Le cinéma français fête aussi Noël
Quand on pense « films de Noël », on pense souvent « cinéma américain » ; plus exactement cela nous renvoie à ces bonnes vieilles comédies romantiques ou à ces films pour les petits. Mais pas seulement : Noël a servi aussi de décor, voire de « sujet », à de nombreux longs-métrages français, qu'ils s'agisse de comédies, de drames ou encore de films d'aventure.
L'univers tendre et loufoque d'Alain Chabat ne pouvait qu'épouser à merveille l'esprit de Noël. Avec son titre, Santa & Cie (qu'il a réalisé et qui est sorti en 2017) fait penser à un film américain ; et à l'écran, il fait d'ailleurs film « à l'américaine ». C'est un compliment au sens où il n'a rien à envier aux fictions de Noël produites aux États-Unis. Qui plus est les références de Chabat sont claires : le film La vie est belle (Frank Capra, 1948) ou Robert Zemeckis, quand le papa de la trilogie Retour vers le futur retourne à l'enfance et à Noël avec Le Pole Express (2004) et Le Drôle de Noël de Scrooge (2009). A travers son Père Noël en vert (sa couleur d'origine) et ses cinq-cent quarante plans truqués, Santa & Cie est l'un des films français à avoir nécessité du plus grand nombre d'effets spéciaux numériques.
Avec moins d'effets mais autant d'efficacité, Le Père Noël (Alexandre Coffre, 2014), avec Tahar Rahim en cambrioleur au grand cœur qui se lie d'amitié avec un enfant, représente là encore un exemple de feel good movie comme les Américains savent les faire : le film fait rire, pleurer, rêver.
Cinéma français et Noël ? L'équation est simple à résoudre et le résultat est sans surprise : Le Père Noël est une ordure (Jean-Marie Poiré, 1982). Un vaudeville français, « bien français », voire franchouillard ? Eh bien, pour l'anecdote, le film a eu droit à son remake américain Mixed Nuts (réalisé par Nora Ephron, 1994). Et, à vrai dire, la version du Splendid est à cent coudées au-dessus.
Noël aussi se prête bien au film choral, puisque le réveillon représente le moment privilégié où la famille se retrouve – et parfois cette dernière est très nombreuse. Avec son casting de luxe (Emmanuelle Béart, Sabine Azema, Claude Rich, Françoise Fabian...), La Bûche (Danièle Thompson, 1999) repose là-dessus ; et bien sûr pour ladite famille tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce qui revient à penser que la famille, c'est un peu comme la bûche : il ne faut pas trop en abuser.
Dans un style encore plus ironique et cynique, il y a Un conte de Noël (Arnaud Desplechin, 2008), ironique et cynique puisque s'il se déroule à Noël il n'a rien d'un conte – le film aurait pu s'intituler plutôt « Règlements de compte de Noël ».
Même le réalisateur culte Jean Eustache a tourné en 1967 son « film de Noël » - façon de parler. Il s'agit du moyen-métrage Le Père Noël a les yeux bleus (on ne pourrait pas le jurer puisque le film est en noir et blanc) avec Jean-Pierre Léaud dans le rôle d'un jeune garçon pauvre qui endosse le costume de Père Noël pour gagner de l'argent et séduire les filles. Comme la plupart des films du metteur en scène, celui-ci est difficile à trouver.
Pour finir sur une note positive, Noël peut être le moment de la réconciliation comme l'annonce l'affiche de Joyeux Noël (réalisé par Christian Carron, 2005) ; trois mains - une française, une anglaise et une allemande – se serrent. Ces mains, ce sont celles des soldas ; alors que la Première guerre fait rage, ils décident de faire une trêve sur le champ de bataille pour fêter Noël. On pourrait croire qu'il s'agit d'une histoire inventée de toute pièce et pourtant c'est une vraie partie de l'Histoire (qui jusqu'à ce film était relativement méconnue). En somme, c'est sans doute encore ce qu'on appelle « la magie de Noël ».