 19 mai dernier, Isabelle Huppert était à Cannes pour présenter en compagnie de Hafsia Herzi LA PRISONNIÈRE DE BORDEAUX, nouveau film de Patricia Mazuy sélectionné à la Quinzaine des cinéastes.
Pour l’actrice la plus nommée de l’histoire des César, arpenter le tapis rouge du Palais des festivals est une telle routine qu’on ne compte plus le nombre de films cannois où elle apparaît au casting. Tout ce que l’on peut dire, c’est que le total dépasse la trentaine, et qu’il s’agit évidemment d’un record. Il faut dire que l’histoire d’Isabelle Huppert avec le festival a bien commencé.
Remarquée sur la Croisette dès ses premières apparitions il y a près d’un demi-siècle pour ALOÏSE (Liliane de Kermadec, 1975) et LA DENTELLIÈRE (Claude Goretta, 1977), elle empoche le Prix d’interprétation féminine en 1978 en incarnant la célèbre parricide VIOLETTE NOZIÈRE (Claude Chabrol). Le début d’une grande histoire d’amour avec les rôles de femmes ambivalentes et sulfureuses.
À l’époque, Isabelle Huppert est déjà repérée à l’étranger, et elle se retrouve en tête d’affiche du western cultissime de Michael Cimino, LA PORTE DU PARADIS (1980), mieux accueilli à Cannes qu’il ne le sera au box-office.
Mais la vraie consécration intervient en 2001 lorsque l’Isabelle Huppert remporte un deuxième Prix d’interprétation féminine pour son rôle complètement fou dans LA PIANISTE (Michael Haneke, 2001), où son personnage de prof de piano frustrée a une relation peu orthodoxe avec son élève joué par Benoît Magimel.
Le classique absolu de la carrière de l’actrice, qui retrouvera le réalisateur autrichien à Cannes en 2012 pour AMOUR, Palme d’or où elle joue la fille du couple mémorable formé par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva.
Mais le meilleur est encore à venir pour Isabelle Huppert, qui atteint peut-être le sommet de sa carrière en 2016 avec ELLE, où elle incarne une femme qui réagit de façon inattendue à un viol. Reparti étrangement bredouille du Festival de Cannes – où il a pourtant été acclamé –, le thriller de Paul Verhoeven a néanmoins permis à son actrice principale de remporter un César, un Golden Globe et d’être nommée pour la première fois aux Oscars.
Une reconnaissance plus que méritée pour ce rôle radioactif – qui d’autre qu’Isabelle Huppert pour relever ce défi avec succès ? – où elle déploie une palette de jeu d’une grande subtilité autour d’un personnage extrêmement complexe à cerner.
On peut en dire autant de son rôle dans EO, le chef-d’œuvre antispéciste du vétéran polonais Jerzy Skolimowski, Prix du jury à Cannes en 2022 – dont on ne s’est toujours pas remis aujourd’hui. Et quelque chose nous dit que ce n’est pas la dernière fois qu’un film avec Isabelle Huppert est récompensé sur la Croisette.