Élémentaire, mon cher Watson : 50 films pour mener l’enquête sur CINÉ+
Du 1er avril au 14 mai, les chaînes CINÉ+ enfilent la cape et la casquette de Sherlock Holmes, pour vous proposer plus de 50 films et autant d’enquêtes à résoudre. Alors si vous ne résistez pas à l’envie de vous triturer la cervelle et de vous ronger les ongles devant votre télévision, mais que vous ne savez pas par quels films commencer, suivez notre détective, on a quelques pistes pour vous.
À tout seigneur tout honneur : on ne peut pas commencer avec un autre film que celui qui a redonné récemment un coup de fouet au genre du « whodunit », forme de Cluedo de la fiction, où le but pour un détective et le public est de débusquer – à l’aide des indices révélés progressivement – un meurtrier parmi une multitude de suspects, de préférence dans un lieu fermé. C’est exactement ce qu’a réalisé brillamment Rian Johnson en 2019 avec À COUTEAUX TIRÉS, dans lequel Daniel Craig joue le rôle de l’enquêteur un peu fantasque, après le meurtre d'un patriarche (feu Christopher Plummer) aussi âgé que riche, le soir de sa fête d’anniversaire en famille, dans le vieux (et immense) manoir qu’il possède.
Tous les membres de la famille et donc les héritiers potentiels présents sont suspectés, d’autant qu’ils ont tous une raison d'en vouloir à la victime. Heureusement, notre détective peut compter sur l’aide de l’infirmière du patriarche (jouée par la star en devenir Ana de Armas) pour démêler cette affaire complexe et avec tellement de twists que vous aurez bien du mal à deviner l’identité de l’assassin. Ce carton du box-office qui a fait l’unanimité un peu partout est un modèle du genre, porté par un casting cinq étoiles, avec un humour et des dialogues aussi tranchants que le scénario.
Edward Norton a lui aussi remis au goût du jour un genre presque aussi vieux que le cinéma avec BROOKLYN AFFAIRS (2019) : le film noir. Il y joue un détective privé souffrant du syndrome de la Tourette, dont le meilleur ami et mentor est tué lors d’une enquête, juste devant ses yeux.
Notre héros se jure donc de trouver le coupable, mais il se retrouve rapidement confronté à une affaire qui le dépasse, car elle concerne l’ensemble du New York des années 1950, superbement reconstitué dans le film. Avec son enquête sinueuse et tentaculaire, dont la dimension politique fait aussi écho à plusieurs problèmes très actuels aux Etats-Unis, et sa musique envoûtante, BROOKLYN AFFAIRS est à voir absolument, que l’on soit nostalgique ou pas de l’âge d’or des films noirs.
Tout aussi incontournable, ROUBAIX UNE LUMIERE (Arnaud Desplechin, 2019) n’a pas rapporté le César du meilleur acteur 2020 à Roschdy Zem pour rien. L’acteur y incarne un commissaire de police de Roubaix, confronté à une affaire sordide : le meurtre d’une femme âgée, étranglée dans son lit pour une raison qui nous échappe. Rapidement, deux femmes – jouées par Léa Seydoux et Sara Forestier – sont suspectées et leur profil interroge.
Ces deux amantes vivent dans la misère sociale, l’abus d’alcool et de drogues, mais elles sont surtout voisines de la victime… Entre son enquête glauque à souhait et toute la dimension sociale qui le sous-tend, ROUBAIX, UNE LUMIÈRE est un film éprouvant mais nécessaire, dont on ne sort pas indemne.
Pourquoi s’embarrasser d’un acolyte quand on fait mieux le boulot tout seul ? C’est le leitmotiv de la figure de l’enquêteur solitaire, une figure récurrente de la fiction et du cinéma policier. Dans le très absurde QUI A TUÉ LADY WINSLEY ? (Hiner Saleem, 2019), une écrivaine américaine est tuée alors qu’elle se trouve sur une petite île turque.
L’inspecteur Fergan (Mehmet Kurtulus) débarque d’Istanbul pour élucider ce meurtre tout seul, mais il doit affronter la résistance de la communauté locale qui vit en vase clos et est soudée comme une famille. Une enquête à l’humour noir aussi réjouissant que le casting.
Nettement moins léger, dans THE PLEDGE (2001) – son troisième film en tant que réalisateur –, Sean Penn met Jack Nicholson dans la peau d’un flic qui s’apprête à partir à la retraite, mais qui se fait finalement un devoir de résoudre une dernière affaire horrible : trouver le responsable du viol et du meurtre d’une jeune fille de huit ans, retrouvée en partie recouverte de neige dans une chaîne montagneuse du Nevada.
