La Reine Charlotte (Netflix), le préquel politique de Bridgerton
En attendant la troisième saison de sa saga à succès, Netflix dégaine une première série dérivée des Chroniques des Bridgerton. Entièrement scénarisée par Shonda Rhimes, La Reine Charlotte : Un chapitre Bridgerton reprend les ingrédients qui ont fait le succès de la série originale, mais ce préquel interroge aussi davantage le fonctionnement de la société britannique de l'époque.
La Reine Charlotte est l'un des personnages les plus cools des Chroniques des Bridgerton, et Netflix a bien compris que le public aimerait connaître l'histoire de l'ascension au pouvoir de la monarque. Ce vœu est exaucé avec ce préquel, qui s'ouvre sur une très jeune Charlotte quittant l'Allemagne pour l'Angleterre, où elle doit épouser le Roi George III. Elle y va évidemment très à reculons, car il s'agit d'un mariage arrangé entre les deux pays.
Charlotte n'a jamais rencontré George avant leur mariage, et leur première rencontre donne d'ailleurs lieu à une scène assez étonnante. La pression est d'autant plus grande pour Charlotte que c'est la première fois qu'un mariage mixte doit être célébré par la famille royale britannique. Et au 18ème siècle, cette idée fait bien sûr jaser une bonne partie de l'aristocratie du pays, qui ne dissimule pas tellement son racisme.
Ce contexte est l'occasion pour Shonda Rhimes d'imaginer une histoire fictive de cette période, puisque même si George et Charlotte ont bien existé, cette dernière n'était pas noire. Elle doit en outre apprendre à naviguer au milieu des codes très rigides de l'étiquette de la famille royale britannique, à la manière de Marie-Antoinette (CANAL+). Et pour ne rien arranger, elle ne sait pas encore que le Roi George III souffre de graves troubles mentaux forcément mal diagnostiqués et compris à l'époque.
La découverte de la haute société britannique n'est donc pas de tout repos, mais Charlotte va pouvoir compter sur deux personnages déjà bien connus des fans : Lady Agatha Danbury et Violet Bridgerton. Coincée dans un horrible mariage arrangé, la première intègre la cour comme d'autres personnalités de couleur, dans ce que la famille royale qualifie de "grande expérimentation".
Pour la première fois, les titres de la noblesse ne sont plus réservés aux Blancs, ce qui constitue évidemment un bouleversement politique majeur dans une société historiquement raciste. Les enjeux de ce préquel sont donc éminemment sérieux, mais la série conserve aussi l'ADN de Bridgerton, à savoir des décors, des coiffures et des costumes qui en mettent plein la vue et de la romance très fleur bleue, un parti pris toujours totalement assumé, comme celui de s'écarter de la réalité historique, comme le rappelle la fameuse Lady Whistledown avant le début du premier épisode.
Cette dernière n'est pas la seule à faire le lien avec Les Chroniques des Bridgerton, puisqu'une partie de l'intrigue de La Reine Charlotte prend place entre les saisons 2 et 3 de la série d'origine, ce qui permet de retrouver une partie de son casting, à commencer bien sûr par Golda Rosheuvel – toujours aussi redoutablement attachante dans le rôle de la Charlotte adulte –, mais aussi Adjoa Andoh (Lady Danbury), Ruth Gemmell (Violet Bridgerton), ou encore Hugh Sachs (Brimsley).
Et pour incarner les versions jeunes de ces personnages, La Reine Charlotte fait le choix – comme la série originale à ses débuts – de mettre sur le devant de la scène des visages encore peu connus. Apparue dans Les Chroniques d'Evermoor (Disney+), India Amarteifio est convaincante dans le rôle de Charlotte, et la popularité de la saga pourrait bien lui offrir un destin à la Regé-Jean Page, l'acteur principal des Chroniques des Bridgerton, devenu une star hollywoodienne.
La Reine Charlotte : Un chapitre Bridgerton, épisodes 1 à 6 sur Netflix, disponible avec CANAL+.