Thomas Sénécal : « La Formule 1 est revenue à la place qui est la sienne » - 40 ans de sports chez CANAL+
Directeur du service des sports, Thomas Sénécal revient sur l’émergence de la Formule 1 sur CANAL+, passée de discipline complémentaire à un sport majeur en France. Cet article est le quatrième et dernier de la série « 40 ans de sports chez CANAL+ ».
Passionné de sports mécaniques, Thomas Sénécal n’a rien manqué des plus de 200 Grands Prix diffusés sur CANAL+. Après avoir dirigé la rédaction Formule 1 et présenté l’émission « La Grille », il est désormais directeur des sports mais jamais très loin des paddocks.
Pour le dernier article de la série « 40 ans de sports chez CANAL+ » Thomas Sénécal revient sur la quatrième décennie de la chaîne, rythmée par le vrombissement des Formule 1 et les frayeurs du MotoGP.
« C’était une période intense ! Nous avions acquis les droits le 14 février et devions former une équipe complète - des journalistes, des consultants, des présentateurs… – en seulement quinze jours. C'était à la fois complètement fou et magique, ça a changé nos vies ! »
Et vous partiez pratiquement d’une feuille blanche, car CANAL+ diffusait très peu de sports mécaniques à l’époque…
« Cela représentait une nouveauté, mais j’y croyais énormément. Par sa valeur narrative, ses images spectaculaires et sa précision technologique, je sentais qu'il y avait un potentiel très fort et que ça collait avec CANAL+.
Mais c’est vrai que la Formule 1 était un sport complémentaire à l’époque, surtout comparé au football et au rugby. Romain Grosjean réalisait de belles performances, et Sebastian Vettel dominait le championnat, mais ce n’était pas encore le sport populaire et hype qu’il est devenu aujourd’hui. »
Quels souvenirs avez-vous de ce Grand Prix d’Australie 2013, le premier diffusé sur CANAL+ ?
« C’était beaucoup d'excitation, je n’ai pas dormi entre l'arrivée à Melbourne et la fin du Grand Prix. Dès le vendredi, nous diffusions les séances d’essais libres depuis l’Australie, ce qui ne se faisait pas en France. Puis le samedi, les qualifications ont été interrompues par d’énormes pluies. On a conservé l’antenne sans voiture en piste et Julien Fébreau nous a immédiatement étonné par sa volubilité ! »
« La grille de départ (…) a le potentiel d’un blockbuster »
Et dès le premier dimanche, le Grand Prix était déjà précédé de l’émission « La Grille ».
« Nous étions soucieux de proposer cette immersion dès le premier week-end. La grille de départ offre une puissance émotionnelle énorme, elle a le potentiel d’un blockbuster ! C’est un concept fort qui nous tenait à cœur dès le début.
Et cette première était très particulière. Je me souviens que ma caméra était en panne à quelques secondes du direct, que Jacques Villeneuve n’avait pas d’oreillette… Mais tout est entré dans l’ordre au moment de prendre l’antenne, comme par magie ! »
Depuis ce jour, CANAL+ a diffusé plus de 200 Grands Prix. Lesquels vous ont le plus marqué ?
« Toujours pour ses aléas météorologiques, je me souviens forcément du Grand Prix de Belgique 2021. On a tenu en haleine plus de 700 000 abonnés, alors que les monoplaces n’ont parcouru que trois tours de piste, c’est un vrai tour de force !
Mais les moments inoubliables sont forcément les grands événements sportifs : la victoire de Charles Leclerc à Monaco, le final à couper le souffle entre Max Verstappen et Lewis Hamilton en 2021, et évidemment la victoire de Pierre Gasly à Monza, en 2020. »
« Julien Fébreau nous a offert un dernier tour d’anthologie »
Cette victoire de Pierre Gasly mettait fin à 24 années de disette pour les pilotes français en Formule 1, vous l’attendiez ?
« C’est un de mes plus grands moments de F1 ! Quelques semaines avant ce Grand Prix, je buvais un verre avec Julien Fébreau et je lui disais " tu te rends compte, on ne connaîtra peut-être jamais de victoire française dans notre carrière… ".
Finalement, grâce au drapeau rouge à mi-course, on a eu le temps de se préparer, de ressortir les noms de tous les vainqueurs français, de compter le nombre de jours passés depuis la victoire d’Olivier Panis… Puis Julien Fébreau nous a offert un dernier tour d’anthologie, cela a amené la couverture de la F1 par CANAL+ dans une autre dimension. »
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L’arrivée de la Formule 1 sur CANAL+ correspond à l’explosion des réseaux sociaux. Proposer plus que des images de courses est-il devenu une nécessité ?
« On a toujours eu cette envie chez CANAL+, de créer des contenus innovants, de raconter l’histoire des pilotes. Par exemple, dès que Jules Bianchi est arrivé en F1, on a réalisé un « Intérieur Sport » avec lui. C’est également notre rôle d’accompagner les jeunes français, de les soutenir, d’être un trait d’union entre eux et leurs proches sur la grille de départ.
Mais avec l’émergence des réseaux sociaux, nos contenus digitaux et les retombées de la série Netflix « Formule 1 : Pilotes de leur destin », les planètes se sont alignées. En quelques années, les files d’attente pour obtenir des autographes de pilotes se sont allongées et nos audiences ont augmenté. La F1 est revenue à la place qui est la sienne, sur le devant de la scène ! »
Le MotoGP est également venu compléter l’offre CANAL+ en 2019, c’était la suite logique des choses avec l’expérience accumulée ?
« Le traitement n’est pas le même mais on a pu utiliser tout le savoir-faire de la Formule 1 dans notre couverture du MotoGP. L’utilisation des caméras embarquées, le traitement de la grille de départ… »
« On a fait chanter Johann devant la foule, Fabio était aux platines, c’était un grand moment »
À la différence qu’en MotoGP, un Français a été sacré champion du monde...
« C’est aussi un bel alignement des planètes. Le premier Grand Prix de MotoGP sur CANAL+ (10 mars 2019 au Qatar, ndlr.), est également le premier de la carrière de Fabio Quartararo. Je me souviens qu’il avait même réalisé le meilleur tour, c’était impressionnant pour un début.
On a eu la chance d’arriver en même temps que Fabio Quartararo, à un moment où Johann Zarco commençait à performer… Et ce sont des pilotes très généreux en dehors de la piste. Avec « Team Zarco », Johann fait un peu partie de notre famille de cœur. Le Grand Prix de France 2024 est l’exemple de cette relation : on a fait chanter Johann devant la foule, Fabio était aux platines, c’était un grand moment ! »
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Et pour vous, les choses ont également évolué, vous êtes aujourd’hui directeur des sports de CANAL+. Qu’est-ce que vous ont apporté ces années F1 dans votre rôle actuel ?
« Cette expérience m’a permis de donner à notre équipe la dynamique d’une écurie de Formule 1. Celle de travailler avec précision, d’explorer de nouvelles idées. Dans le football, le rugby ou la Formule 1, une grande équipe se forme grâce à une alchimie, un groupe de personnes qui a une envie commune, et qui se donne la force de réussir.
Le lancement des coupes d’Europe – La Ligue des champions, la Ligue Europa et la Ligue Conférence sur CANAL+ - le 17 septembre 2024 illustre vraiment cela. On a créé 18 chaînes pour l’occasion, 200 personnes étaient impliquées depuis plus d’un an, toutes les régies étaient en direct et on a fait un sans-faute, à l’image d’une grande réussite sportive. »
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