Si les films de Noël vous filent le cafard, Winter Break est pour vous
Dans le pensionnat pour garçons de Barton, c’est le jour des vacances de Noël. Alors que tous les élèves s’apprêtent à partir rejoindre leurs familles, une poignée d’entre eux se voit contrainte de passer les fêtes au lycée, en raison de l’indisponibilité de leurs parents. Sous la supervision du professeur qu’ils aiment le moins, M. Hunham, un vieux garçon peu sympathique et très vieille école, les adolescents tentent bon gré mal gré de tirer parti de la situation.
Dès le départ, WINTER BREAK assume son envie de nous montrer l’envers du décor de Noël, et ce qu’il se passe lorsque l’on a nulle part où aller, pas de famille pour nous accueillir, et pas de sapin joliment décoré. En réunissant à l’écran une brochette d’anti-héros convaincants (un professeur esseulé, de jeunes garçons peu dégourdis ou au parcours scolaires accidenté, une infirmière endeuillée), le film d’Alexander Payne dépeint une réalité que l’on ne voit pas souvent à l’écran pendant cette période, sans jamais tomber ni dans le pathos, ni dans la complaisance.
Néanmoins, si WINTER BREAK ne fait pas dans le bon sentiment des comédies de Noël, il reste empreint d’une certaine douceur, pleine de nostalgie pour les années 1970 durant lesquelles se déroule l’action. Dehors, la neige tombe à gros flocons, et à l’intérieur, on fume la pipe dans une bibliothèque, en s’interrogeant sur ce que l’avenir nous réserve. Cet équilibre entre le chagrin et le charme était très important aux yeux d’Alexander Payne, le réalisateur, spécialiste des comédies dramatiques d’entre deux tons.
“Il y a un mot en grec, ‘harmolipi’, qui veut dire le bonheur et la tristesse ensemble, mélangés” expliquait-il à propos de l’ambiance de son film. “J’essaye de conserver une atmosphère comique dans mes films, même lorsque le sujet est dramatique, et de rester agile, charmant. La vie est comme ça, non ? C’est une image un peu mièvre, mais la vie n’est pas un ensemble de notes, c’est un chœur. Avec des notes mineures et des notes majeures. Harmolipi, douce-amère”.
WINTER BREAK ne propose donc pas aux spectateurs de réconciliations pleines d’émotions ni d’épiphanies sur l’amour, mais plutôt une vision alternative de ce que peut être la famille, celle que l’on choisit (plus ou moins) et qui, parfois, nous convient mieux que celle dans laquelle on naît. Ses héros, tous orphelins -de parents, de conjoints, d’enfants, sont profondément seuls au départ, mais réussissent bon gré mal gré à se comprendre et à se soutenir.
Porté par les très belles performances de Paul Giamatti, Da’Vine Joy Randolph (récompensée ici par l’Oscar de la meilleure actrice dans une second rôle) et Dominic Sessa, le film nous rappelle que, même dans les pires conditions, les fêtes de fin d’année sont ce que nous en faisons, et que chacun peut y trouver un peu de joie à sa façon. Et ça fait du bien.
Winter Break, à retrouver sur Canal+ ou en replay sur myCanal.