D’Argent et de Sang : qui est au casting de la première série de Xavier Giannoli ?

Est-il vraiment nécessaire de présenter le président du jury du Festival de Cannes 2022 ? Quarante ans après ses débuts au cinéma, Vincent Lindon est depuis quelques années au sommet de sa carrière. Après avoir remporté le prix d’interprétation cannois et un César pour La Loi du marché (Stéphane Brizé, 2015), il a continué de crever l’écran dans des films très en phase avec sa fibre sociale et politique comme le très bon Enquête sur un scandale d’Etat (Thierry de Peretti) récemment. Impossible aussi d’oublier sa performance en pompier bodybuildé dans Titane, la Palme d’or de Julia Ducournau (2021).

Il retrouve Xavier Giannoli après L’Apparition (2018), en jouant cette fois un magistrat incorruptible qui enquête jour et nuit sur l’affaire de l’escroquerie à la taxe carbone, comme si sa vie en dépendait. Ce personnage usé par la vie, religieux et brouillé avec sa fille toxicomane est du pain béni pour Vincent Lindon, qui occupe pour la première fois le rôle principal d’une série.

Découvert au tournant des années 2010 chez Xavier Dolan, l’acteur franco-canadien a véritablement explosé en 2016 avec Diamant noir (Arthur Harari), qui lui a valu le César du meilleur espoir masculin, avant de confirmer notamment chez Justine Triet (Sybil en 2019), et Emmanuel Mouret (Les Choses qu'on dit, les Choses qu'on fait en 2020). Avant d’être aujourd’hui à l’affiche du premier film 100% français de Woody Allen (Coup de chance), Niels Schneider est aussi apparu dans quelques séries, dont Paris, etc. sur CANAL+ en 2017.

Il interprète ici le rôle que devait jouer le très regretté Gaspard Ulliel, soit celui d’un flambeur déjà blindé à qui l’argent ne suffit pas. Jérôme Attias veut connaître le frisson de la transgression en se lançant dans l’escroquerie de la taxe carbone, défiant par la même occasion son beau-père qui le déteste.

Comme Vincent Lindon, Ramzy n’a pas vraiment besoin d’être présenté. Depuis sa révélation aux côtés d’Eric Judor dans les années 1990, il enchaîne les rôles au cinéma et à la télévision en montrant de sacrées aptitudes pour le drame, comme dans le beau Youssef Salem a du succès (Baya Kasmi) sorti en début d’année. Mais depuis les cultissimes La Tour Montparnasse infernale (Charles Némès, 2001), Steak (Quentin Dupieux, 2077) ou encore la série H, on sait que Ramzy Bedia est surtout un roi de la comédie, ce qu’il a confirmé par exemple dans Platane, La Flamme et Le Flambeau sur CANAL+.

D’Argent et de Sang lui permet de mélanger les deux registres, puisque son personnage de petit magouilleur au bagou impayable représente dans cette affaire trop grosse pour lui une figure tragi-comique, emportée par la quête du profit et des enjeux qui le dépassent.

Après son apparition en 2004 dans le film de Benoït Jacquot sur le Gang des postiches (À tout de suite), David Ayala a connu la consécration en jouant l’un des premiers rôles dans Un triomphe (2021), le film carcéral d’Emmanel Courcol avec Kad Merad. Il a aussi côtoyé récemment Niels Schneider dans Sentinelles sud (2022), le thriller de Mathieu Gerault, avant d’être cette année à l’affiche du drame Jours sauvages (David Lanzmann).

Il se met cette fois dans la peau du grand pote de Fitous, avec qui il a grandi dans la communauté séfarade populaire de Belleville à Paris. Ensemble, ils enchaînent depuis qu’ils sont jeunes les petites arnaques, mais avec l’idée de Bouli sur la fraude à la taxe carbone, ils ont peut-être eu les yeux plus gros que le ventre.

Révélée dans le rôle génial de l'ado Josépha dans Camille redouble (Noémie Lvovsky, 2012), pour lequel elle a été nommée aux Césars, Judith Chemla l’était encore cette année pour Le Sixième Enfant (Léopold Legrand, 2022) après aussi Une vie (Stéphane Brizé) en 2016. Désormais inévitable au cinéma, elle a aussi une petite histoire avec les séries CANAL+, puisqu’après ses apparitions dans Engrenages et Un Entretien (la candidate hypersensible du premier épisode, c’était elle), elle a tenu l’un des premiers rôles dans l’étrange production franco-israélienne Possessions en 2020.

Très douée dans le registre comique, Judith Chemla joue un rôle plutôt tragique cette fois, celui de la femme de Jérôme Attias. Aveuglée, trompée, humiliée, Annabelle est surtout écartelée entre un mari gangster qu’elle ne reconnaît plus, et son père qui est en guerre ouverte avec ce dernier.

Outre sa très longue et belle carrière au théâtre en tant que comédien et metteur en scène – il a été nommé aux Molières l’an dernier –, André Marcon a tourné comme Vincent Lindon avec une ribambelle de grands réalisateurs, de Jacques Rivette à Olivier Assayas en passant par… Xavier Giannoli, grâce à qui il a été nommé aux Césars en 2016 pour le film d’époque Marguerite. Présent aussi dans le film le plus récent du réalisateur – l’excellent Illusions Perdues (2021) –, il est aussi apparu dans deux jolis succès récents de Yann Gozlan, Un homme idéal (2015) et Boîte noire (2021).

Son regard très intense va à merveille avec le rôle du beau-père de Jérôme Attias, un milliardaire ashkénaze austère à l'ancienne, qui ne supporte pas la vulgarité de celui qui a épousé sa fille.

Pendant longtemps, l’actrice franco-ukrainienne a été surtout connue pour son rôle de James Bond girl dans Quantum of Solace (Marc Forster, 2008). Une étiquette assez injuste : depuis de nombreuses années, Olga Kurylenko a construit une filmographie très fournie, entre blockbusters hollywoodiens (Black Widow chez Marvel en 2021) et films européens ambitieux, comme Les Traducteurs (Régis Roinsard, 2019).

Après avoir joué les espionnes dans la série Netflix En traître (2022), voilà qu’elle incarne ici celle par qui le scandale arrive dans la vie de Jérôme Attias. Avec ses mauvaises fréquentations, son passé suspect et son caractère de fonceuse, Julia est tout le contraire d’Annabelle, la femme de Jérôme.

Yvan Attal a commencé sa carrière il y a tellement longtemps qu’on en oublie presque qu’il n’a que 58 ans. Depuis son César remporté dès 1990 pour Un monde sans pitié, le premier long-métrage d’Eric Rochant, il est évidemment passé avec succès derrière la caméra et parfois à l’écriture avec notamment Ma femme est une actrice (2001). Il a d’ailleurs été nommé pour la première fois en tant que réalisateur aux Césars l’an dernier, pour son adaptation du roman Les Choses humaines (2021).

Il incarne peut-être le personnage le plus excessif de la série – qui n’en manque pas –, soit celui d’un escroc d’envergure internationale, caché en Israël et qui se prend pour un dandy raffiné sur son yacht dément. Mais sa connaissance du milieu pourrait être utile à Simon, un enquêteur qu’il connait depuis belle lurette, même s’il représente son exact opposé.

D'Argent et de Sang Partie 1, à partir du 16 octobre, seulement sur CANAL+.

La 2ème partie arrivera en 2024.