Oppenheimer ou la renaissance de Robert Downey Jr.
Vainqueur attendu de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle, l’ancien interprète d’Iron Man rappelle avec le film de Christopher Nolan qu’il est un grand acteur dont le talent a souvent été insuffisamment exploité. Mais Oppenheimer n’est peut-être que le début d’un nouveau chapitre artistique glorieux dans la carrière mouvementée de Robert Downey Jr.
Voler la vedette à Cillian Murphy n’est pas chose aisée, et ça l’est encore moins dans OPPENHEIMER, où l’acteur devenu une star grâce à PEAKY BLINDERS livre la performance de sa vie. Mais c’est exactement ce que Robert Downey Jr. réussit à faire en incarnant avec beaucoup de finesse Lewis Strauss, personnage controversé dont on apprend dans un twist dévastateur (SPOILER) qu’il est en fait le grand méchant qui conspire pour faire tomber le père de la bombe atomique après la guerre.
Totalement méconnaissable dans ce rôle où il est essentiellement filmé dans de superbes séquences en noir et blanc, Robert Downey Jr. rappelle avec ce personnage digne de Salieri dans AMADEUS qu’il peut parfaitement incarner des antagonistes complexes, et qu’il n’est pas condamné à jouer les gentils monodimensionnels comme il l’a si souvent (bien) fait chez Marvel en devenant une icône de la pop culture – et en rapportant des milliards – dans le costume d’Iron Man.
Mais le talent a toujours été là, et il était apparent dès le début de la carrière de cet acteur qui a commencé comme jeune premier au sein du fameux « Brat Pack » dans les années 1980, où il a joué dans une série de films pour ados. À l’époque, Robert Downey Jr. connaît une ascension rapide vers la gloire avec un premier grand rôle qui lui rapporte en 1993 une nomination aux Oscars, celui de Charlie Chaplin dans le biopic de Richard Attenborough.
Mais il se brûle les ailes et tombe dans diverses addictions, au point de faire carrément un séjour en prison. Heureusement, il entame au début des années 2000 une renaissance grâce à une productrice, sa future épouse (Susan Levin), et se retrouve à l’affiche de tout un tas de bons films plus ou moins indés, chez Richard Linklater (A SCANNER DARKLY), Shane Black (KISS KISS BANG BANG), George Clooney (GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK) et surtout David Fincher (ZODIAC).
La reconnaissance revient (l’acteur est de nouveau nommé aux Oscars pour son rôle dans le TONNERRE SOUS LES TROPIQUES de Ben Stiller), et le succès public aussi grâce à son interprétation musclée de Sherlock Holmes dans deux blockbusters de Guy Ritchie en 2009 et 2011. Mais le destin de Robert Downey Jr. change pour de bon lorsqu’il est casté pour incarner Iron Man dans le MCU, un rôle qu’il reprendra une dizaine de fois entre 2008 et 2019 et qui lui collera forcément à la peau toute sa vie.
Mais quelques années après la fin de son aventure très lucrative avec Marvel, Robert Downey Jr. a sans doute compris avec OPPENHEIMER que son avenir se trouve du côté du cinéma d’auteur – même à gros budget comme chez Christopher Nolan. Et le film de ce dernier le rappelle : il serait trop bête de gâcher plus longtemps les talents d’acteur de Robert Downey Jr. Vingt ans après le début de sa renaissance artistique, il est peut-être à l’aube du chapitre le plus glorieux de sa carrière.