Accompagné par un casting de rêve (Patricia Clarkson en mère en deuil, Benicio del Toro en coupable idéal, mais aussi Aaron Eckhart, Helen Mirren ou encore Robin Wright), cette enquête est une plongée suffocante dans l’Amérique profonde.
À peine plus respirable, COPLAND (1997) permet au réalisateur James Mangold de mettre Sylvester Stallone dans la peau d’un shérif sourd d’une oreille, et qui ne peut que rêver de rejoindre le NYPD. Le malheureux doit se contenter de tâches subalternes dans une ville du New Jersey où vivent justement de nombreux agents du NYPD, ces derniers n’hésitant pas à abuser du profilage racial et de la corruption dans ce petit coin qui semble leur appartenir. Ils vont même jusqu’à couvrir une grave bavure, mais c'est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.
Alors qu’ils ne prenaient pas au sérieux le shérif, ce dernier va peut-être pour la première fois arrêter de détourner le regard… Un très bon thriller lui aussi servi par un casting avec la crème des années 1990 et au-delà : Harvey Keitel, Ray Liotta et Robert De Niro.
Si l’enquêteur solitaire est un grand classique du film policier, on ne compte plus non plus les duos de détectives qui sont restés dans l’histoire du septième art. Difficile de ne pas ouvrir le bal avec celui qui est peut-être le plus célèbre du monde : Sherlock Holmes et son fidèle docteur Watson, les héros des romans d’Arthur Conan Doyle, adaptés maintes et maintes fois au cinéma et à la télévision.
En 2009 et 2011, Guy Ritchie a cartonné au box-office avec ses adaptations hollywoodiennes, SHERLOCK HOLMES ET SHERLOCKS HOLMES : JEU D’OMBRES, où Watson est interprété par Jude Law, et Holmes par Robert Downey Jr. On y retrouve la patte singulière du réalisateur britannique, qui met l’accent sur l’action, avec des scènes de combats très chorégraphiées, slow-motion et voix-off de Sherlock à l’appui, tandis que Jude Law apporte tout son flegme anglais pour compléter la version très physique de Holmes jouée par Robert Downey Jr.
Après Arthur Conan Doyle, place à une autre référence du genre avec Agatha Christie, dont les deux détectives Tommy et Tupence Beresford ont été incarnés par André Dussolier et Catherine Frot dans plusieurs films français de Pascal Thomas – le dernier en date étant ASSOCIÉS CONTRE LE CRIME (2012), adapté de la nouvelle LA FEMME DISPARUE.
Une enquête avec une bonne dose de comédie, et parfaitement recommandée pour un visionnage en famille.
Beaucoup moins grand public, JENNIFER 8 (Bruce Robinson, 1993) associe Andy Garcia et Uma Thurman, dans un thriller où un inspecteur dont le mariage vient d’exploser doit enquêter sur une histoire de meurtre dans une zone rurale du nord de la Californie, avec une particularité : la victime était aveugle.
Notre inspecteur fait donc équipe avec une femme non-voyante qui la connaissait, et qui pourrait bien être la prochaine sur la liste… Un duo improbable avec trois acteurs qui valent à eux seuls le détour, puisqu'il faut ajouter l'irrésistible John Malkovich à l'équation.
Dans le genre duos d’enquêteurs, les scandinaves ne sont pas manchots non plus. Avec la trilogie de films MILLÉNIUM sortis entre 2009 et 2010, les suédois ont en effet montré qu’ils étaient les mieux à même d’adapter l’œuvre très populaire de leur îcone nationale Stieg Larsson, en confiant à Noomi Rapace le rôle de l’enquêtrice et hackeuse surdouée Lisbeth Salander dans MILLÉNIUM (Niels Arden Oplev, 2009), MILLÉNIUM 2 : LA FILLE QUI REVAIT D'UN BIDON D'ESSENCE ET D'UNE ALLUMETTE (Daniel Alfredson, 2009) et MILLÉNIUM 3 : LA REINE DANS LE PALAIS DES COURANTS D'AIR (Daniel Alfredson, 2010).
