The Buccaneers (Apple TV+) : une série d'époque pop, colorée et pleine de sororité
Décidément, l’aristocratie anglaise du XIXème siècle n’en finit pas de nous fasciner. Adaptée du roman inachevé d’Edith Warton par Apple TV+, The Buccaneers est une série d’époque féministe et volontairement anachronique qui n’a rien à envier aux autres séries du même genre.
On l’ignore souvent, mais dans les années 1870, une grande partie de la haute société britannique était financièrement au bord du gouffre. Et pour renflouer ses caisses, il n’y avait rien de mieux pour elle que d’exploiter la richesse des jeunes héritières américaines de la révolution industrielle, qui épousaient donc des lords de la noblesse en échange d’une dot généreuse.
C’est cette époque que racontait l’écrivaine américaine Edith Warton dans The Buccaneers, roman inachevé aujourd’hui adapté en série par Apple TV+. On comprend immédiatement l’intérêt de ce matériau : The Buccaneers raconte un choc culturel entre une aristocratie anglaise coincée au dernier degré, et des jeunes filles américaines éprises de liberté et qui ne respectent pas les conventions sociales.
Dès le premier épisode, les cinq "boucanières" new-yorkaises de la série sont ainsi envoyées à Londres pour se trouver un mari – le plus riche possible de préférence. Et elles déchantent très vite, car l’aristocratie ne leur pardonne pas de faire partie des "nouveaux riches". Particulièrement vieillottes, conservatrices et détestables, les familles locales considèrent les Américaines comme des femmes immatures et vulgaires.
Mais sous-estimer leur intelligence est une erreur : au fil des épisodes, les héroïnes de la série apprennent de leurs erreurs et naviguent de mieux en mieux au milieu de ce nid de vipères où les cadeaux sont la plupart du temps empoisonnés. Leur secret ? Une amitié indéfectible qui résiste aux épreuves et leur permet de tenir le coup face aux petites vexations du quotidien et aux grandes humiliations en public. Les réceptions de la saison mondaine et une bonne dose de champagne ne seront pas de trop non plus pour elles, afin de secouer un peu la haute société londonienne.
The Buccaneers ne lésine évidemment pas sur les fêtes permettant à la série de filmer des costumes et des décors d’époque déments, le tout sur d’excellents tubes actuels. Eh oui, comme le Marie-Antoinette de Sofia Coppola en son temps (2006), The Buccaneers assume complètement de présenter une vision anachronique d’une période historique.
En plus de nous offrir le bonheur d’entendre les Yeah Yeah Yeahs et Warpaint, la série a comme Bridgerton la bonne idée de représenter une grande diversité à l’écran. Mais c’est surtout sa réinterprétation du roman d’Edith Warton qui est intéressante. Déjà profondément d’actualité lors de sa parution en 1938, l’histoire est ici encore modernisée par des questionnements très actuels sur le modèle du mariage, la place des femmes dans celui-ci, ou les comportements toxiques des hommes encouragés par le patriarcat.
La créatrice et scénariste de la série (Katherine Jakeways) assume aussi de mettre en scène des héroïnes qui ne se comportement sûrement pas comme on le faisait à l’époque, mais The Buccaneers ne vise pas du tout la reconstitution guindée. Ses personnages crient, gloussent, se font des câlins et discutent des potins assisent sur le lit comme on le ferait aujourd’hui, et ce mélange entre soap adolescent très sucré, récit d’apprentissage critique et comédie romantique moderne est des plus rafraîchissants.
Côté casting, on retrouve notamment Kristine Frøseth (The Society, The First Lady), Alisha Boe (13 Reasons Why) et surtout la grande Christina Hendricks, de retour au premier plan dans une série après Mad Men (OCS) et Good Girls (Netflix). Bref, si Bridgerton et Downton Abbey vous manquent, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
The Buccaneers, en ce moment sur Apple TV+, disponible avec CANAL+.