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Zodiac est-il le meilleur « serial thriller » de David Fincher ?

Posté par Alexis Lebrun le 27 mai 2024

Depuis sa sortie en 2007, le sixième long-métrage du réalisateur américain n’a cessé de voir sa réputation grandir, au point d’être considéré aujourd’hui comme l’un de ses meilleurs films. Pourquoi tant d’amour pour ce récit de la traque du « Zodiac Killer » ?

Un thriller à combustion lente

La sortie il y a quelques mois de THE KILLER sur Netflix – avec un Michael Fassbender terrifiant dans le rôle principal – a rappelé à tout le monde l’obsession de David Fincher pour les tueurs en série. Avec son premier grand film (SEVEN), il a lancé en 1995 la mode des « serial thrillers », et il y est régulièrement revenu depuis, évidemment sur sa série MINDHUNTER (Netflix) mais aussi sur THE GIRL WITH THE DRAGON TATTOO (2011), son excellente adaptation un peu sous-estimée de Stieg Larsson.

À sa sortie, ZODIAC n’a pas non plus été reconnu à sa juste valeur : snobé par le jury cannois de la Palme, il a aussi déçu au box-office. On comprend aisément pourquoi : c’est un film lent – plus de 2h30, ce qui était beaucoup plus rare à l’époque qu’aujourd’hui – où l’on voit essentiellement les protagonistes enquêter dans des bureaux, à la manière de Dustin Hoffman et Robert Redford dans LES HOMMES DU PRÉSIDENT (Alan J. Pakula, 1976).

Le film de la maturité

Mais quelle enquête ! L’intrigue de ZODIAC s’étend sur quasiment trois décennies pour raconter comment la baie de San Francisco a été traumatisée par les meurtres du tueur du Zodiaque à partir de 1968. Des assassinats que Fincher a décidé de filmer au ralenti avec une sécheresse glaçante qui évite l’esthétisation de la violence à l’œuvre dans SEVEN.

Car ici, tout est vrai, ou presque, et la photographie – vernie d’une belle patine intemporelle mais volontairement très « grise » – du grand Harris Savides est là pour le rappeler, appuyée par une reconstitution à se pâmer de la Californie de l’époque – bande-originale comprise.

Plus largement, David Fincher atteint sur ZODIAC une forme de maturité inédite reflétée par son récit linéaire et sa mise en scène – d’une grande fluidité et qui évitent les effets de manche certes jouissifs de son PANIC ROOM (2002) par exemple.

Une obsession très actuelle

Pour la première fois, le cinéaste célèbre pour son perfectionnisme a aussi tourné avec une caméra numérique, ce qui lui a permis de s’en donner à cœur joie dans la multiplication des prises : la légende raconte que Jake Gyllenhaal a été exaspéré de répéter la même scène des dizaines et des dizaines de fois. Ce qui est certain, c’est que le résultat en valait la peine.

On pourrait regarder le trio de choc composé de Mark Ruffalo (le flic Dave Toschi), Robert Downey Jr. (le journaliste Paul Avery) et Jake Gyllenhaal (le dessinateur Robert Graysmith, dont les livres ont servi de base au scénario), discuter pendant des heures du déchiffrage des symboles se trouvant sur lettres envoyées par le tueur du Zodiaque au journal San Francisco Chronicle, jusqu’à flirter parfois avec les limites de la folie.

Car au fond, David Fincher fait avec ZODIAC bien plus que raconter la traque d’un serial killer : il met en scène la fixation de ses personnages et de la Californie de la fin des années 1960 sur une figure aussi menaçante qu’insaisissable. Mais leur obsession est aussi la sienne et surtout la nôtre aujourd’hui pour tous les tueurs en série. À part sur le chef-d’œuvre THE SOCIAL NETWORK (2011), il n’a jamais fait mieux.

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