Soixante ans après sa naissance, La Planète des singes continue de régner sur la science-fiction

La Planète des singes est peut-être sorti au cinéma pour la première fois en 1968, mais son histoire a marqué la pop culture à jamais. Tiré d’un roman de l’auteur français Pierre Boulle, publié en 1963, son intrigue, qui raconte comment les singes sont devenus une espèce dominante et font désormais la guerre aux hommes, s’est immédiatement imposée comme un classique de science-fiction.

En 1968, Hollywood s’en empare et l’adapte en un premier film culte. Suite au succès du premier film, quatre suites sont imaginées par les studios américains, dont la sortie s’étale jusqu’en 1973. S’ensuivront deux séries télévisées dans les années 70, une adaptation méconnue par Tim Burton en 2001 et, bien évidemment, le reboot de la saga en 2011, réalisé par Matt Reeves. Après tant de péripéties, on pourrait croire que la fascination pour l’univers des singes humanisés se serait épuisée, mais il n’en est rien.

Le secret du succès intemporel de La Planète des Singes réside peut-être dans la pertinence de son intrigue. Ancré dans une société post-apocalyptique, le récit de Pierre Boulle -et ses adaptations ultérieures- brasse des thèmes chers au cinéma de science-fiction : l’ego de l’homme et sa supériorité scientifique finiront-ils par lui jouer des tours ? L’être humain restera-t-il à jamais l’espèce dominante de la planète ?

En mettant en scène le conflit entre les singes et les hommes, la franchise pose aussi la question du spécisme, souvent lue comme une métaphore sur le racisme. Parce qu’elle alterne la domination des uns et des autres en fonction des épisodes -le film original et Le Nouveau Royaume s’intéressent à la défaite des humains, tandis que la trilogie de Matt Reeves explorait davantage l’oppression des singes, La Planète des singes nous invite à nous identifier tour à tour à l'oppressé et à l’oppresseur, et repose la question de la liberté et de la souveraineté à chaque nouveau chapitre. Ajoutez-y une bonne dose de fascination pour la fin du monde, et vous obtenez un classique indémodable.

Le Nouveau Royaume, quatrième épisode du reboot, répond directement au dernier film de la franchise, La Planète des singes : Suprématie, sorti en 2017. Alors que la trilogie des années 2010 s'intéressait au combat des singes pour accéder à l’indépendance, ce nouvel épisode, réalisé par Wes Ball, fait un saut dans le temps de 300 ans, et nous emmène directement dans une société désormais largement dominée par ces derniers.

Exit César et ses amis, place à des humains qui ont régressé à l’état sauvage : le scénario du film opère un retour aux sources et s’inspire directement du roman d’origine, qui mettait lui aussi en scène la régression sociale des humains. Le Nouveau Royaume ouvre donc une toute nouvelle ère pour la franchise, en introduisant de nouveaux personnages -Noa, le héros chimpanzé, Mae, son amie humaine- et laisse la porte ouverte pour une suite éventuelle, centrée sur ces nouveaux protagonistes. Il se murmure d’ailleurs qu’un autre film serait en production…

La Planète des singes : Le Nouveau Royaume, disponible sur CANAL+