Voyez comme on danse, une suite seize ans après Embrassez qui vous voudrez
En France une suite à un film est souvent synonyme de succès. Dans certains cas, celle-ci peut être tournée très vite ; dans d'autres, il faut attendre plusieurs années. Pour Voyez comme on danse réalisé par Michel Blanc, il a fallu être patient : le film est sorti seize ans après Embrassez qui vous voudrez.
En France, au rayon comédie, quand il n'y a pas un seul film mais plusieurs, on remarque ces titres qui commencent par « Les » : Les Gendarmes, Les Bronzés, Les Visiteurs, Les Tuche, ou encore (et même s'il n'y en a eu que deux) Les Randonneurs. Il y a encore des titres avec des noms, comme Don Camillo ou Emmanuelle, des personnages qu'on a pu voir dans une flopée de films, façon « les nouvelles aventures de ». Quant aux « Astérix », ils s'inspirent de différents albums dudit Gaulois : ce sont par définition des « films séries », indépendants les uns des autres, des « fausses suites » ; les aventures sont bel et bien nouvelles. Pour ce qui est des sagas plus récentes, Taxi bien sûr écrase tout.
En somme, si comme aux États-Unis, les suites sont nombreuses en France elles s'avèrent souvent rentables. Peut-être qu'à l'ère du triomphe des séries, les spectateurs ont besoin de « suite », comme s'ils ne pouvaient plus se contenter d'un seul film.
Si beaucoup de réalisateurs savent que l'acteur ou l'actrice est pour beaucoup dans le succès d'un film, retrouver le même personnage est aussi un gage de triomphe. Au fond, peu importe qu'il soit grand, blond et avec une chaussure noire, on y va avec le même plaisir tant qu'il s'agit d'un film « de Pierre Richard ». Idem pour Pignon (ou Perrin) dans les films de Francis Veber : même s'il n'est pas joué par le même acteur, on retrouve le même personnage. Et, à l'arrivée, le succès est (souvent) le même.
Une suite peut fonctionner aussi bien que le premier film, si ce n'est mieux, un succès pouvant être d'abord cinématographique puis télévisuel et DVD (ou streaming), et la suite pouvant regrouper en masse tous ces spectateurs. Taxi 2 (Gérard Krawczyk, 2000), ce n'est pas deux fois plus de monde en salles mais tout de même : là où le premier volet (Gérard Pirès, 1998) a fait six millions et demi d'entrées (ce qui s'appelle un succès surprise), le second en a fait plus de dix millions (ce qui s'appelle un gros carton).
Face au succès d'un film, certains s'empressent d'écrire le script d'une suite, puis de la tourner, en profitant notamment de la cote de popularité des acteurs. D'autres en revanche attendent longtemps. Pour OSS 117 3 : Alerte rouge en Afrique noire, c'est un peu le cas ; réalisé par Nicolas Bedos, le film devrait sortir en 2021, soit douze ans après le deuxième volet des aventures d'OSS (OSS : Rio ne répond plus de Michel Hazanavicius, 2009).
Guillaume Canet a réalisé Nous finirons ensemble (2019) neuf ans après Les Petits mouchoirs (2010). Au milieu de son abondante production, Claude Lelouch, lui, est revenu avec la suite de son culte Un homme et une femme (1966) avec Un homme et une femme : Vingt ans déjà (1986) – le titre rappelle l'écart temporel – et l'an dernier avec Les plus belles années d'une vie, soit une trilogie qui s'étend sur cinquante trois ans.
Pendant longtemps, Michel Blanc n'était pas très partant pour faire Voyez comme on danse (2018). Seize ans après son film choral Embrassez qui vous voudrez (2002), le deuxième volet est passé par différentes versions de scénario – dix-huit au total. Et, même si certains personnages du premier n'ont pas pu faire partie de l'aventure, le long-métrage conserve un casting cinq étoiles (Karine Viard, Carole Bouquet, Charlotte Rampling, Jean-Paul Rouve, Jacques Dutronc...).Bref, des années de réflexion, une écriture ciselée et des acteurs de prestige : c'est ce qui s'appelle une suite de luxe.