DUNE, le film de SF au format XXL
Rarement, un film de science-fiction aura créé une telle attente. Et le spectacle est à la hauteur : décors majestueux, images inoubliables, acteurs brillants. Le réalisateur Denis Villeneuve a réussi la mission impossible qui lui a été confiée.
C’est peu dire que c’était le film le plus attendu de l’année 2021. Tout d’abord parce qu’il s’agit de la dernière création en date de Denis Villeneuve, le réalisateur surdoué de BLADE RUNNER 2049 (2017), PREMIER CONTACT (2015) et SICARIO (2016), parce que c’est l’adaptation du roman de science-fiction le plus ambitieux des années 60 réputé impossible à transcrire à l’écran et parce que le casting est en or massif.
L’histoire se déroule en l’an 10191 quand le Duc Leto Atreides reçoit de l’Empereur la planète désertique Arrakis dans le cadre d’un accord de paix intersidéral. Également connue sous le nom de « Dune », cet astre est l’unique source de la substance la plus précieuse de l’univers, « l’Epice », une drogue qui prolonge la vie humaine, immunise contre les poisons et décuple les facultés mentales. Elle rend notamment possible la navigation interstellaire, base de toute l'économie impériale. Leto sait que ce don cache un piège tendu par ses ennemis, la baronnie Harkonnen qui exploite l’Epice depuis 80 ans. Néanmoins, il se rend sur place avec sa concubine, son jeune fils et héritier Paul et ses soldats les plus fiables afin de prendre le contrôle de l'extraction d’Épice. Extraction rendue de plus en plus périlleuse par la présence de vers de sable géants. Et d’une mystérieuse population autochtone, les Fremen en attente du Mahdi, le messie qui les libérera de l'oppression de l'Imperium. Voilà pour le début de l’intrigue d’une histoire hors-norme, si vaste qu'elle nécessitera un second film alors qu'elle ne couvrira que le premier des cinq volumes de la saga écrite par Frank Herbert. A l'arrivée, on a rarement vu de film de science-fiction aussi ambitieux à l’image depuis ALIEN et BLADE RUNNER de Ridley Scott, 2001, ODYSSEE DE L’ESPACE de Stanley Kubrick. Pour le dire franchement, la franchise STAR WARS fait petit joueur en comparaison. Dès la scène d’arrivée de la Maison Atréide sur Arrakis, on reste bouche bée devant la beauté des costumes, des vaisseaux et des paysages déployés devant nous. C’est que Denis Villeneuve a vu les choses en grand. Pour preuve, son casting rassemble la crème du cinéma mondial, Timothée Chalamet, Jason Momoa et Zendaya pour la nouvelle génération, le brillant Oscar Isaac dans le rôle du Duc, une étonnante Charlotte Rampling dans le rôle d’une Révérende Mère, membre d’une puissante secte exclusivement féminine, le dur à cuire Josh Brolin en précieux homme de main et Javier Bardem en rebelle des sables. Et encore, on en passe…
Surtout, DUNE réussit là où l’adaptation du roman par David Lynch avait été incomprise dans les années 80 et là où le projet fou du scénariste et réalisateur Alejandro Jodoroswky n’avait jamais pu aboutir. En d’autres termes, Denis Villeneuve a réussi une mission réputée impossible : reconstituer de manière crédible à l’écran un univers complexe et le rendre aussi fascinant que dans le roman initial. Ainsi, même les éléments les plus spectaculaires comme les vers géants du désert et le baron Harkonnen sont criants de vérité et Timothée Chalamet réussit à incarner un héros de SF – ce qui n’était pas certain sur le papier. Dans ces conditions, il est logique que son film ait été couronné, entre autres récompenses internationales, de six Oscars: meilleurs effets visuels, meilleurs décors, meilleure musique originale, meilleur montage et meilleur son. Et certainement plus encore dans le reste de l'univers.