D’argent et de sang : une partie 2 qui carbonise la concurrence
Diffusés à l’automne dernier, les premiers épisodes de la série de Xavier Giannoli rivalisaient déjà avec le meilleur de sa filmographie. Mais avec cette deuxième partie, le cinéaste césarisé fait entrer D’argent et de sang dans une autre dimension en forme de tragédie, plus scorsesienne que jamais.
Avant de se lancer dans ces six derniers épisodes, on ne peut d’abord que vous recommander de lire notre résumé de la première partie et de son intrigue criminelle très riche. À l’entame de cette deuxième partie, les trois malfrats de l’arnaque à la taxe carbone profitent de leur liberté et surtout de leur montagne de billets.
Le magistrat Simon Weynachter (Vincent Lindon) n’a pas réuni assez de preuves pour les arrêter, et Attias (Niels Schneider), Fitous (Ramzy Bedia) et Bouli (David Ayala) enchaînent donc les fêtes débridées aux quatre coins du monde en repoussant toutes les limites de la vulgarité et du mauvais goût.
Le problème, c’est qu’ils ne sont pas exactement connus pour leur discrétion, et que leurs millions suscitent forcément l’intérêt de criminels beaucoup plus dangereux qu’eux.
Tout le monde l’avait déjà compris : si la première partie de la série était largement consacrée à l’élaboration du montage financier, la deuxième se concentre sur ses conséquences sanglantes. Dès le premier épisode, un personnage central est victime de ces convoitises, ce qui bouleverse évidemment l’enquête.
Toujours aussi obsessionnel, Weynachter se lance dans un mano à mano mémorable avec Attias, ce qui permet à Vincent Lindon et Niels Schneider de briller dans des registres radicalement différents.
Le personnage que le second incarne est plus incontrôlable et détestable que jamais – personne ne risque d’oublier une scène littéralement répugnante impliquant une banane.
Après avoir laissé sa femme (Judith Chemla) en plan, Attias s’affiche désormais au bras de la sulfureuse Julia (Olga Kurylenko), une femme dangereusement liée au crime organisé. Insupportable pour son beau-père Frydman (André Marcon), qui se sent humilié et a juré de se venger. Bref, toutes les pièces sont en place pour offrir une conclusion tragique à la grande fresque de Xavier Giannoli.
L’influence de Martin Scorsese n’a peut-être jamais été aussi forte que dans ces six derniers épisodes, où le réalisateur français filme avec une rare maestria les excès toujours plus grotesques et la fuite en avant désespérée de personnages amoraux et qui courent à leur perte par amour de l’argent-roi. On ne les regrettera pas, mais on se souviendra de cette série.
D'argent et de sang, l'intégrale disponible sur CANAL+.