Pourquoi Friends séduit autant les jeunes d’aujourd’hui ?
Le 22 septembre 1994, la chaîne NBC commençait à diffuser une petite sitcom racontant l’amitié entre six jeunes de New York. Trente ans après, Friends est devenue l’une des séries les plus célèbres de l’histoire de la télévision, et sa popularité auprès des nouvelles générations ne se dément pas. À l’occasion de son arrivée sur Max, décryptage d’un phénomène sans fin.
Si Friends traverse à ce point les générations, c’est bien sûr d’abord en raison de sa simplicité et de son universalité. Quoi de mieux pour parler à tout le monde que d’évoquer l’amitié et les relations amoureuses potentielles entre trois femmes et trois hommes qui habitent une métropole ? Pendant dix saisons, Friends et ses fans voient grandir Rachel, Ross, Joey, Monica, Phoebe et Chandler, des personnages très faillibles, et donc très humains.
Ils prennent souvent de mauvaises décisions – ce qui crée une infinité de situations comiques –, et c’est justement ce qui les rend si attachants. Il faut aussi souligner l’excellence de l’écriture de Marta Kauffman et David Crane, puisque chaque personnage possède une personnalité très forte à laquelle il est aisé de s’attacher. Qui n’a jamais essayé de déterminer le personnage de Friends qui lui ressemble le plus ?
Entre Joey le dragueur sensible, Ross le geek maladroit, Monica la perfectionniste psychorigide, Phoebe l’artiste déjantée, Rachel l’idéaliste et Chandler le célibataire peu sûr de lui qui passe son temps à se moquer de lui-même, Friends offre une galerie de personnages inoubliables qui se complètent parfaitement.
Et surtout, la série raconte leur passage à l’âge adulte et les difficultés associées (travail, logement, couple…), une période délicate que tout le monde doit évidemment traverser et qui rend le visionnage de Friends d’autant plus formateur et marquant lorsque l’on est adolescent.
C’est une évidence : Friends est une série qui fait du bien. Diffusée entre 1994 et 2004, elle renvoie à une époque plus innocente de prospérité économique où toutes les angoisses contemporaines (effondrement climatique, montée de l’extrême-droite, pandémies, innovations technologiques effrayantes…) n’existaient quasiment pas. Donald Trump y est encore un motif de blague, et les attentats du 11 septembre n’y sont même pas mentionnés.
Regarder Friends, c’est plonger dans une bulle réconfortante où rien n’est grave, où toutes les situations finissent par se résoudre pacifiquement, et où les personnages peuvent vivre dans de grands appartements new-yorkais en passant leurs journées à discuter au café Central Perk au lieu de travailler.
Les personnages de Friends ressemblent aussi aux amis que l’on aimerait avoir dans la vraie vie, et leur fidélité inébranlable pendant dix saisons a aussi quelque chose de rassurant dans une époque où l’on parle de plus en plus d’une épidémie de solitude. Comme le dit la célèbre chanson du générique, ils sont toujours "là les uns pour les autres", et donc pour nous aussi, comme un doudou réconfortant que l’on peut toujours ressortir du placard quand ça ne va pas bien.
Si le style vestimentaire et les coupes de cheveux de Friends vous paraissent aujourd’hui désuètes, vous faites erreur ! Les tenues de Monica (la reine du denim) et Rachel (la reine du crop top) sont une source d’inspiration inépuisable pour les adolescentes qui n’étaient même pas nées à la fin de la série en 2004, et le pull sans manches de Chandler est aussi devenu une référence.
Et que dire de la célébrissime « coupe Rachel », que tant de femmes ont essayé de reproduire à travers le monde depuis des décennies ? Mais au-delà de la mode, Friends renvoie aussi à une époque où la technologie était nettement moins omniprésente dans nos vies, ce qui contribue aussi au caractère intemporel de la série.
Exit les smartphones, les réseaux sociaux et les applis de rencontres : les personnages de Friends évoluent dans une vie réelle fantasmée où les contacts humains ne sont pas encore dématérialisés. Et même les technologies ringardes de la série comme les télés cathodiques ou les téléphones et ordinateurs très encombrants participent désormais à la coolitude de Friends, car la nostalgie des années 1990 emporte tout pour la génération qui n’a jamais connu cette décennie.
On le sait, Friends est souvent critiquée aujourd’hui parce que certaines de ses blagues ont mal vieilli. La série a été écrite à une époque où l’homophobie, la misogynie, la grossophobie et la transphobie n’étaient pas combattues comme aujourd’hui.
Mais les jeunes générations sont capables de faire la part des choses : elles voient bien les défauts de la série sur ces sujets, mais elles reconnaissent aussi que Friends était très en avance sur son temps dans la représentation de l’homosexualité (avec le mariage entre Carol et Susan) ou de la GPA (avec Phoebe qui porte les enfants de son frère).
Evidemment, tout n’était pas parfait dans Friends, parce que la série dépeint aussi une Amérique très blanche totalement artificielle, et les blagues de Chandler et Ross vont continuer de déchaîner les passions entre les générations. Mais pour une série de cette époque, elle est incontestablement plus progressiste que conservatrice sur les questions de société. Et il n’est pas nécessaire d’être quadragénaire pour le reconnaître.
Friends saisons 1 à 10, le 1er juillet sur Max, disponible avec CANAL+.