Spinners, une série sud-africaine qui a trouvé la bonne carburation
Il y a un an, elle avait l’honneur d’être la première production africaine sélectionnée en compétition à CANNESERIES. Enfin disponible en France, Spinners fait souffler un vent d’air frais sur les séries estivales.
Les adeptes de F1 qui regardent les Grands Prix chaque week-end sur CANAL+ connaissent bien l’art du donut, cette figure consistant pour les monoplaces à imprimer des cercles sur la piste en détruisant ses pneumatiques dans un nuage de fumée – ce qui n’a aucune importance puisque cet art se pratique à la fin des courses pour chauffer le public.
Ce que l’on sait beaucoup moins ici, c’est que le donut n’est qu’une petite partie de l’art du « spinning », sorte de rodéo motorisé aussi spectaculaire que dangereux, où de vieilles bagnoles trafiquées sont utilisées pour réaliser des figures pendant lesquelles le pilote peut se trouver à l’intérieur comme à l’extérieur de l’habitacle. Ce sport de l’extrême est un véritable phénomène culturel et social en Afrique du Sud, et c’est dans ce milieu très intrigant que nous plonge le showrunner français Benjamin Hoffman avec Spinners.
Passionné par la vitalité de la société sud-africaine, il a imaginé raconter le parcours d’Ethan (Cantona James), un jeune habitant désargenté des Cape Flats – cette zone pauvre qui entoure Le Cap –, obligé de bosser comme chauffeur pour le vieux parrain terrifiant d’un gang du coin, qui le met en danger autant qu’il le couve.
Ethan a des perspectives limitées dans sa vie – il doit veiller seul sur son petit-frère en l’absence de leur mère toxicomane –, mais la découverte du spinning est pour lui une révélation et peut-être un moyen de sortir de la criminalité des townships. Mais comme les fans de films de gangsters le savent bien, on ne quitte pas sa famille comme ça.
Avec une brutalité certaine et surtout une authenticité garantie par un tournage sur place – en anglais et en afrikaans – avec de vrais spécialistes du spinning et quelques membres de gangs parmi les figurants, Spinners ne distingue nettement en peignant un portrait nuancé et réaliste de quartiers difficiles méconnus chez nous et souvent réduits à la seule dimension de la violence.
On s’attache vite à ces personnages tatoués aux traits burinés, et on apprécie le soin apporté à l’ambiance de l’ensemble, qui peut compter sur une bande-originale explosive et une mise en scène inspirée qui maintient bien la tension. On en ressort avec la sensation non-feinte d’avoir découvert un univers entièrement différent de ce que l’on voit d’habitude à la télévision, et rien que pour éviter de tourner toujours plus en rond, Spinners mérite absolument qu’on embarque avec elle.
Spinners épisodes 1 à 8, diffusés à partir du 24 juin sur CANAL+.