Depuis Ma Sorcière Bien-Aimée, comment a évolué la représentation des femmes au foyer dans les séries ?
La femme au foyer a toujours été une figure incontournable des séries télévisées. Des années 1950 marquées par I Love Lucy à aujourd’hui, avec les héroïnes de Big Little Lies sur OCS, on décrypte pour vous sa représentation ainsi que son évolution à l’écran.
La saison 2 de Big Little Lies est à retrouver chaque semaine sur HBO aux États-Unis, en simultané sur OCS disponible avec CANAL+ en France. La série a délaissé son côté thriller de la première saison pour se concentrer sur ses portraits de femmes, des personnages complexes et passionnants, qui nous amènent à nous interroger sur la représentation et l’évolution de la femme au foyer à la télévision.
I Love Lucy, Ma Sorcière Bien-Aimée… Les pionnières
C’est en 1951 que la série télévisée, et plus particulièrement le genre de la sitcom, prend son envol grâce à I Love Lucy. Véritable pionnière, elle met en scène Lucille Ball dans le rôle de Lucy Ricardo, une femme au foyer new-yorkaise qui rêve de se lancer dans une carrière artistique. Mais son époux, Ricky, chef d’orchestre, ne l’entend pas de cette oreille. À une époque où les épouses sont censées avoir uniquement le bien-être de leur foyer à coeur, l’indépendance et l’extravagance de Lucy font l’effet d’une bombe sur le petit écran.
Les années 60 sont, quant à elle, marquées par Ma Sorcière Bien-Aimée et le personnage de Samantha. Membre d’une éminente société de sorcellerie, elle accepte d’abandonner ses pouvoirs magiques et de vivre comme une humaine, par amour pour son mari Jean-Pierre. En plus de rester à la maison comme une épouse modèle, elle renonce à une partie de sa nature pour le bien de son foyer… mais les situations auxquelles Samantha se retrouve confrontée l’incite parfois à recourir à la magie.
Dallas, Dynastie… Premiers changements
Dans les années 70-80, la très populaire (et toujours multi-rediffusée) Petite Maison dans La Prairie entretient ce schéma de la famille parfaite, avec la gentille épouse modèle Caroline Ingalls, qui reste à la maison pour le bien de son mari et leurs enfants. Les années passent, la société et les mentalités évoluent progressivement, et la représentation dans les séries s’en fait ressentir.
L’apogée des soap operas de prime-time, tel que Dallas et Dynastie, dans les années 80 donne un nouveau souffle et une pincée de décadence (symptomatiques d’un réel changement ?) à la femme au foyer. À côté de la douce Krystle Carrington qui a abandonné son job de secrétaire pour un statut de femme au foyer, dans la série Dynastie, on a l’ambitieuse et sulfureuse Alexis Colby. Érigée en « penchant féminin de J.R. dans Dallas », la diva incarnée par Joan Collins sera l’une des premières à entrer dans une salle de réunion exclusivement composée d’hommes pour prendre le contrôle de sa propre société. Du côté de Dallas, c’est Sue Ellen, l’épouse déchue de l’iconique J.R. Ewing, qui va peu à peu prendre son indépendance et déserter le foyer pour monter sa propre entreprise.
Ally McBeal, Desperate Housewives, Weeds… La révolution
Les années 90-2000 vont marquer un nouvel âge d’or des séries télévisées, une explosion des personnages féminins sur nos écrans, des protagonistes toujours plus élaborés et proches des téléspectateurs. La figure de la femme au foyer est peu à peu délaissée pour faire place à la working girl, femme active et indépendante, telle que Ally McBeal ou les héroïnes de Sex And The City. C’était sans compter sur Marc Cherry qui signe le retour en force de la femme au foyer, avec le lancement de Desperate Housewives en 2004 sur ABC aux États-Unis et en 2005 sur CANAL+ en France. Loin d’une Lucy Ricardo ou d’une Caroline Ingalls, les « housewives » brisent le mythe de l’épouse-mère modèle. Dans un autre genre, on peut citer Nancy Botwin, anti-héroïne de la série Weeds qui, pour subvenir aux besoins de sa famille, décide de vendre de la marijuana à son voisinage.
Big Little Lies, SMILF, Better Things… Réalistes et décomplexées
Ces dernières années, les séries télévisées font plus que jamais la part belle aux mères célibataires décomplexées, réalistes et attachantes. Toujours plus proches des téléspectateurs, elles s’appellent Bridgette Bird (SMILF), Sam Fox (Better Things), Madeline Martha Mackenzie ou encore Celeste Wright (Big Little Lies). Les scénaristes ne cherchent pas à enjoliver ou « glamouriser » leurs vies mais plutôt à les montrer comme elles sont dans la réalité. Ce sont avant tout des personn(ag)es, des vraies, avec leurs qualités et leurs défauts, leurs moments de joie et de tristesse. Qu’elles restent à la maison à temps plein, travaillent à mi-temps ou à plein temps, ces héroïnes des temps modernes font ce qu’elles veulent et ne cherchent l’approbation de personne.
Retrouvez la saison 2 de Big Little Lies à l'heure US sur OCS disponible avec CANAL+.