La Malédiction : L'Origine, le préquel féministe d’un film d’horreur culte, ce soir à la TV
Près de 50 ans après l’apparition de la saga horrifique sur le légendaire Damien Thorn, la réalisatrice Arkasha Stevenson met en scène l’histoire de sa naissance dans La Malédiction : L'Origine, un film de body horror qui a des choses à dire sur la condition des femmes.
Ah, Rome… La ville éternelle. La capitale italienne est réputée pour la richesse de son patrimoine religieux… et pour sa concentration en ecclésiastiques. Rien d’étonnant donc si dans l'univers qui nous intéresse, la naissance de l’Antéchrist a lieu dans cette ville.
Souvenez-vous, en 1976, le monde entier était terrifié par Damien Thorn, l’enfant adoptif d’un ambassadeur américain, dans le film d’horreur LA MALÉDICTION (Richard Donner). Un phénomène tel au box-office qu’il engendrera trois suites, un remake et une série télé.
Près d’un demi-siècle plus tard, il est désormais temps de découvrir comment l’Antéchrist est né et LA MALÉDICTION : L’ORIGINE (Arkasha Stevenson, 2024) nous embarque donc à Rome en 1971, en compagnie de Margaret (Nell Tiger Free dans SERVANT sur Apple TV+), une orpheline américaine qui s’apprête à devenir une nonne.
Elle passe ses journées dans un orphelinat catholique où les jeunes filles sont éduquées d’une main de fer par un personnel plutôt flippant (Bill Nighy est un casting parfait en vieux Cardinal suspect), et les phénomènes mystérieux se multiplient d’ailleurs rapidement, notamment au contact de Carlita (Nicole Sorace), une orpheline plus âgée que les autres et qui a droit à un traitement de choc de la part de la vieille Sœur Silva (Sónia Braga).
L’intransigeance de ce personnel religieux tranche avec l’atmosphère de liberté qui règne alors dans les rues de Rome, car LA MALÉDICTION : L’ORIGINE prend place en pleine libération sexuelle. La jeunesse se détourne de l’autorité religieuse et manifeste pour obtenir davantage de libertés… La très prude Margaret se retrouve malgré elle au cœur de ce maelstrom, dont elle ne va évidemment pas ressortir indemne.
Également coscénariste, la réalisatrice Arkasha Stevenson fait forte impression par sa maîtrise du thriller psychologique et surtout du body horror. Les scènes d’accouchement donnent réellement des sueurs froides, et elles disent surtout beaucoup de la volonté du clergé et de la société traditionnelle de contrôler le corps des femmes.
Eh oui, LA MALÉDICTION : L’ORIGINE n’est pas un film d’horreur bébête : il évoque notamment l’avortement et le traumatisme du viol, ce qui le réserve plus que jamais à un public très averti. Mais même si ce voyage à Rome n’a rien d’une dolce vita, il vaut aussi le détour : la reconstitution du Rome des années 1970 est très réussie, de même que la photo faiblement contrastée aux couleurs chaudes, qui tranche avec le tout-venant des productions actuelles du genre horrifique.
Et si ce préquel vous donne envie de replonger dans la saga LA MALÉDICTION, sachez que les quatre premiers films sont visibles sur Disney+.
LA MALÉDICTION : L'ORIGINE, disponible sur CANAL+.