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La saison 2 de Love Life (OCS) est un petit bijou de comédie romantique moderne

Posté par Alexis Lebrun le 26 décembre 2021

Après une première saison sympathique passée en compagnie d’Anna Kendrick, la série de Sam Boyd passe à la vitesse supérieure cette année. En se frottant à des sujets d’actualité brûlants et en s’interrogeant sur l’identité noire, Love Life est devenue bien plus qu’une « simple » comédie romantique, et c’est l’une des meilleures surprises de cette fin d’année 2021.

La vie après le divorce

Love Life étant une anthologie, cette deuxième saison s’intéresse à des personnages complètement différents. Exit donc le personnage très classique de Darby, jeune femme obsédée par la recherche de l’âme sœur, bien incarné par Anna Kendrick dans les dix premiers épisodes de Love Life. On découvre pourtant le héros de cette saison 2 (Marcus) à l’occasion du mariage de Darby et Magnus. Première surprise : Marcus est marié, et depuis de nombreuses années déjà, avec une femme nommée Emily. Mais cette union bat sérieusement de l’aile et n’en a plus pour longtemps, puisqu’à la suite d’un flirt un peu trop poussé avec une femme rencontrée au mariage de Darby, Marcus est contraint d’accepter la demande de divorce d’Emily.

Après s’être marié jeune, le voilà de retour sur le grand marché de la drague, et il éprouve bien sûr quelques difficultés d'ajustement avec la vie de célibataire, compte tenu de toutes ces années de vie commune. Néanmoins, la structure narrative de Love Life reste la même que celle qui avait fait le succès de la saison 1 : chaque épisode est centré sur une rencontre amoureuse de Marcus avec une femme différente, le tout entrecoupé d'ellipses plus ou moins longues. Mais alors que l’on savait dès le début de la première saison que Darby allait finir par trouver chaussure à son pied lors de l’ultime épisode, nous n’avons pas vraiment la même assurance cette fois-ci. Et pour cause : même si elle est souvent extrêmement drôle, cette deuxième saison de Love Life est évidemment beaucoup moins légère que la première, compte tenu de ses prémices.

Questionnements identitaires

Là où la première saison de Love Life pouvait en effet sembler parfois un peu trop classique, cette saison 2 opère un virage bienvenu en mettant en scène des personnages et des situations que l’on a beaucoup moins l’habitude de voir dans des comédies romantiques. Dès le premier épisode, Marcus s’interroge ainsi sur son identité en tant qu’homme noir, et la manière dont il est perçu par son entourage. Sa femme et un auteur noir en devenir (Marcus est éditeur) le comparent à Barack Obama, mais ce qui est vu comme un compliment pour la première n’en est pas un pour le deuxième.

Les relations compliquées de Marcus avec ses parents sont aussi évoquées de façon intéressante, puisque ces derniers n’ont jamais vraiment accepté son mariage mixte avec Emily, au point de lui donner le sentiment du rejet. Résultat, Marcus ne sait plus trop qui il est, ni ce qu’il veut, ce qui ne peut que compliquer sa vie intime. Plus largement, cette deuxième saison de Love Life surpasse largement la première dans son écriture, en explorant comme on le voit rarement et avec beaucoup de subtilité ce que c’est d’être noir aujourd’hui aux Etats-Unis. Le sujet de Black Lives Matter est traité avec la même délicatesse, et l’intégration réussie du Covid à l’intrigue est aussi à saluer.

William Jackson Harper, l'homme de la situation

Si cette saison 2 est une telle réussite, c’est aussi évidemment grâce au charisme et au charme discret de son acteur principal, qui se révèle ici dans un premier rôle après avoir longtemps fait le bonheur des fans de The Good Place (Netflix) puis joué dans deux excellents films de 2019 (Midsommar et Dark Waters), avant d’apparaître dans l’une des meilleures mini-séries de cette année, The Underground Railroad. William Jackson Harper n’est pas encore aussi connu qu’Anna Kendrick, mais il mériterait de l’être. Comme d’autres membres du casting de la première saison (Zoë Chao, Sasha Compère, Peter Vack…) l’actrice revient d’ailleurs faire quelques apparitions cette année.

Mais les nouveaux venus très majoritairement Afro-Américains de cette saison (c’est assez rare pour être souligné) n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs. Transfuges du Saturday Night Live, Punkie Johnson et Ego Nwodim sont excellentes, comme Jessica Williams, ancienne du Daily Show et passée avec succès à la fiction avec la comédie romantique The Incredible Jessica James (Netflix) en 2017, avant d’enchaîner deux ans plus tard en participant à la première réalisation acclamée d’Olivia Wilde, Booksmart (Netflix). On apprécie aussi la présence au casting de Maya Kazan (The Knick, Mosaic) et Leslie Bibb (qu’on ne présente plus), sans parler du bonheur de retrouver Janet Hubert (Vivian Banks dans Le Prince de Bel-Air) et d’entendre la voix inimitable du grand Keith David dans le rôle du narrateur. Bref, cette deuxième saison de Love Life nous fait aimer la vie.

Love Life saisons 1 et 2 sur OCS, disponible avec CANAL+.