Wonka ou comment Timothée Chalamet redéfinit une masculinité douce comme un sucre
Depuis quelques années, l’acteur franco-américain est devenu le porte-étendard d’un nouvel idéal masculin, moins viril et plus rassurant. Une image publique exploitée à fond dans le film de Paul King, où Timothée Chalamet incarne un Willy Wonka jeune et naïf, aux antipodes de la version adulte jouée par Johnny Depp chez Tim Burton en 2005.
Il y a des apparitions sur le tapis rouge qui marquent une carrière. Celle de Timothée Chalamet à la Mostra de Venise en 2022 en est une. Vêtu d’un costume dos-nu rouge écarlate et de lunettes de soleil Ray-Ban pour femmes, l’acteur new-yorkais déclenche un tremblement de terre et confirme définitivement son statut de sex-symbol de la nouvelle génération, en incarnant une masculinité androgyne qui rompt avec les codes musclés du mâle menaçant à l’ancienne – ce que représentait par exemple Alain Delon.
Et c’est un fait : depuis sa première apparition il y a dix ans dans INTERSTELLAR, le chef-d’œuvre de Christopher Nolan, Timothée Chalamet semble ne jamais avoir quitté son corps d’ado filiforme et imberbe.
Des amours adolescents dans CALL ME BY YOUR NAME (Luca Guadagnino, 2017) au milieu intello new-yorkais dans UN JOUR DE PLUIE À NEW YORK (Woody Allen, 2019) en passant par l’addiction à la drogue dans MY BEAUTIFUL BOY (Felix Van Groeningen, 2018), Chalamet s’est construit un début de filmographie où il reconstruisait déjà une masculinité plus fragile, en opposition avec la tradition qui veut que les hommes cachent leurs émotions.
Hollywood a vite flairé la tendance, et il a donc joué le grand romantique dans LES FILLES DU DOCTEUR MARCH (Greta Gerwig, 2019), avant d’exploser définitivement dans DUNE (2021), où Denis Villeneuve – pourtant pas réputé pour son humour – n’a pas hésité à faire du corps frêle de son héros un motif de blague.
Dans WONKA (2023), le physique d’éternel ado de Timothée Chalamet est exploité au premier degré par Paul King, qui en fait un doux rêveur naïf, partageur et solidaire de ses compagnons d’infortune, loin de la noirceur misanthrope du personnage adulte joué par Johnny Depp dans CHARLIE ET LA CHOCOLATERIE (Tim Burton, 2005).
Le Willy Wonka incarné par Timothée Chalamet est au contraire un indécrottable optimiste, déterminé à poursuivre son rêve d’enfance, et tellement bon qu’il est quasiment incapable de voir le mal. Bref, c’est un rôle tout doux taillé sur mesure pour l’acteur franco-américain, réputé dans le monde entier pour son extrême gentillesse, et qui a d’ailleurs chipé le rôle à Tom Holland, un autre représentant éminent de cette nouvelle masculinité dite des « rodent men ».
Oui, comme aussi Jeremy Allen White de la série THE BEAR (Disney+), Timothée Chalamet est considéré comme un « homme rongeur », cette nouvelle tendance qui affole les réseaux sociaux et serait la nouvelle référence désirable d’une masculinité débarrassée de toute toxicité. On ne sait pas si l’interprète de Willy Wonka a vraiment une tête de souris, mais on sait que beaucoup de personnes goûteraient ses bonbons les yeux fermés.
WONKA, disponible le 13 septembre sur CANAL+.