Hommage à Niels Arestrup : 10 films marquants d’un géant du cinéma
Niels Arestrup, figure incontournable du cinéma français, s’est éteint hier, laissant derrière lui une filmographie impressionnante. Acteur caméléon, il a marqué de son empreinte des rôles complexes, entre autorité, humanité et ambiguïté. À travers 10 films qui ont jalonné sa carrière, revenons sur les performances inoubliables de cet artiste d’exception.
Dans ce chef-d’œuvre de Jacques Audiard, Niels Arestrup incarne Robert, un père autoritaire et manipulateur, qui pousse son fils Tom (incarné par Romain Duris) à reprendre ses affaires troubles. Ce rôle dans De battre mon cœur s’est arrêté est une démonstration de la puissance d’Arestrup, capable de jouer un homme écrasant de froideur tout en laissant entrevoir une vulnérabilité enfouie. Sa relation toxique avec son fils est au cœur du film, un duel psychologique aussi fascinant qu’étouffant. Ce rôle lui a valu son premier César du Meilleur acteur dans un second rôle, récompensant une prestation mémorable qui continue de résonner.
Sous la direction de Jacques Audiard à nouveau, Niels Arestrup livre l’une des performances les plus marquantes de sa carrière dans Un Prophète. Dans le rôle de César Luciani, un parrain corse régnant sur une prison française, il incarne une figure à la fois terrifiante et charismatique. Sa relation ambiguë avec le jeune Malik (interprêté par Tahar Rahim) est au centre du film, oscillant entre mentorat, manipulation et trahison. Chaque scène qu’il habite est un concentré de tension, avec des silences qui en disent souvent plus long que les dialogues. Ce rôle lui vaut un deuxième César du Meilleur acteur dans un second rôle, confirmant sa capacité à magnifier des personnages complexes et troubles.
Avec Quai d’Orsay, Bertrand Tavernier donne à Niels Arestrup un rôle aux antipodes de ses habituels personnages sombres. Ici, il incarne Claude Maupas, un diplomate méthodique et imperturbable, confronté au chaos généré par un ministre des Affaires étrangères déjanté, interprété par Thierry Lhermitte. Son calme légendaire face à des situations absurdes donne lieu à des moments savoureux, où l’humour se mêle à une réflexion fine sur le fonctionnement des institutions. Ce rôle lui a valu son troisième César du Meilleur acteur dans un second rôle, preuve que même dans la comédie, il était capable de briller avec éclat !
Adapté du roman de Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut d’Albert Dupontel est une fresque mêlant drame et burlesque sur l’après Première Guerre mondiale. Dans ce film, Niels Arestrup incarne un personnage de pouvoir froid et calculateur, dont l’avidité contraste avec la détresse des anciens combattants. Sa présence imposante ajoute une gravité au récit, tandis que son jeu, tout en nuances, met en lumière les injustices de cette époque. Un rôle marquant dans une œuvre audacieuse qui illustre parfaitement son talent pour les personnages complexes.
Dans ce drame poignant réalisé par Gilles Paquet-Brenner, Niels Arestrup joue un rôle clé en tant que propriétaire d’un appartement lié à une histoire tragique de la Shoah. Tout en sobriété, il incarne un homme dont les souvenirs sont empreints de douleur et de regrets. Elle s'appelait Sarah, qui mêle enquête historique et drame intime, lui offre une nouvelle occasion d’explorer les méandres de l’âme humaine. Sa performance, à la fois discrète et bouleversante, est un hommage à la mémoire et à la résilience face aux tragédies du passé.
Dans ce thriller inspiré de faits réels, Niels Arestrup interprète un personnage pris dans l’engrenage d’une affaire d’espionnage qui secoue la Guerre froide. Son jeu, tout en retenue et en intensité, magnifie un récit où chaque geste et chaque regard comptent. En explorant les dilemmes moraux et les tensions politiques de cette époque dans L’affaire Farewell, Arestrup démontre une fois de plus sa capacité à donner une profondeur inédite à ses personnages, même dans des contextes de haute tension.
Dans Le scaphandre et le papillon, film de Julian Schnabel, Arestrup joue le père de Jean-Dominique Bauby, rédacteur en chef paralysé après un accident vasculaire cérébral. Avec une délicatesse infinie, il incarne un homme confronté à l’impuissance face à la souffrance de son fils. Sa performance est d’une rare justesse, pleine de douleur retenue et de tendresse pudique. Ce rôle, bien que secondaire, ajoute une dimension profondément humaine à un film déjà bouleversant.
Dans ce huis clos historique réalisé par Volker Schlöndorff, Arestrup incarne le général allemand von Choltitz, chargé de raser Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Face à André Dussollier, il livre une performance magistrale dans un face-à-face où chaque mot est une arme. Diplomatie, qui mêle histoire et réflexion morale, montre toute la complexité de son jeu, entre froideur militaire et questionnements intérieurs.
Sous la direction de Marco Ferreri, Arestrup explore un rôle inhabituel dans une histoire qui mêle poésie et absurdité. Bien que moins connu, Le futur est femme témoigne de son audace et de son goût pour des récits atypiques. Son interprétation, comme toujours, mêle sensibilité et présence imposante, donnant une profondeur unique à un univers décalé.
Réalisé par Sophie Marceau, Parlez-moi d’amour permet à Niels Arestrup de montrer une fois de plus son talent pour incarner des personnages subtils et nuancés. Ce drame intimiste explore les complexités de l’amour et des liens affectifs, avec une finesse rare. Arestrup y brille par sa capacité à faire passer une palette d’émotions en quelques regards ou silences.