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Serial killers, psychopathes, losers à bout : des hommes en colère à l’affiche sur OCS

Posté par Alexis Lebrun le 14 avril 2021

À l’occasion de la diffusion inédite du film ENRAGÉ (Derrick Borte, 2020) avec Russell Crowe, OCS a concocté jusqu’au 23 avril une programmation spéciale autour des « énervés », ces personnages masculins complètement dingues et qui pètent souvent les plombs dans un déferlement de violence.

Des losers qui partent en vrille

Il suffit souvent d’une étincelle pour faire basculer dans une folie destructrice des personnages en apparence très calme. Après un lent bouillonnement, ces derniers explosent comme une cocotte-minute et dévoilent leur face sombre. Dans ENRAGÉ (Derrick Borte, 2020), cet élément déclencheur vient d’une scène a priori banale d’embrouille entre une conductrice et un conducteur.

La première (Caren Pistorius) est une femme divorcée qui s’impatiente : elle est en retard pour amener son fils à l’école, et klaxonne la voiture qui lui bloque le passage à un feu. Le conducteur (Russell Crowe) n’apprécie pas cet épisode et lui demande des excuses, mais après avoir essuyé un refus catégorique, il entre dans une rage folle et commence à la traquer pour s’en prendre à elle. C’est le point de départ d’un thriller très angoissant sur le mode de la course-poursuite, où la carrure impressionnante et le regard menaçant de Russell Crowe font des étincelles.

Le long-métrage de Derrick Borte rappelle inévitablement un film qui a pas mal fait parler à sa sortie : CHUTE LIBRE (1993), réalisé par Joel Schumacher. Michael Douglas y brille dans la peau d’un chômeur divorcé qui pète les plombs soudainement, alors qu’il est coincé dans les embouteillages à Los Angeles.

Cet élément déclencheur donne lieu à un enchaînement de scènes violentes où il laisse éclater sa frustration, et le film contient son lot de scènes polémiques, sans oublier que son personnage est devenu emblématique de la figure très péjorative du "angry white male". Mais CHUTE LIBRE est aussi un film drôle et plus que jamais d’actualité, qui offre de surcroît un grand nombre de niveaux de lecture et d’interprétation grâce à ses réflexions sur la société actuelle, en particulier américaine.

Autre film des années 1990 qui divise, LE FAN (Tony Scott, 1996) peut heureusement compter aussi sur une solide performance d’acteur, grâce à la prestation de Robert De Niro dans le rôle d’un fan de baseball qui a perdu sa famille et son job.

Ce dernier développe une obsession maladive pour le joueur star de son équipe, dont les mauvaises performances l’inquiètent. Complètement secoué, le pauvre bougre décide de prendre des mesures radicales pour remédier à cette situation, ce qui lance l’engrenage d’un thriller pour le moins original.

Des serial killers avec un goût prononcé pour le sang

Dans cette catégorie, on retrouve en toute logique deux films gores à souhait, menés par des personnages qui rivalisent de cruauté et qui sont chacun atteints de problèmes psychologiques particulièrement sérieux. Le plus récent est MANIAC (2012), un remake d’un film de série B assez culte sorti en 1980 sous le même nom, et signé à l’époque par William Lustig.

La version contemporaine – que l’on doit au réalisateur français Franck Khalfoun – conserve la même intrigue sanglante : un tueur en série schizophrène (Elijah Wood) et traumatisé par son enfance avec sa mère (dont il a hérité un magasin de mannequins), ne résiste pas à l’envie de tuer et de scalper des jeunes femmes… Un film d’horreur arty (il a été présenté à Cannes) à ne pas mettre devant tous les yeux, d’autant plus que sa réalisation nous place volontairement du point de vue du tueur : la plupart des scènes sont filmées en vue subjective.

Au moins aussi dérangeant, AMERICAN PSYCHO (Mary Harron, 2000) est sans aucun doute l’adaptation la plus connue au cinéma de l’œuvre littéraire controversée de Bret Easton Ellis. Il faut dire qu’il s’agit là de son roman le plus connu et le plus polémique, dont le film du même nom reprend évidemment le protagoniste, à savoir Patrick Bateman, un yuppie obsédé par la réussite et les signes extérieurs de richesse, et qui satisfait ses pulsions de psychopathe la nuit, où il tue, torture et inflige des sévices atroces à des femmes et des SDF principalement, même s’il déteste aussi les gays.

Grand fan de Donald Trump, ce personnage iconique du reaganisme des années 1980 est formidablement interprété par Christian Bale, qui réussit notamment la gageure de restituer à l’écran la dimension grand-guignolesque de Patrick Bateman, sachant que les scènes de violence sont nettement moins explicites dans le film que dans le roman. Et le reste du casting est incroyable, puisqu’on y retrouve Willem Dafoe, Jared Leto, Reese Witherspoon, Chloë Sevigny et Justin Theroux.

Des redresseurs de torts qui ne font pas dans la dentelle

Si l’immoralité totale de Frank Zito et Patrick Bateman vous est insupportable, peut-être que les deux anti-héros qui suivent seront plus à votre goût. Mais attention, vous avez quand même intérêt à ne pas avoir froid aux yeux. Et pour cause, dans A BEAUTIFUL DAY (2017), présenté en compétition à Cannes par la réalisatrice Lynne Ramsay, Joaquin Phoenix incarne une sorte de fils spirituel de Travis Bickle, le chauffeur de taxi torturé de TAXI DRIVER (Martin Scorsese, 1976). Son personnage est en effet un ancien soldat qui garde de lourdes séquelles psy de la guerre, et qui s’est reconverti en sauveur de femmes victimes de trafic d’êtres humains.

Et si la scène finale de TAXI DRIVER avec Robert De Niro et Jodie Foster vous fait déjà flipper, sachez que ce n’est rien par rapport à ce que notre tueur à gages affronte pour retrouver la fille d’un sénateur. Ses méthodes sont du genre expéditives, et A BEAUTIFUL DAY est un film à la violence plus qu’explicite, emballée dans une réalisation parfaitement maîtrisée et qui peut compter sur un Joaquin Phoenix au top de sa forme. Ce n’est pas pour rien s’il a gagné le prix d’interprétation masculine à Cannes, où le film a aussi été récompensé par le prix du scénario.

On reste à New York et dans la lignée de Marty avec un film culte encensé publiquement par Martin Scorsese justement : BAD LIEUTENANT, sorti par Abel Ferrara en 1992. On y retrouve un des acteurs fétiches du réalisateur, Harvey Keitel, dans la peau d’un flic ripou et camé qui se met en tête de retrouver les responsables du viol d’une nonne dans une église, afin de toucher une récompense qui doit lui permettre de payer ses dettes à ses créanciers qui menacent de le tuer. Ambiance.

Film controversé et tourné dans des conditions inimaginables aujourd’hui, avec un cocktail de violence, de sexe et de drogues qui n’a rien perdu de son caractère sulfureux près de trente ans après sa sortie, BAD LIEUTENANT est un film unique avec un Harvey Keitel en état de grâce dans ce rôle de anti-héros en quête de rédemption, et qui n’a lui aussi rien à envier à De Niro dans TAXI DRIVER. Mais ne vous avisez pas de les imiter...

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