Accompagnée d’un journaliste nettement moins rock’n’roll qu’elle – le très posé Mikael Blomkvist (Michael Nyqvist) –, elle enquête dans le premier épisode sur la disparition vieille de plusieurs décennies d’une jeune fille issue d’une richissime famille suédoise qui vit un peu coupée du monde sur une île enneigée. Et l’enquête prend rapidement un tournant bien glauque, puisque le duo découvre qu’un serial killer spécialisé dans le meurtre et la mutilation des jeunes femmes se cache parmi cette famille, où l’on trouve aussi quelques sympathisants nazis. Ambiance…
Également adaptés d’une série de romans policiers – cette fois signés de l’auteur danois Jussi Adler-Olsen – trois films de la licence LES ENQUÊTES DU DÉPARTEMENT V sont disponibles : PROFANATION (Mikkel Nørgaard, 2014), DÉLIVRANCE (Hans Petter Moland, 2016) et DOSSIER 64 (Christoffer Boe, 2018). Chaque long-métrage réunit un duo formé par Carl et Assad, deux flics qui créent le "Département V" de la police de Copenhague, au sein duquel ils s’occupent uniquement de "cold cases", des anciennes affaires classées mais pas résolues.
Obstiné et impulsif, Carl (Nikolaj Lie Kaas) est un inspecteur mis au placard en raison d’une grosse bavure, ce qui lui permet de rencontrer le très zen et malin Assad (Fares Fares) aux archives du commissariat où il est assigné – ce dernier devenant son assistant. Un duo dont l'alchimie et le succès repose sur l’asymétrie de ses membres, comme c’est le cas aussi dans les films MILLÉNIUM.
Dans la catégorie enquête policière, peut-on faire mieux que le thriller épique de David Fincher sur le célèbre tueur du Zodiaque de San Francisco, qui sévissait dans la baie de la ville il y a une cinquantaine d’années ? ZODIAC (2007) est un chef-d’œuvre pur et simple, avec un trio de rêve au casting : Jake Gyllenhaal, Mark Ruffalo et Robert Downey Jr.
La réalisation et la photographie sont à tomber par terre – sans parler de la reconstitution historique du San Francisco de l’époque – mais ZODIAC reste surtout une enquête incroyablement prenante de près de trois heures, avec une conclusion surprenante pour les standards du genre à Hollywood. On a failli oublier : la bande-originale est incroyable. Bref, en deux mots : regardez ZODIAC.
Collaborateur de Fincher sur THE SOCIAL NETWORK en 2010, Aaaron Sorkin cosigne le scénario de MALICE (Harold Becker, 1993), un thriller dans lequel un violeur et tueur en série est recherché par la police, tandis qu’un médecin flippant joué par Alec Baldwin fait des misères au couple formé par Nicole Kidman et Bill Pullman…
Un film au scénario complètement fou, marqué par des rebondissements improbables.
Dans le même genre, LES RIVIERES POURPRES (Mathieu Kassovitz, 2000) a laissé de sacrés souvenirs avec sa mise en scène coup de poing, son histoire de mystérieux meurtres en série dans les Alpes françaises, et son sacré duo d’enquêteurs étrangement assortis (Jean Reno et Vincent Cassel).
Changement de décor en revanche avec BLACK COAL (Diao Yi'nan, 2014), un superbe polar dans lequel plusieurs victimes liées à une même femme sont retrouvées mortes dans la région chinoise de la Mandchourie, plusieurs années après la découverte de morceaux de corps dispersés un peu partout dans le coin.
Ambiance sombre et frissons garantis.
Enfin, si vous avez transpiré devant le suspense insoutenable de certains des films ci-dessus et que vous avez besoin de vous détendre un peu, vous pouvez heureusement le faire avec les trois films qui suivent.
Le récent KINGSMAN : SERVICES SECRETS (Matthew Vaughn, 2015) mélange ainsi humour et espionnage en mettant Taron Egerton dans la peau d’un jeune malfrat aussi talentueux qu’impétueux, choisi pour devenir agent secret britannique et suivre un programme d’entraînement très corsé, avant d’affronter un richissime mégalo incarné par Samuel L. Jackson. Porté aussi par un Colin Firth jouissif, le film dynamite avec succès les codes de James Bond, avec un humour qui fait mouche et des scènes d’action de haute voltige.
Et si les héros têtes brûlées sont votre tasse de thé, pourquoi ne pas (re)voir l’un des films les plus emblématiques des années 1980, LE FLIC DE BEVELRY HILLS ?
En 1984, le réalisateur Martin Brest a fait d’Eddie Murphy une star internationale en lui confiant le rôle mythique de l’inspecteur Axel Foley, qui part de Detroit pour enquêter chez les nantis de Beverly Hills sur la mort d’un ami.
Tout aussi culte, MISS DETECTIVE (Donald Petrie, 2000) a permis à Sandra Bullock de briller dans le rôle d’une agente du FBI plutôt très masculine, mais qui est choisie pour infiltrer en tant que candidate l’élection de Miss USA, où un terroriste menace de faire exploser une bombe.
Un film assez avant-gardiste, puisqu’il remettait déjà en cause il y a plus de vingt ans les stéréotypes de genre, le tout avec un humour assez féroce.