Le Règne Animal signe-t-il le renouveau des films de genre en France ?
Récit digne des plus grands romans de science-fiction et effets spéciaux époustouflants : LE RÈGNE ANIMAL, derrière sa sobre affiche végétale, a en réalité tout d’un grand film de genre - un terme qui englobe à la fois le fantastique, l’horreur et la SF.
On y suit les péripéties de François, interprété par Romain Duris, et de son fils adolescent, Émile (Paul Kircher), dans un futur proche où les hommes ont mystérieusement commencé à muter en animaux sauvages.
Réflexion sur la différence, l’adolescence mais aussi sur la place de la nature dans la société, LE RÈGNE ANIMAL aborde de nombreuses thématiques mais fait surtout la part belle à ses étranges créatures mi-humaines, mi-bêtes. Thomas Cailley, lui, cite Spielberg et Shyamalan, deux maîtres du fantastique, comme sources d’inspiration.
Si LE RÈGNE ANIMAL fascine son public depuis sa première projection à Cannes l’an dernier, c’est peut être parce qu’il résonne comme un coup de tonnerre dans le ciel du cinéma français.
A l’inverse d’Hollywood, où les films de genres ont leur place à part entière, la France ne raffole pas du fantastique. De Godard à Desplechin, en passant par Audiard, Klapisch ou Kechiche, le cinéma français a toujours préféré le drame social et la subtilité des relations humaines à la magie et au spectaculaire.
Pourtant, le vent semble tourner. En 2022, la Palme d’Or de Julia Ducournau pour TITANE, un film d’horreur déroutant, à la frontière du surnaturel, annonçait déjà le déferlement du cinéma de genre sur les écrans français. Depuis, on ne compte plus les cinéastes qui se lancent dans ce registre.
Just Philippot, avec LA NUÉE et ACIDE, livre deux films d’horreur apocalyptiques glaçants ; TEDDY, de Ludovic et Zoran Boukherma, transpose le mythe du loup-garou dans les campagnes françaises, tandis qu’OGRE, d’Arnaud Malherbe, s’intéresse au croque-mitaine ; DANS LA BRUME de Daniel Roby imagine la fin du monde à Paris…
Pour autant, pas question d’imiter les films américains : tous ces films français ont en commun de réinventer le genre et d’y imposer leur patte. LE RÈGNE ANIMAL, qui passe du film familial au surnaturel en clin d’oeil, l’illustre bien. “C’est un film à la fois intime et spectaculaire, réaliste et fantastique” résume Thomas Cailley, qui décrit son oeuvre comme “hybride”. “Dire que c’est un film fantastique, ce n’est pas suffisant”.