Django, la série qui dépoussière le western
Première incursion de la Création Originale CANAL+ dans ce genre antédiluvien du cinéma hollywoodien, cette grosse production au casting international rend hommage au film éponyme de Sergio Corbucci (Django, 1966), tout en proposant une relecture résolument contemporaine du western.
En 1872, la guerre de Sécession est terminée depuis sept ans et l'esclavage n'est plus autorisé légalement, mais les tensions raciales perdurent évidemment aux Etats-Unis. Pour trouver un peu de tranquillité, de nombreux Américains ont élu domicile à La Nouvelle-Babylone (ville fictive de Django), une sorte d'utopie égalitaire où les Afro-Américains tentent d'échapper à leurs compatriotes racistes. Peut-on pour autant parler d'un havre de paix ?
Pas vraiment. Après tout, il s'agit ici d'un western, et cette petite communauté dirigée par un ancien esclave et soldat abolitionniste de l'Union (John Ellis) est menacée par Elizabeth, une extrémiste religieuse qui règne elle sur une ville voisine opposée, Elmdale, où le suprémacisme blanc continue de faire sa loi. Et cette espèce d'ange exterminatrice ultraviolente incarnée par une Noomi Rapace flippante n'a qu'un seul projet : rayer La Nouvelle-Babylone de la carte.
Au milieu de ce conflit explosif débarque la figure classique du cowboy solitaire, mystérieux et tourmenté, le fameux Django. Interprété par un acteur merveilleusement charismatique et taillé pour le rôle (Matthias Schoenaerts), il ne traîne pas de cercueil comme dans le film de Sergio Corbucci, mais recherche sa fille Sarah, seule survivante potentielle du massacre de sa famille ayant eu lieu quelques années plus tôt pendant la guerre de Sécession, où Django avait le malheur de se battre du mauvais côté.
Avant de connaître l'identité de l'assassin et de se venger, il va déjà devoir renouer avec Sarah, devenue une jeune femme indépendante sous la protection de John Ellis, avec qui elle a entamé une relation malgré l'écart d'âge qui les sépare, et les sentiments amoureux un peu gênants du fils cadet de John envers elle. Autant dire que l'arrivée d'une figure menaçante et dangereuse comme Django tombe au mauvais moment.
Mais il faut bien passer par des épreuves pour trouver la fameuse rédemption si chère à de nombreux westerns. Pensée comme une réinvention du film éponyme de 1966, la série respecte évidemment la plupart des codes du genre, mais elle n'hésite pas non plus à s'en affranchir pour proposer une vision modernisée plus en phase avec les enjeux politiques de notre époque.
Cette volonté assumée permet à Django de se frotter notamment aux inégalités qui touchent toutes les minorités, à l'intolérance religieuse et au patriarcat, le tout en s'appuyant d'abord sur des personnages noirs et féminins qui évitent les clichés des westerns de l'âge d'or. Le monde a heureusement changé et la série en prend acte, en montrant des femmes violentes, des hommes sensibles et même un personnage transgenre (Jess), joué par l'actrice Abigail Thorn.
Derrière les énormes têtes d'affiche internationales que sont Noomi Rapace et Matthias Schoenaerts, on reconnaît aussi Lisa Vicari de Dark (Netfix) dans le rôle de Sarah, et Nicholas Pinnock de Top Boy (Netflix) dans celui de John. Il faut enfin ajouter qu'en tant qu'hommage au western spaghetti, Django est produit en partie par Cattleya, la boîte italienne responsable entre autres de l'immense succès de Gomorra (CANAL+).
On retrouve ainsi Leonardo Fasoli et Maddalina Ravagli de ZeroZeroZero (CANAL+) au scénario, la cinéaste italienne Francesca Comencini (Gomorra) à la réalisation et à la direction artistique, mais aussi le désormais célèbre Mokadelic, groupe italien derrière la musique des aventures de Ciro et Gennaro. Car c'est bien connu : Italians do it better.
Django, en ce moment sur CANAL+ avec 2 nouveaux épisodes chaque lundi.