Les Bonnes Intentions, un film social avec une bonne dose de dérision
Avec Les Bonnes Intentions, Gilles Legrand réalise un film social non dénué de second degré avec Agnès Jaoui. Pour reprendre le titre du long-métrage, les intentions sont bonnes puisque l'humour rend le contenu finalement plus émouvant. Un film sélectionné en 2018 au Festival du Film Francophone d'Angoulême.
En abordant des thématiques sociales, le cinéma en tant qu'art populaire peut bien sûr faire évoluer les mentalités, surtout quand un film parvient à sensibiliser. Ces derniers temps, on a pu constater à plusieurs reprises qu'à partir d'un sujet difficile, des réalisateurs en ont su proposer un feel good movie : Les Invisibles (Louis-Julien Petit, 2019), qui évoquait des femmes sans domicile fixe dont l'humanité et la franchise nous ont ému du rire aux larmes ; ça concerne aussi Samba (Eric Toledano et Olivier Nakache, 2014), ou sous forme de comédie, le film mettait en scène un sans-papier et une femme qui cherche à se reconstruire dans le bénévolat.
Grâce à l'humour, les films parviennent à être plus touchants. En étant moins graves, ils s'avèrent moins plombants ; et le rire permet de contourner le pathos. C'est comme si ces films reprenaient à leur compte le brillant mot d'esprit de Chris Marker : « L'humour est la politesse du désespoir ».
Dans Les Bonnes Intentions (Gilles Legrand, 2018), Isabelle (Agnès Jaoui) est confrontée à différents problèmes alors qu'elle travaille dans l'humanitaire. Cette femme volontaire passe son temps à vouloir aider les personnes dans le besoin : sa vie consiste à améliorer celle des autres. Sa générosité est sans fin, et souvent au détriment de ses proches qui, d'après elle, « ne manquent de rien ». Jusqu'à ce qu'elle vive une drôle d'aventure avec un groupe d'illettrés...
Pour jouer ce groupe d'adultes non conventionnel, le réalisateur a choisi majoritairement des comédiens amateurs. D'après lui, cela aurait viré au grand-guignol s'il avait opté pour des acteurs connus. Autrement dit, le film aurait été drôle mais sans le vouloir, alors qu'il fait déjà preuve d'humour, et ce bien sûr volontairement.
Les Bonnes Intentions évite les bons sentiments. Gilles Legrand s'applique à prendre du recul pour ne pas tomber dans le piège de l'émotion facile. Dans son personnage de femme d'engagement incomprise, Agnès Jaoui peut être touchante mais le film ne l'épargne pas ; il n'hésite pas à pointer du doigt ses contradictions et certains de ses comportements qui frisent parfois le grotesque.
Alban Ivanov quant à lui se situe dans l'entre-deux : il incarne ce professeur d'auto-école loser qui fait rire autant qu'il émeut.
Le film se situe donc à la croisée des genres : il sensibilise d'un point de vue social mais n'a pas peur d'aller loin dans la dérision. Et l'expression « rire de bon cœur » de prendre une autre signification : dans Les Bonnes Intentions, il y a de la moquerie ; mais au-delà de ça, beaucoup d'humanité.
Disponible dès le 22 août sur CANAL+