ARMY OF THE DEAD : Zack Snyder ressort les zombies pour un casse à Vegas
Quelques mois après la sortie du ZACK SNYDER'S JUSTICE LEAGUE, le réalisateur échappé des blockbusters de super-héros fait équipe avec Netflix pour revenir à son premier amour, le film de zombies.
Pour vous représenter le scénario d’ARMY OF THE DEAD (2021), il faut imaginer un mélange entre la trilogie de films de casse OCEAN’S, signés par Steven Soderbergh entre 2001 et 2007, et un bon film de zombies bien sanglant, avec en touche finale un petit message politique à peine dissimulé. Mais dans le dernier long-métrage de Zack Snyder, Brad Pitt, Julia Roberts et consort sont remplacés par une équipe de mercenaires avec des spécialités certes définies, mais qui sont surtout armés jusqu’aux dents, car le Las Vegas qu’ils arpentent n’est plus qu’un champ de ruines post-apocalyptique, peuplé d’une horde de zombies plus ou moins rapides. Et s’ils risquent leur vie entre les célèbres machines à sous de la ville, c’est pour mettre la main sur un pactole de 200 millions de dollars, bien cachés dans un des casinos. Et pour compliquer encore la tâche, l’heure tourne : le président américain (drôlement inspiré de Donald Trump) a décidé d’envoyer un missile nucléaire pour exterminer définitivement cette menace zombie, pour l’instant confinée à l’intérieur d’une immense zone de quarantaine.
C’est là que la dimension politique d’ARMY OF THE DEAD entre en scène, puisque la fille du héros joué par Dave Bautista bosse en tant que bénévole dans un camp de détention accolé à la ville – complètement entourée de murs – et où des familles mexicaines sont retenues sous prétexte qu’elles risquent d’être contagieuses (toutes les éventuelles références au Covid-19 sont involontaires, le film ayant été tourné avant l'épidémie). Pour autant, le long-métrage de Zack Snyder n’est pas du genre prise de tête, puisqu’il s’agit simplement d’un film de zombies tout ce qu’il y a de plus bourrin et régressif, avec de l’action et des fusillades à gogo, une bonne grosse dose de gore grâce notamment à certains zombies vraiment tordus, une pincée d’humour et de drame familial, une bande-son omniprésente composée de morceaux carrément dans le thème, et surtout un casting international où se distinguent l’allemand Matthias Schweighöfer et surtout la française Nora Arnezeder, géniale en tueuse badass à la Charlize Theron dans MAD MAX: FURY ROAD (GEORGE MILLER, 2015).
Ces dernières années, Zack Snyder a surtout fait parler de lui pour ses mésaventures avec Warner dans le cadre des films de super-héros qu’il a réalisés pour le DCEU (DC Extended Universe) : MAN OF STEEL (2013), BATMAN V SUPERMAN : L'AUBE DE LA JUSTICE (2016), et JUSTICE LEAGUE (2017), dont il a pu sortir cette année la version qu’il avait initialement à l’esprit avec le ZACK SNYDER'S JUSTICE LEAGUE (OCS). Ce n’est pas un secret, ces expériences de Snyder avec d’énormes blockbusters ont connu un succès plus que mitigé par rapport à leur objectif d’origine, à savoir concurrencer Marvel Studios. Il n’est donc pas très étonnant de voir le réalisateur américain revenir à ses origines avec ARMY OF THE DEAD, puisque son premier long-métrage sorti en 2004 (DAWN OF THE DEAD), était un remake de ZOMBIE (1978), un classique absolu du maître du film de zombies, George A. Romero, et le deuxième volet de sa fameuse « saga des zombies », entamée dix ans plus tôt avec la référence LA NUIT DES MORTS-VIVANTS (1968), que Snyder cite bien sûr encore comme une influence majeure aujourd’hui.
Si le remake de Snyder a été assez froidement accueilli par les fans de l’original à l’époque de sa sortie parce qu’il gommait le sous-texte politique du long-métrage de Romero, ARMY OF THE DEAD répare en partie cette erreur en rendant un hommage appuyé à cette dimension incontournable des films de zombies popularisés par le réalisateur mort en 2017. On y retrouve également une tonne de références aux classiques de l’horreur, la plus évidente étant ALIENS, LE RETOUR (James Cameron, 1986). Mais on pense bien sûr aussi aux classiques de John Carpenter, qu’il s’agisse de NEW YORK 1997 (1981) ou de THE THING (1982).
Ce n’est pas un spoiler de le dire, la scène finale d’ARMY OF THE DEAD est une fin ouverte qui pourrait facilement aboutir à une suite. Zack et Deborah Snyder (coproductrice du film) ont en tout cas déclaré être totalement partants pour cette idée dans une interview au site Indiewire. Et vu le succès rencontré par le film sur Netflix et la popularité actuelle des zombies dans la pop culture, on peut imaginer que la plateforme ne dirait pas non à une nouvelle collaboration avec le couple Snyder. Pour l’instant, deux projets ont en tout cas déjà été officialisés dans l’univers d’ARMY OF THE DEAD par Netflix. Il y aura d’abord la série animée ARMY OF THE DEAD: LOST VEGAS, qui permettra de comprendre comment la situation a dégénéré dans la ville avant les événements du film de Zack Snyder, avec le retour au doublage du casting principal.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’il y aura surtout la sortie cette année d’ARMY OF THIEVES un préquel sur le personnage très cool d’expert en coffres-forts Ludwig Dieter, dont l’interprète allemand Matthias Schweighöfer sera d’ailleurs le réalisateur. Il s’agira d’un long-métrage inspiré de THE ITALIAN JOB (Peter Collinson, 1969), film de casse qui a eu droit à un remake en 2003, sous la houlette de F. Gary Gray. L’histoire d’ARMY OF THIEVES se situera au début de l’apocalypse zombie dont on voit les conséquences dans le film de Zack Snyder. Le long-métrage devrait aussi lorgner du côté de la comédie romantique, et on sait d'ores et déjà que notre Jonathan Cohen national fera partie du casting, en espérant qu’il ne finira pas rapidement en zombie. En attendant, vous pouvez déjà prendre votre dose d’hémoglobine avec ARMY OF THE DEAD, mais seulement si vous avez le cœur bien accroché.